• Cette année, pour la première fois depuis le début de ma carrière, j'ai au sein de ma classe un élève atteint de surdité. Ne connaissant rien à ce type de handicap, j'ai passé un été très studieux pour découvrir et apprendre la LSF afin de l'intégrer au maximum à ma pratique et au projet de classe afin que cette expérience soit non seulement enrichissante pour moi mais aussi et surtout pour tous les élèves.

    Accueillir un élève sourd et malentendant

    En juin dernier mes collègues d'ULIS m'ont informé qu'en septembre ma classe compterait le petit C. parmi ses élèves.

    C. est sourd et appareillé. Malgré cela, il n'entend que très peu, ne s'exprime pas à l'oral, lit sur les lèvres et apprend la LSF pour communiquer.

    Des élèves en grande difficultés scolaires ou porteur de handicap, j'en ai connu et eu en nombre depuis mes débuts. Mais des élèves atteint de surdité, jamais encore !

    Mon cerveau a donc fait ce qu'il fait toujours quand il se retrouve face à un nouveau challenge : il a cogité !

    Comment je vais faire pour l'accueillir ?

    Je ne maitrise pas la LSF, comment vais-je faire pour communiquer avec lui ?

    Et les autres élèves, comment vont-ils communiquer avec lui ? ...

    Et ce n'est qu'un tout petit aperçu de touuuuutes les questions qui me sont venues.

     

    Il me fallait trouver des réponses à mes questions pour pouvoir aborder l'année "armée" et sereine.

    Partant d'un postulat simple qui est que l'école en France se veut être de plus en plus inclusive, je me suis dit que je trouverais certainement des pistes d'informations et de documentation sur les sites officiels. 

    J'ai donc sorti mon petit PC, ouvert mon navigateur de recherche et me suis mise au boulot.

    Et j'ai en effet trouvé pas mal d'articles sur la scolarisation des élèves sourds et malentendant !

     

    Références sur le cadre d'accueil des élèves porteur de TFA

    Sur le site du ministère, j'ai trouvé des informations sur les modalités d'accueil et d'enseignement, les dispositifs à mettre en place, etc ...

    J'ai aussi pris connaissance de l'état des lieux et des recommandations données par le Conseil Scientifique de l'EN sur la scolarisation des élèves sourds en France ICI.

    L'ouvrage de la collection Repères Handicap dédié au même sujet donne également un cadre d'action et des pistes pour accueillir et enseigner aux élèves à TFA. (Je ne les retrouve plus les pages où j'avais trouvé ces documents sur le net alors je vous mets le document en lien direct).

     

    Voici aussi la vidéo de présentation du rapport de CSEN

     

    Sur le site du Réseau Canopé, j'ai pu trouver différents documents portant sur les troubles des fonctions auditives notamment les fiches CAP Ecole Inclusive très complètes et riches. Il en existe sur de nombreux sujets et je vous conseille vraiment d'aller y jeter un coup d'oeil.


    Accueillir et Enseigner

    Après toutes ces découvertes, je me sentais plus au point sur le cadre d'accueil des élèves porteurs de TFA.

    Est-ce que je me sentais prête à démarrer l'année scolaire auprès de C. après tout cela ? Pas du tout !!!

    Je ne pouvais pas dire que je n'avais rien appris durant ces nombreuses heures de recherche et de lecture mais je ne pouvais pas dire non plus que je me sentais prête à accomplir cette nouvelle mission au mieux.

    Je me sentais toujours autant désarmée pour une raison toute simple : il y a une grande différence entre "accueillir un élève porteur de TFA" et "enseigner à un élève porteur de TFA".

    Je me sentais prête pour accueillir mon petit C. à la rentrée de septembre, là n'était pas le souci. Je savais comment me placer en classe, comment agir pour qu'il me voit ou lise sur mes lèvres facilement, je savais où l'installer dans la classe pour qu'il puisse profiter de tous les moments collectifs et des réponses de ses camarades, etc ...

    Oui mais mon métier c'est professeur des écoles. Mon métier c'est d'enseigner. D'enseigner à tous mes élèves. De les faire tous réussir. Tous même C.. Avoir des pistes pour l'accueillir n'était pas suffisant pour moi.

    J'avais besoin d'entrer en communication avec lui pour le comprendre, l'aider, le faire progresser, etc ... J'étais bien loin de pouvoir le faire. J'en étais même incapable en vérité car, je le savais, si lui comme moi étions français sur le papier, nous ne parlions pas la même langue. Du moins, nous n'utilisions pas les mêmes modalités pour communiquer.

    Avec les élèves allophones qui ont fréquenté ou fréquentent encore ma classe, je pouvais utiliser l'oral pour communiquer. Je m'étais formée au FLE lors de mon année en SEGPA ou j'avais reçu la mission d'apprendre le français aux ENAF de l'établissement. Mais cette fois c'était différent. Je ne me sentais pas apte à lui dispenser des apprentissages qui lui soient véritablement accessibles, efficaces et porteurs de sens sans utiliser la parole.

    Le constat de base était aussi simple qu'évident :

    Je parlais et entendais. Lui ne pouvait pas le faire.

    En revanche, il signait et moi je ne savais pas le faire.

    Je pouvais faire en sorte de changer cette variable car quand on ne sait pas, on apprend !

    Je suis de ces gens qui pensent que rien n'arrive par hasard. J'ai toujours été tentée d'apprendre la LSF mais n'avait jamais pris le temps de m'y pencher. Cette fois, c'était inévitable. Je devais l'apprendre (ou en tous cas m'y initier) pour faciliter le quotidien et les apprentissages de mon petit C..

    Je n'avais pas suffisamment de connaissances pour pouvoir communiquer avec lui mais je pouvais faire en sorte de les acquérir.

    Attention, à l'heure ou j'écris ces mots, je suis encore bien loin de maîtrisée la LSF et d'être bilingue. En revanche, je dispose de plus de "clés" qu'il y a 3 mois en arrière et cela me permet d'une part d'être plus sereine au quotidien quand je suis avec C. et d'autre part de mieux appréhender mes séances de classe avec lui. Le chemin est encore long mais passionnant ...

     

     (Essayer de) S'auto-former à la LSF

    Accueillir un élève sourd et malentendant

    Pour me renseigner sur la LSF, je suis dans un premier temps allée consulter les articles de Priscilla PMFG, ancienne PE ayant appris la LSF et l'ayant mis en pratique en classe.

    Priscilla Pmfg

    Accueillir un élève sourd et malentendant

    Je l'ai également contacté sur les réseaux sociaux et elle a très gentiment répondu à mes questions à ce sujet et m'a guidé vers des comptes qui pouvaient m'aider et m'initier en douceur à cette langue à part entière. J'ai donc épluché durant l'été les comptes Instagram de :

                                          Litte Bun Bao           Femme bionique

                                              Accueillir un élève sourd et malentendant                               Accueillir un élève sourd et malentendant

     

                               Lyla Signes               Comment ça se signe

                                                                      Accueillir un élève sourd et malentendant                                Accueillir un élève sourd et malentendant

     

    En parallèle de ces temps d'apprentissage personnels, j'ai pris contact avec mon équipe de circonscription afin de voir si s'il était possible de disposer de masques transparents pour faciliter à C. la lecture sur mes lèvres mais aussi savoir comment il serait possible de me former de manière officielle à la LSF.

    Si mes collègues (PE et AESH) et moi avons pu être équipés en masques inclusifs, il n'a pas été possible malheureusement de bénéficier d'une formation.

    Il existe bien des formations MIN sur la LSF mais les inscriptions sont nationales et le nombre de places assez limitées selon les sessions. J'ai d'abord voulu tenter ma chance et m'inscrire (même si je ne faisait pas partie du public prioritaire) puis j'ai vu où se déroulaient les formations (aux 4 coins de la France mais pas près de chez moi) et j'ai décidé de ne pas m'inscrire car, si j'étais prise, cela aurait eu un coût personnel bien trop conséquent (déplacement, logement, alimentation, garde de mes enfants ...).

    J'ai donc poursuivi mon auto-formation en lisant certains ouvrages dédiés à la LSF (Ils m'ont été prêtés pour la majorité et j'en ai acheté 2.)

    Accueillir un élève sourd et malentendant Accueillir un élève sourd et malentendant Accueillir un élève sourd et malentendant Accueillir un élève sourd et malentendant

     

    J'en aurais bien lu plus car d'autres me tentaient mais il me fallait rester raisonnable car j'ai également suivi des cours dispensés par Marie Cao sur la plateforme Udemy durant l'été (je les ai payé personnellement mais leur coût reste bien moindre que celui de la formation diplômante que j'envisageais au départ).

    Accueillir un élève sourd et malentendant

     

     

     

    La place de la LSF dans ma classe

    Depuis 2005, la langue des signes française (LSF) est reconnue comme une langue à part entière. Tout élève concerné (sourd, malentendant ou non) peut bénéficier d'un enseignement en langue des signes. Si la LSF peut être la langue d'enseignement des élèves sourds ou malentendants, elle peut tout à fait être enseignée aux élèves non sourds au même titre que l'anglais, l'allemand ou tout autre langue vivante !

    Ainsi, au-delà de la nécessité que j'avais d'apprendre la LSF pour communiquer avec C., j'avais aussi le projet plus ambitieux d'initier mes élèves à cette langue pour plusieurs raisons :

    - leur permettre de communiquer et de comprendre C. afin qu'il ne soit pas isolé,

    - les sensibiliser à la différence et au handicap.

    Nous avons donc commencé l'année en EMC en travaillant sur la surdité. L'accueil de C. s'est très bien passé. Les élèves ont tout de suite eu envie d'apprendre la LSF pour communiquer avec lui.

    Nous avons ainsi mis en place un "rituel LSF". Chaque matin, un élève tire au sort deux papiers dans le "panier à signes". Sur ces papiers, on trouve des mots en lien avec l'école, la maison, la famille, etc ... des thèmes et des termes préalablement sélectionnés par mes soins car en lien direct avec le quotidien des élèves. L'objectif était que les enfants puissent communiquer rapidement avec C.. Bien sûr, les élèves sont force de propositions et parfois nous n'avons pas besoin de tirer au sort car ils ont des demandes précises, souvent liées à un évènement vécu (une sortie scolaire est prévue alors on découvre les signes pour "château", "roi" ...).

    Le seul souci à ce moment-là, c'est que parfois ce sont des signes que je ne connais pas non plus ! Dans ces cas-là, je jette un oeil rapide au dictionnaire Elix qui me permet de voir le signe associé à un mot en vidéo. Et si jamais le terme n'y figure pas ou si j'ai un doute, je prends note et explique aux élèves que je vais me renseigner au plus vite pour leur donner une réponse (car non, la maitresse ne sait pas tout sur tout ! ;-)).

    Accueillir un élève sourd et malentendant

     

    Les parents ont également été sensibilisés au handicap lors de la réunion de rentrée la famille de C. et moi-même avons présenté la situation de l'enfant et de la classe. Il a été expliqué que des aménagements de l'espace et notamment du niveau sonore allaient devoir prendre place dans la classe pour faciliter la scolarisation de C. au même titre que celle des autres enfants. Les parents se sont tous montrés ravis de ce projet qui ne pouvait qu'être bénéfique à leur propre enfant.  C'est d'ailleurs à leur demande que mes élèves se transforment 2 ou 3 fois dans la période en "prof de LSF". Riches du vocabulaire vus lors des temps de rituels LSF, nous réalisons des vidéos que nous envoyons aux familles pour les initier également à cet apprentissage.

    C. n'est cependant pas en classe avec moi tout le temps. Il a des temps de travail dans le dispositif ULIS ainsi que des temps d'activité avec les professionnelles de l'IES (Institut d'enseignement sensoriel). Une enseignante de LSF intervient auprès de C. dans ma classe une heure par semaine. Durant ce temps, nous avons choisi de travailler ensemble, avec tous les élèves sur un support commun : les ouvrages Narramus. Cela permet aux élèves de travailler à la fois le langage oral et les compétences de pré-lecteurs mais cela leur apporte aussi désormais des connaissances en LSF car ma collègue de l'IES signe l'histoire pour C. En plus de mettre en scène les histoires proposées ou de les raconter, les enfants apprennent également à les signer. Et croyez-bien que l'association du geste à la parole est ultra-bénéfique pour tous ! Même si cela me demande un peu plus de temps de préparation en amont que d'ordinaire, j'en ressors toujours plus riche de nouvelles connaissances.

    La LSF a aussi pris place dans le quotidien de classe : les élèves signent pour se demander du matériel, pour demander à aller aux WC, pour s'inviter à travailler ensemble ... Et ils le font naturellement car ils ont vite constatés que cela réduisait le bruit dans la pièce. Cela permet à C. d'être bien dans la classe mais cela leur permet aussi de bénéficier d'un cadre d'apprentissage calme et serein.

    Lors de la récréation aussi les enfants vont demander à C. s'il veut jouer avec eux ou à quoi ils veut jouer. Ils signent "cerceau", "ballon", "course", etc ...

    Les voir échanger TOUS ensemble sans difficulté, cela fait vraiment chaud à mon petit cœur de maîtresse qui avait si peur de débuter l'année scolaire il y a quelques semaines encore ! Ils n'ont donc pas fini de me dire

    "Mais ne pleure pas maitresse ! (car oui j'ai la larme facile, surtout depuis que je suis maman !) Ce n'est pas triste. Nous on est heureux, regarde !".

    Pour eux il n'y a pas de différences. Il y a juste des copains.

     

     

    Et demain ?

    Pour pouvoir accueillir et travailler avec C., je me suis donc auto-formée sur mon temps personnel et à mes frais (le prochain qui me dit que les profs ne font rien en vacances je lui propose de revivre mon été avec moi, il ne sera pas déçu du voyage !).

    Bien sûr, tout cela est bien loin d'avoir été une formation digne de ce nom, avec diplôme à l'appui ou figurant sur mon espace iProf (mais croyez bien que j'aimerais !).

    Mais, même si j'ai beaucoup appris, j'ai malgré tout encore la sensation de faire avec "les moyens du bord". J'ai l'impression que ce que je réalise au quotidien avec C. c'est un peu un pansement sur une jambe de bois. Ce n'est peut être pas inutile mais il est certain que ce n'est pas le plus adapté.

    Je ne me sens pas légitime dans le ce que je fais avec lui. J'ai en permanence peur de faire faux, de lui montrer des signes qui ne sont pas les bons, de ne pas disposer de suffisamment de temps pour lui ou pour les autres. Mon travail à ses côtés ne sera jamais aussi efficace que celui d'une personne véritablement formée.  Et j'aimerais vraiment pouvoir être cette personne pour lui. Nous sommes nombreux (pour ne pas dire tous) convaincu-e-s par l'école inclusive. J'évolue au sein d'une équipe qui y croit dur comme fer et qui fait tout pour que cela soit possible au sein de l'établissement.

    Mais cette expérience me conforte vraiment dans l'idée qu'on ne peut pas donner vie à cette école inclusive n'importe comment.

    Je ne suis pas du genre à me laisser abattre à la première difficulté. Je vois toujours le positif dans toute chose, je fais face, je me prépare, je m'équipe, j'avance et je passe à la suite.

    Pourtant je ne peux pas m'empêcher de me demander "Et demain ? Comment ça va se passer pour C. ? Pour les collègues qui l'auront en classe ? Comment vivront-ils cela ?".

    De mon côté, j'ai déjà vu trop de petits miracles notamment en terme de gestion de classe pour mettre la LSF au placard une fois que C. aura quitter ma classe. Je vais continuer de l'utiliser les années suivantes dans l'intérêt des élèves entendants ou pour rendre le cadre de travail en classe encore plus calme et serein.Je me sens vraiment chanceuse de vivre cette année aux côtés de C. qui m'en apprend plus que ce qu'il croit.

    Cependant, pour avoir échangé avec des nombreuses collègues dans le même cas que moi (c'est-à-dire accueillant des élèves sourds ou malentendants dans leur classe), je sais que ma façon de faire et d'envisager tout ce qui m'arrive n'est pas celle de tous. On n'a pas tous le temps ou l'énergie de se former seul. On ne vit pas les évènements de la même façon et ce genre d'expérience peut tout autant enrichir que détruire l'estime de soi ou la confiance en soi. Cela peut faire douter de ses compétences et faire penser qu'on n'est pas à la hauteur.

    Et en effet ... Cela ne relève pas de nos compétences puisque nous n'avons jamais pu les travailler et les valider (alors même que nous les faisons en classe avec nos élèves). Alors comment se sentir à la hauteur d'une mission pour laquelle on a jamais été préparé ?

    Accueillir un élève sourd et malentendant

    Cette image est souvent utilisée en formation pour traduire la nécessité de différencier dans nos classes. Pourtant, cette année, je me sens tantôt éléphant, tantôt poisson rouge. J'ai été (et suis encore même) l'élève en difficulté qui a besoin qu'on l'aide, qu'on l'accompagne, qu'on lui apprenne, qu'on s'adapte à lui.

    Je ne pense pas être la seule à avoir à la fois l'envie et le besoin d'être formée. Nous sommes nombreux dans ce cas et j'espère de tout cœur que ce sera bientôt possible non seulement pour pouvoir nous adapter à chaque élève et lui offrir le meilleur des enseignements possible mais aussi pour que chaque enseignent puisse se sentir armé face à toutes les situations possibles et, pourquoi pas, se découvrir des nouveaux centres d'intérêt et envisager des perspectives de développement professionnel.

    Car, comme le disent si bien Danièle Adad et Pascal Bihannic, quand on est bien dans sa tête, on est bien dans sa classe. Quand on est bien dans sa classe, on est bien avec ses élèves. Quand on est bien avec ses élèves, ils se sentent bien également et progressent d'autant plus. Qu'ils soient entendants ou pas ! ;-)


    votre commentaire
  • Toujours partante pour me former de toutes les manières possibles, j'ai récemment pu découvrir un site riche portant sur la neuroéducation.

    En effet, grâce une instacollègue (Coucou Astrid !) qui m'a contacté via le blog, j'ai pu découvrir le site québecois "Association Neuroeducation".

    Si le site est riche en articles scientifiques sur ce sujet, il propose également des vidéos dont 8 conférences complètes (d'environ 1h chacune) ayant eu lieu l'été dernier à l'Université du Québec à Montréal.

    Conférence sur le cerveau et l'enseignement



    Comme je sais que ce sujet en intéresse plus d'un, je vous transmets l'information dans ce très court article au cas où vous souhaiteriez le découvrir ou l'approfondir.

    Pour y accéder, il vous suffit de cliquer sur l'image ci-dessous ...

    Conférence sur le cerveau et l'enseignement


    votre commentaire
  • J’ai découvert grâce à @zaboucome le MOOC « L’éducation des élèves doués » que j’ai suivi sur le site de l’Université de Québec à Trois-Rivières. Avec le confinement, l’enseignement à distance et l’école à la maison, j’ai suivi ce MOOC un peu moins assidument que prévu mais ai tout de même pu apprendre beaucoup de choses sur ce type d’élèves à besoin éducatif particuliers. Je vous glisse dans cet article l’ensemble des notes que j’ai prises au fil du visionnage de ce MOOC et de la lecture des documents qui y étaient proposés.

    NB : Au cours du MOOC de nombreux outils d’aide au dépistage et à l’évaluation des élèves doués ont été proposé et diffusé en format PDF. Je ne les diffuserai pas ici car l’article serait bien plus long qu’il ne l’est déjà et surtout parce qu’ils sont toujours disponibles dans le MOOC et sur le site de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB) qui fait figure de pionnière en ce qui concerne l’éducation des élèves doués dans la province de Québec.

    Je m'excuse d'avance pour la mauvaise qualité de certaines images. Ce sont pour la plupart des printscreen des cartes mentales que j'ai faites au fur et à mesure de mon avancée dans le MOOC et je ne dispose plus des formats originaux qui étaient de meilleure qualité. :-(

     

    Qui sont les élèves doués ?

    Les élèves doués, tout comme d'autres types d’élèves, nécessitent la mise en place de programmes et de services éducatifs particuliers afin de leur permettre de progresser, de se réaliser et d'apporter leur contribution à la société.

    Il est de la mission de l’Ecole de développer pleinement leur potentiel.

    Si en France l’expression « précocité intellectuelle » est la plus répandue pour parler des élèves doués, j’ai pu découvrir grâce à cette formation canadienne l’existence de deux termes spécifiques : les termes de douance et de talent.

    Ces termes sont définis et expliciter dans la théorie du développement des talents : le Modèle Différentiateur de la Douance et du Talent (=MDDT) de Françoys Gagné (Ph. D., Professeur retraité, Département de psychologie)

    L'éducation des élèves doués

    Ces deux termes, pas réellement distincts, peuvent être définis de plusieurs façons différentes. Selon le MDDT :

    La douance (ou « dons » sur le schéma ci-dessous) désigne la possession et l’utilisation d’habiletés naturelles remarquables, appelées aptitudes, dans au moins un domaine d’habileté, à un degré tel qu’elles situent l’individu au moins parmi le 10 % supérieur de ses pairs en âge.

    Le talent désigne la maîtrise remarquable d’habiletés systématiquement développées, appelées compétences (connaissances et habiletés pratiques), dans au moins un champ de l’activité humaine, à un niveau tel que l’individu se situe parmi le 10 % supérieur de ses pairs en âge, actifs ou ayant été actifs dans ce champ.

     

    L'éducation des élèves doués

     

     

    Qu’est-ce que l’intelligence ?

    L’intelligence est une aptitude mentale très générale qui implique notamment l’habileté à raisonner, à planifier, à résoudre des problèmes, à penser abstraitement, à bien comprendre des idées complexes, à apprendre rapidement et à tirer profit de ses expériences.

    L’intelligence ne se résume pas à l’apprentissage livresque, ni à une aptitude scolaire très circonscrite, ni aux habiletés spécifiquement reliées à la réussite de tests mentaux.

    Elle reflète (au contraire !) cette habileté beaucoup plus étendue et profonde à comprendre son environnement, à « saisir un problème », à « donner un sens » aux choses ou à imaginer des solutions pratiques.

    L’ « essence » de l’intelligence réside dans 7 caractéristiques :

    1) le raisonnement logique

    2) la planification de séquences d’activités

    3) la résolution de problèmes

    4) l’utilisation de concepts abstraits

    5) la compréhension d’idées complexes

    6) l’apprentissage facile, donc rapide

    7) l’habileté à tirer profit des expériences passées.

    Et les tests d’intelligence dans tout ça ?

    Ils ont pour objectif précis de mesurer spécifiquement les habiletés cognitives qui constituent le cœur de leur définition.

    Ils n’évaluent pas les « accidents » tels que la créativité, la personnalité, le jugement, la maturité, la sagesse ou quelque autre caractéristique mentale qu’on associe à tort avec « l’essence » de l’intelligence.

    Le MDDT se base donc deux domaines distincts : un pour l’intelligence et l’autre pour la créativité.

    Le test d’intelligence est l’outil de mesure privilégié des habiletés intellectuelles. Son score est nommé quotient intellectuel ou QI. Il est le meilleur indice de la douance intellectuelle.

     

    Qui sont les élèves doués à risque ?

    Il s’agit des élèves dits « doublement exceptionnels ».

    Cette appellation vient des Etats-Unis et n’apparait pas des les documents du ministère (canadien, quid de la France ?).

    Il existe deux définitions de ces élèves :

    - un élève est dit « doublement exceptionnel » lorsqu’il est à la fois identifié comme doué et qu’il a reçu un diagnostic lié à une incapacité. Ces incapacités réfèrent généralement soit à un handicap ou à un trouble physique comme la surdité ou la dyspraxie, soit à un trouble neurodéveloppemental comme le trouble de déficit d’attention/hyperactivité (TDAH), les troubles d’apprentissage (TA) ou le trouble du spectre de l’autisme (naturellement, à l’exception de la déficience intellectuelle). (Reis, Baum et Burke, 2014). Cette définition est fortemet critiquée car non-inclusive.

    - les élèves doublement exceptionnels sont des élèves qui tout en manifestant des caractéristiques de douance dans l’une ou l’autre des domaines d’habiletés, présentent des caractéristiques d’une incapacité ou d’un trouble d’adaptation ou d’apprentissage (Foley-Nipcon et Candler, 2018).

    L'éducation des élèves doués

    L'éducation des élèves doués

    L'éducation des élèves doués

    L'éducation des élèves doués

    Et les élèves doués sous-performants ?

    La sous-performance est la différence significative entre le rendement attendu selon les habiletés intellectuelles évaluées par une épreuve standardisée (ex. : test de QI) et les performances actuelles. Les performances actuelles sont habituellement mesurées par l’enseignant à l’aide d’évaluations en classe.

    Pour être considérés sous-performants, les élèves doués doivent présenter des scores supérieurs aux tests standardisés d’habiletés intellectuelles les situant dans les 10 % supérieurs des jeunes de leur âge et des scores inférieurs ou égaux à la moyenne de la classe aux évaluations scolaires.

    NB : La sous-performance doit persister depuis un certain temps et ne pas être le résultat d’un diagnostic de trouble d’apprentissage.

    L'éducation des élèves doués

    Il existe un modèle explicatif intéressant pour mieux comprendre la sous-performance chez les élèves doués. Ce modèle (voir organigramme ci-dessous) suggère que l’accomplissement personnel ou le niveau de performance serait influencé par une interaction de différentes croyances. Les élèves doués sous-performeurs peuvent épouser l’une ou l’autre de ces trois croyances problématiques :

    •          Ils croient qu’ils n’ont pas les habiletés pour réussir ou ont peur d’essayer et d’échouer (sentiment d’auto-efficacité)
    •         Ils n’accordent pas de valeur ou de signification aux tâches scolaires à réaliser (évaluation d’objectifs)
    •        Ils ne perçoivent pas leur environnement familial ou scolaire comme soutenant leurs efforts scolaires (perceptions de l’environnement).

    L'éducation des élèves doués

    Il existe différentes pratiques prometteuses pour renverser la sous-performance qui se répartissent en deux grands types (elles étaient toutes détaillées dans le MOOC mais trop longues à présenter ici) :

    - Les interventions axées sur la motivation et qui inculquent la valeur de l'apprentissage sont les plus efficaces pour améliorer les résultats scolaires ou la performance à des tests de rendement.

    - Les interventions axées sur les attributions, la confiance en soi et l'autorégulation des élèves sont plus efficaces pour améliorer l’adaptation socioaffective des élèves.

     

    Comment répondre aux besoins des élèves doués ?

    Il est possible d’utiliser le modèle RAI (Réponse à l’intervention) qui était initialement prévu pour répondre aux besoins des élèves ayant des difficultés d’apprentissage et qui propose un cadre utile pour la planification des interventions et des services à offrir aux élèves.

     

    L'éducation des élèves doués

    L'éducation des élèves doués

    L'éducation des élèves doués

    Deux grands axes d’action se dégagent :

    1) les interventions sur le plan des apprentissages

    2) les interventions sur le plan socio-affectif.

     

    L'éducation des élèves doués

    Comment différencier les apprentissages pour répondre aux besoins des élèves doués ?

    Les enseignants doivent de plus en plus composer avec une grande diversité d’élèves ayant des besoins particuliers et la tâche peut paraître lourde. Toutefois, plusieurs interventions qui font une différence pour les élèves doués sont simples et ne requièrent pas nécessairement plus de temps lors de la planification pédagogique. De plus, elles peuvent être utiles à l’ensemble des élèves de la classe afin de favoriser le développement de leur plein potentiel.

    L'éducation des élèves doués

    Les centres d'apprentissage (que je ne détaillerai pas trop longuement ici car l’essentiel est déjà présenté dans les articles de ce blog ; -)) permettent aux enseignants d'offrir aux élèves des activités pédagogiques qui tiennent compte des besoins individuels de ceux-ci. Tout en stimulant l'ensemble des élèves, les centres d'apprentissage deviennent particulièrement adaptés aux besoins des élèves doués s'ils incluent des activités développant les différentes habiletés intellectuelles et créatrices de ces derniers ainsi que différents talents.

    La mise en œuvre de centre d’enrichissement peut demander du temps au départ à l’enseignant qui pourra aussi les enrichir au fil de l’année et/ou au fil des années. Il peut être aider par ses collègues, les élèves plus âgés, etc … Devant l’enthousiasme des élèves qui profiteront à plein de cet enrichissement pédagogique, l’investissement en vaut la peine. Cette forme de pédagogie s’inscrit à merveille dans la réforme des programmes qui vise la responsabilisation et l’autonomie des élèves. C’est un bon moyen pour répondre aux besoins des élèves doués tout en offrant un menu pédagogique enrichi pour l’ensemble des élèves. Enfin, l’utilisation de centres d’apprentissage amène l’enseignant à se distancier de son rôle de fournisseurs de connaissances pour devenir plutôt l’assistant et le guide de ses élèves afin de les amener graduellement à prendre en main leurs apprentissages.

     

    Le modèle de Bloom est un des modèles pédagogiques des plus utilisés dans le domaine de l’éducation des élèves doués, principalement pour la conception et la sélection d’activités d’enrichissement. Il présente une classification des objectifs pédagogiques dans le domaine cognitif, qui se traduisent en comportements attendus des élèves, en fonction du niveau de complexité auquel ils font appel. Ces critères sont applicables à n’importe quelle discipline et à n’importe quel niveau d’instruction, de la maternelle à l’éducation supérieure.

    Il facilite l’intégration de différents éléments de réponse aux besoins des élèves doués :

    1) sur le plan des contenus : abstraction, complexité et variété 

    2) sur le plan des préférences d'apprentissage : niveaux plus élevés de pensée, économie, liberté de choix et rythme d’apprentissage 

    3) sur le plan des productions escomptées : évaluation.

    L'éducation des élèves doués

     

    Pour enrichir l’expérience éducative des élèves doués, il existe plusieurs propositions :

    -          La recherche autonome

          Elle permet aux élèves d’explorer des contenus hors programme plus complexes ou de niveau supérieur et qui, par-dessus tout, suscitent l’intérêt. Les élèves peuvent effectuer certaines réalisations rarement possibles à l’intérieur du programme régulier : transfert et application des apprentissages à des niveaux plus complexes, formulation de nouvelles généralisations, innovation d’idées, d’informations et de produits.

    Elle a 3 objectifs principaux :

    1) Amener l’élève à formuler ses propres objectifs d’apprentissage, à orienter ses démarches, à découvrir ses propres ressources d’apprentissage et à vivre avec les conséquences de ses choix.

    2) Développer les habiletés dont l’élève a besoin pour atteindre ses objectifs personnels.

    3) Habiliter l’élève à mener une vraie recherche.

     

    -          Le mentorat :

          Il consiste à associer un ou plusieurs élèves à un mentor, c’est-à-dire une personne possédant des connaissances et des habiletés élevées dans un domaine spécifique. Il a des objectifs tant sur le plan des apprentissages que si le plan socio-affectif. Pour qu’il atteigne ses objectifs, le mentorat doit respecter les « 3R » :

    o   Réalité : Le mentor doit amener l’élève à appliquer ses nouveaux apprentissages à des réalités extérieures à la classe. Il doit l’encourager à solliciter des habiletés qui lui seront utiles afin de l’aider à composer avec les exigences du domaine (s’adapter lors d’un changement, être en mesure de prendre des décisions ou des risques, etc.).

    o   Relation : La relation constitue l’élément central du mentorat.

    o   Responsabilité : La responsabilité consiste à faire participer autant l’élève que le mentor au processus d’apprentissage afin que les deux partenaires puissent continuer de cheminer.

     

    -          La triade de Renzulli :

          Elle permet de répondre à certains besoins des élèves doués sans entraîner des modifications majeures à la réalité vécue dans la classe ordinaire. Il définit une séquence d’activités permettant un enrichissement des programmes scolaires réguliers, enrichissement axé sur la recherche.

    L'éducation des élèves doués

    L’accélération scolaire

    Définition : la progression plus rapide d’un élève à travers un cursus scolaire ou son entrée plus précoce à l’école. La décision d’accélérer doit être basée sur la motivation de l’élève et sur son état de préparation.

    Elle permet aux élèves doués d’atteindre les résultats d’apprentissage visés par un programme d’études à un rythme plus rapide correspondant à leurs besoins et à leurs capacités.

    Il existe principalement deux catégories d’accélération …

     

    L'éducation des élèves doués

    Voici la liste des principes à respecter pour que la procédure soit accessible, juste et équitable pour tous les élèves :

    -           Les mesures accélératrices doivent être accessibles pour tous les élèves en ayant le besoin (sans considération de leur genre, leur origine ethnique, leurs handicaps, leurs déficits, leur statut socioéconomique, leur maîtrise de la langue d’enseignement ou de l’école fréquentée).

    -          Tous les élèves démontrant des compétences scolaires dans un domaine ou plusieurs domaines peuvent être considérés pour des mesures accélératrices, incluant les enfants de classes d’accueil, les élèves à risque, les élèves des milieux socioéconomiques défavorisés et les élèves doublement exceptionnels.

    -          L’évaluation des élèves doit être juste, objective et systématique.

    -          Les parents ou les tuteurs des enfants doivent être informés de la procédure et des règlements et pouvoir en discuter avec la direction d’établissement. Ils doivent être impliqués dans l’évaluation et la prise de décision.

    -          Les décisions à propos des mesures accélératrices doivent être prises en équipe, basées sur les meilleures pratiques et non sur des opinions personnelles ou sur des anecdotes.

     

    L'éducation des élèves doués

     

    Quoi qu’il en soit les décisions prises ne doivent pas être improvisées mais reposer sur une évaluation approfondie de la situation de l’élève. Un suivi est indispensable pour favoriser le succès de la démarche.

     

     

     

    J'ai retrouvé les documents sur lequel j'avais créé mes prises de note sous forme de cartes mentales. Etant donné que la qualité d'image est plus que moyenne, je vous les glisse ici au format PDF.

     

     

     

    Voilà les points essentiels de cette formation à distance que j'ai pu suivre. Elle comportait bien plus de détails évidemment qui mériteraient chacun un article particulier. Si jamais vous disposez de plus d'informations sur ce sujet, des lectures conseils ou autre, n'hésitez pas à les partager à tous en commentaires.

    Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin !


    3 commentaires
  • Il y a quelques semaines j'ai remporté un concours organisé par une instacollègue et j'ai ainsi pu gagner le livre "Comment ne pas être un prof idéal" d'Emmanuelle Piquet. Je n'avais alors jamais entendu parlé de ce livre et j'ai donc eu le plaisir de le lire (je devrais dire, de la dévorer !) en quelques jours (heures ... ;-)). Voici donc un petit article juste pour vous présenter cet ouvrage qui m'a beaucoup apporté et qui, je pense, mérite vraiment d'être connu et lu par tous les enseignants.

    "Comment ne pas être un prof idéal" - E. PIQUET

    Avant toute chose, il est important de préciser à qui s'adresse cet ouvrage.

    "C'est un livre dédié à tous ces enseignants qui un jour en ont eu assez. A ceux qui ne s'y retrouvent plus dans un métier difficile."

    Emmanuelle Piquet nous invite donc (oui, oui, je dis bien NOUS car chacun de nous connaît des hauts et des bas, des satisfactions et des déceptions, moi comprise, même si je laisse très rarement et très difficilement voir quand ça ne va pas, ici mais aussi en vrai ... Ma famille peut en témoigner ;-).) à déculpabiliser et à quitter le professeur idéal qui réside en chaque enseignant et que chacun espère, secrètement ou pas, être/devenir histoire de se conformer à l'image qu'il ou elle avait de lui dans son rêve d'enfant (#casentlevecu). 

     

     

    Une autrice au plus près du quotidien des enseignants

    L'autrice, Emmanuelle Piquet, est psychopraticienne et fondatrice des centres Chagrin Scolaire. Elle intervient dans de nombreux établissements scolaires et forme des professionnels aux principes et aux outils de l’école de Palo Alto (plus d'infos sur ce sujet par ici) pour apaiser toutes formes de souffrances.

    "Comment ne pas être un prof idéal" - E. PIQUET

    Cliquez sur l'image pour découvrir son interview par le Café Pédagogique !

     

     

    Un synopsis plus que parlant

    Lorsque j'ai découvert l'ouvrage à sa réception, j'ai (évidemment) lu la quatrième de couverture. Voici ce qu'elle dit :

    Un prof idéal s'adapte à chacun et ne laisse aucun élève au bord du chemin.

    Mais il finit également le programme.

    Un prof idéal est motivant et chaleureux, tout autant qu'exigeant et ferme.

    Un prof idéal sait se faire apprécier et dans le même temps respecter.

    Un prof idéal est donc un excellent candidat au burn-out.

    Dans ce livre déculpabilisant, qui dépeint avec beaucoup de justesse, d'empathie et d'humour les situations problématiques les plus courantes - classes démobilisées, élèves perturbateurs, harcelés ou en échec, parents démunis ou agressifs... -, Emmanuelle Piquet propose des stratégies de résolution inédites pour aider les enseignants à se libérer de la pression, à sortir des souffrances relationnelles et à retrouver à la fois de l'oxygène et de la souplesse.

     

    J'avais déjà une pile de lectures en attente sur le meuble de mon salon mais, tant pis ! Au moment précis où je l'ai lu, étant donné mon état d'esprit du moment et les tragiques évènements du monde de l’éducation que relatait l'actualité, ce descriptif me parlait trop pour me priver de m'y plonger dans les plus brefs délais.

     

    Un sommaire qui console les déceptions tout en donnant de l'espoir

    L'élément principal de l'ouvrage est la proposition du "Virage à 180°". Ce virage est le fruit d'un long travail rigoureux et subtile, une méthode proposée par l'autrice, qui part d’un principe fondamental :

    C’est souvent ce que nous mettons en place pour résoudre un problème qui l’aggrave. La solution pour se changer la vie existe : elle se situe à exactement 180°.

    Un virage subtil que l’auteur nous fait découvrir au travers de situations de classe, de témoignages d'enseignants, d'élèves et de parents.

    La première partie porte sur les "injonctions qui paralysent", autrement dit, toutes ces petites  pressions (conscientes ou non) que chacun s'inflige pour "bien enseigner" (au risque de se fatiguer, de s'épuiser, ou pire malheureusement. :'-( )

    - Je dois m'adapter

    - Je dois me faire respecter

    - Je dois me faire apprécier

    - Je ne dois laisser aucun élève sur le bord de la route

    - Je dois faire en sorte qu'il n'y ait pas de violence

    - Personne ne doit savoir que je n'y arrive pas

    La seconde partie présente des histoires d'élèves, de la difficulté à la phobie scolaire, autant d'éléments devenus (trop) souvent quotidiens et difficiles à gérer mais, de ce fait, toutes plus parlantes les unes que les autres.

    Après s'être attardée sur l'enseignant et sur ses élèves, l'autrice se penche sur le troisième angle du triangle éducatif : les parents, de ceux qui rejettent la faute sur l'école à ceux qui perdent pied et recherchent de l'aide. Chaque cas présenté parlerait à n'importe quel enseignant.

    Enfin, la quatrième et dernière partie propose une marche à suivre, simple, claire et visiblement efficace (étant donné le contenu du livre et ce que j'ai déjà pu moi-même voir dans certaines écoles au fil des années ...) pour aider et être aidés quand la souffrance et l'impuissance sont trop vives face aux classes, aux élèves, aux parents.

    De la personne qui souffre à la mise en œuvre de l'action la plus adaptée à chaque situation en passant pas de multiples autres questions essentielles pour bien prendre en compte chaque élément d'une situation donnée, le lecteur peut disposer ensuite d'une démarche qui pourra l'aider face aux difficultés du métier.

     

    Un livre qui m'a parlé plus que jamais

    Outre le fait que chaque page, chaque ligne, chaque mot de ce livre me faisait ma dire "C'est moi ça !" ou "Ah oui, je sais ce que c'est ! J'ai vécu ça !" ou même encore "Cela me rappelle ma collègue il y a X années !", le livre m'a beaucoup plu par sa franchise, son honnêteté et sa prise en compte de la réalité du terrain.

    Loin de vouloir vendre une "méthode miracle", il ne présente pas uniquement au lecteur des situations de réussites. Ce n'est donc pas un ouvrage de "rêve en barre" mais bien un ouvrage qui (re)donne espoir à chacun en proposant des pistes concrètes permettant de prendre du recul, d'analyser les situations avec sérénité afin de tenter d'améliorer les choses plutôt que de risquer de les empirer en laissant nos actes se faire guider par nos propres habitudes, nos plus profonds désirs, nos valeurs les plus fortes, ...

    De toutes ces pages, celles relatant l'histoire d'une jeune collègue débutante nommée en SEGPA et devant faire face à de nombreux doutes, craintes, difficultés, etc ... est celle qui a fait le plus écho en moi. J'avoue même avoir versé mes p'tites larmes tellement ce passage m'a ramené quelques années en arrière. Je me revoyais découvrir la nomination, le collègue, la classe, les élèves, ... sans savoir quoi faire et avec le sentiment qu'on me demandait de réussir là où tant d'autres avaient échoué jusqu'ici. Des instants qui me semblaient insurmontables mais qui ont finalement, avec le recul, été les plus beaux et les plus formateurs de toute ma carrière.

    Pourquoi ?

    Parce qu'à ce moment-là déjà j'ai pu bénéficier d'une "clé" essentielle à chaque enseignant et si magnifiquement mise en avant dans l'ouvrage : le travail d'équipe !

    Chaque situation de l'ouvrage met un point d'honneur à mener les "combats" en équipe, à chercher des solutions ENSEMBLE dans l'intérêt de tous.

    "Un pour tous et tous pour un !"

    Si bien souvent je préfère la phrase "Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin !", je trouve cette devise des Mousquetaires d'Alexandre DUMAS plus adaptée cette fois mais tout aussi pleine de sens.

     

    Je profite ainsi des ces dernières lignes pour remercier très chaleureusement mes collègues d'hier et d'aujourd'hui pour tout ce qu'ils/elles m'ont apporté(es) au fil des années. Des conseils à l'expérience en passant par les fous rires et le soutien (tant d'oreilles pour écouter et tant d'épaules pour pleurer m'ont accueillies les premières années face aux premiers postes non-désirés ...).

    Bref. Pour tout cela, MERCI !


    1 commentaire
  • Lors de mon dernier sondage Instagram pour savoir quels seraient les thèmes d'articles qui vous intéresseraient de lire, le thème de la prise en charge des élèves dyslexiques au sein de la classe est revenu plusieurs fois ...

    J'avais d'abord pensé vous écrire un article très détaillé sur les différentes choses que je mets en place mais j'ai fait depuis une bien belle découverte !
     
    L'équipe Etre Prof a réalisé un livre blanc, clair et concis sur le sujet tout récemment.
     
    En le lisant, j'ai pu y retrouver des tas de petites choses que je mets déjà en place pour les élèves dyslexiques que j'accueille (que la dys soit diagnostiquée et suivie, en attente de prise en charge ou juste suspectée).
     
    Je ne saurais construire un document aussi clair et agréable à lire que celui-ci. C'est pourquoi, pour en savoir plus sur ce sujet si particulier, je vous conseille fortement de jeter un œil à ce livre blanc qui, j'en suis certaine, vous apportera ne nombreuses réponses à vos questions et vous donnera de multiples idées que vous pourrez mettre en place très facilement auprès de vos élèves.

     
    Merci à Être Prof pour ce livre blanc fort bien pensé et conçu !

    2 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique