• J'ai assisté il y a quelques jours à une animation pédagogique portant sur la production d'écrits. Elle était animé par un des conseiller pédagogique de ma circonscription ainsi que par une collègue enseignant dans une école voisine et ayant expérimenté une nouvelle pratique : les ateliers dirigés d'écriture.

    "Vous n'avez pas ramener de copies à corriger avec vous ce soir ? Cela tombe bien, on en a pour vous !"

    Voilà comment a démarré cette animation pédagogique.

    Nous nous sommes tous retrouvés avec deux copies d'élèves (portant sur le même sujet de départ) à corriger.

    Deux copies très différentes tant sur le fond que sur la forme.

    Nous avons tous sortis nos stylos et c'était parti !

    "Mmmh ... aloooors ... Ah ! Un accord oublié ... Oh ! Un signe de ponctuation manquant ! ... Mais qu'est-ce qu'il a valu dire là ? ..."

    Bref, on a tous corrigé bien comme il faut ! ... OU PAS !

    A la fin de cet exercice, après mise en commun de nos réponses, le verdict est tombé :

    "Vous avez corrigé ces copies en vous basant sur l'étude de la langue, pas sur la production d'écrits !"

    C'est alors que notre collègue de circonscription a enchaîné en nous disant que c'est justement parce qu'elle faisait la même chose, qu'elle passait un temps considérable à corriger (pour un résultat et des effets discutables) qu'elle a décidé de se documenter pour faire évoluer a pratique.

    "Les élèves soufflaient quand ils entendaient le mot "rédaction", je ne voulais plus de cela !"

    Et c'est alors que nos formateurs nous ont présenté le livre de Dominique Bucheton "Refonder l'enseignement de l'écriture".

    "Un livre pas très facile à lire mais dont la partie pratique est d'une richesse considérable."

    Pour l'avoir lu depuis, je ne peux que confirmer ces propos. ;-)

    Et dans cette partie pratique du livre est développé le cas des ateliers dirigés de production d'écrits.

    Différentes pratiques allant du CP à la Terminale y sont très bien développées également mais, par souci pratique et par manque de temps, je ne présenterai dans le diaporama ci-après que la partie visant les ateliers.

    Cette pratique m'a fortement intéressée car elle est basée sur des remarques et des constats que j'ai moi-même faits et, surtout, elle réunit tous les éléments d'une pratique d'enseignement qui me plait, mettant en avant la coopération entre élèves, l'échange, la réflexion commune, le travail en groupe restreint ...

    En résumé ...

    Elle consiste à pratiquer la production d'écrits en petits groupes de 5 à 7 élèves, une demi-heure par semaine (et par groupe). Chaque séance se découpe en 3 phases très précises d'une dizaine de minutes ayant chacun un objectifs précis.

    Mais là où tout change considérablement (en tous cas pour moi !), c'est dans la correction !

    Fini les feuilles illisibles car pleines de soulignements, d'encadrements, de points d'interrogation ou autres ! FI-NI !

    A la place, on prend le temps de lire le fond de ce que les élèves ont écrit ! Et on lit vraiment !

    "Est-ce que l'on comprend l'histoire ? Est-il allé assez loin ? A-t-il respecté les consignes d'écriture ? Etc ..."

    Ensuite, on cherche une "remarque de réécriture" que l'on note en bas du texte produit sous forme de question ouverte du type :

    "Ton personnage est-il en train de rêver ?", "Où va l'héroïne après avoir trouvé cet objet magique ?"

    Et cette remarque, dont le but premier et de faire réfléchir les élèves pour qu'ils améliorent leur production, sera lue aux élèves avant qu'ils ne se lancent dans un deuxième jet.

    Sera LUE !

    C'est élément très important car, en effet, les élèves ne pourront pas lire la remarque eux-mêmes ! Elle sera notée sur leur 1er jet mais ils n'y auront plus accès !

    Pourquoi ? Pour éviter que les élèves ne fassent "que" rallonger leur texte par des ajours d'éléments ou qu'ils ne fassent "que" corriger les fautes d'orthographe qu'ils pourraient voir.

    Ils devront vraiment améliorer leur texte en le réécrivant du début à la fin.

    Cette pratique remet en question non seulement l'élève, son travail, le regard à porter sur les productions, la correction mais aussi la posture de l'enseignant. J'ai d'ailleurs retrouvé dans ce dispositif des éléments de la pratique des centres d'autonomie : le lâcher-prise, l'accompagnement ...

    Ce dispositif demande à l'enseignant une remise en question considérable mais, je pense, nécessaire aux apprentissages et aux progrès des élèves.

    Je ne sais si tout cela sera aussi clair pour vous par écrit que cela ne l'a été pour moi en formation. Quoi qu'il en soit, je mets à votre disposition les notes prises durant l'animation pédagogique en question que j'ai ensuite associées à celles prises lors de la lecture de l'ouvrage de Dominique BUCHETON.

    Ateliers dirigés d'écriture

    Si cet article méritera d'être réorganisé et amélioré sous peu, une chose est sûre pour moi :

    je me lance dès l'an prochain dans les ateliers dirigés d'écriture ! ;-)


    13 commentaires
  • Après avoir beaucoup lu et recherché pour changer ma pratique pédagogique, mon fonctionnement de classe, la gestion des comportements et faire évoluer les activités de lecture, je me penche à présent sur un autre point de réflexion : les mathématiques.

     

    J’ai découvert sur Twitter la méthode heuristique de mathématiques de Nicolas Pinel.

    Toutes les personnes qui m’en ont parlé ont toutes eu le même retour :

    « Cette méthode est vraiment géniale, centrée sur la manipulation et le sens tout en étant adaptée à tous ! »

    « Je suis certaine que cette pratique pourrait s’inclure dans tes centres d’autonomie. »

    C’est donc avec beaucoup de curiosité et d’intérêt que je me suis procurée le livre associé à la méthode et que vous pouvez trouver ici.

     

    La Méthode Heuristique de Mathématiques

    Il se laisse lire très facilement et est très professionnel sans pour autant tomber dans le travers du compliqué.

    Et quelle ne fut pas ma joie en le lisant de découvrir que cette méthode était « faite pour moi ».

     

    Je m’explique …

    Dès les premières pages, les constats, réflexions, cheminements ... détaillés par l'auteur m'ont parlé. En effet, quand nous avons décidé de réfléchir à notre pratique avec mes collègues il y a quelques mois, nous étions parties des mêmes constats de départ !

    Un autre point qui a fait sens pour moi fut le rapport aux mathématiques et le ressenti des enseignants face à cette discipline.

    Bien que, contrairement à l'état de lieux faits ...

    - je regarde ce qui se fait dans les autres pays, me documente beaucoup (et vous fatigue même avec ça je pense ;-p) sur ce que font nos voisins,

    - je m'intéresse beaucoup aux pédagogies dites "actives"

    - j'essaye de différencier autant que possible

    je fais tout de même partie du haut pourcentage de professeurs qui :

    - ne sont pas issus d'un cursus universitaire scientifique

    - ne sont pas satisfaits de leur enseignement des mathématiques

    - se sentent en difficulté et peu à l'aise avec les maths !

    Comme dit dans le livre, je fais également partie de ses élèves à qui ont a dit (et on dit encore) :

    "Elle est nulle en maths ... Ce n'est pas son truc ! ... Elle n'a pas la bosse des maths !".

    Une élève qui angoissait dès qu'elle devait franchir la porte de la salle du cours de maths.

    Je tiens cependant à faire une petite précision : j'ai toujours eu des profs de maths supers !! Ils prenaient le temps de m'expliquer 10 fois, 100 fois, 1 000 fois ... pour que je comprenne ! Je leur tire mon chapeau ! J'espère pouvoir être un jour une aussi bonne enseignante de mathématiques qu'eux, avec autant de patience et de connaissances. La marge de progression est considérable mais je vais oser essayer ! ;-)

    Pour vous expliquer cette méthode, j'ai pensé d'abord faire des notes de lecture (comme j'ai l'habitude d'en faire pour toutes mes lectures pro) mais cela s'est vite avéré compliqué et même inutile.

    Pourquoi ?

    Parce que le livre est tellement clair, simple, court, concis, en bref, EFFICACE  que je ne saurais en faire des notes qui soient encore plus simplifiées !

    Cependant, étant très visuelle (vous l'aurez compris maintenant !), j'ai simplement réalisé quelques cartes mentales pour mieux organiser ma propre vision de cette méthode pour pouvoir mieux me l'approprier personnellement.

    Après relecture de ces cartes mentales, il s'avère qu'elles ne sont finalement rien de plus qu'une remise en page du sommaire du livre. Peut-être que cela pourra vous aider à avoir une idée de ce fonctionnement et (pourquoi pas ;-)) vous motiver à vous lancer dans cette méthode pragmatique, concrète et adaptée à tous et ayant déjà été testée dans plus d'une centaine de classes.

     

    La Méthode Heuristique de Mathématiques

     

    Si vous souhaitez plus de détails sur cette méthode, je ne peux que vous conseiller :

    - d'aller consulter le site internet qui lui est consacré et qui propose tous les documents nécessaires pour mener la méthode : http://methodeheuristique.com/

    - de vous procurer le guide et/ou la version papier des documents nécessaires sur le site des Editions du Net

    C'est donc avec des souvenirs plus ou moins "douloureux" et des envies de "mieux" que j'ai lu cette méthode qui m'a adopté !

    Car oui, c'est décidé !

    L'an prochain, j'abandonne les fichiers de maths (qui étaient finalement plus un moyen de me rassurer moi-même qu'autre chose ...) pour me lancer dans cette pratique.

    Je vous en redirai plus dès que j'aurai expérimenté tout cela en classe. ;-)

    Information importante

    Une nouvelle édition de l'ouvrage de Nicolas Pinel sortira en juin 2018.

    Elle proposera un contenu mis à jour pour le cycle 2 ainsi que la méthode pour le cycle 3 !

    Encore un peu de patience ... ;-)

     

     

     


    23 commentaires
  • J'ai craqué sur un autre ouvrage de chez Pirouettes Editions !

    Pourquoi ?

    Parce que leurs livres sont justes de véritables petites mines de diamants pédagogiques qui mêlent parfaitement théorie et supports concrets.

    Voici donc le livre sur lequel j'ai craqué.

    La différenciation pédagogique

    Cet ouvrage traite, comme son nom l'indique de la différenciation pédagogique.

    Dans un premier temps, il nous présente le fonctionnement du cerveau en le reliant aux 3 styles d'apprentissages connus (visuel, auditif et kinesthésique).

    L'ouvrage nous dresse également un portrait détaillé des dernières recherches et découvertes concernant la mémoire. (Son fonctionnement est plutôt complexe mais cette partie a été la plus enrichissante pour moi !).

    Chaque style d'apprentissage est traité dans un chapitre spécifique proposant des exemples, des études de cas, des supports d'appui pour le déceler, le comprendre et le développer.

    Ces chapitres étant très "concrets", ils ne seront pas détaillés dans mes notes de lecture. Pour le faire, j'aurais été obligée de recopier tout l'ouvrage pour ne rien omettre.

    Je vous laisse à disposition mes notes de lectures pour que vous puissiez déjà en savoir plus sur ce sujet.

    Comme pour mes précédentes notes, les précisions en violet sur les cartes mentales sont des liens avec ma pratique personnelle.

    La différenciation pédagogique

    Pour voir le replay des 5 vidéos portant sur mon compte-rendu de lecture, rendez-vous ici :

    Je vous mets aussi à disposition ici un questionnaire visant à déterminer quelle est la modalité sensorielle préférée de vos élèves.

    Ce test est proposé dans l'ouvrage mais, afin qu'il puisse convenir au plus grand nombre et surtout à mes élèves de CP, je l'ai remis en page avec des couleurs et des images pour alléger la tâche de lecture.

    La différenciation pédagogique

    Voici également diverses fiches- réponses en lien avec ce questionnaire et qui pourront vous servir à évaluer les styles d'apprentissage de vos élèves.

    La différenciation pédagogique

    En espérant que tout cela puisse vous être utile ! ;-)

     


    2 commentaires
  • J’ai pu assister, lors d’une animation pédagogique proposée dans ma circonscription, à une conférence de Mme Danièle Dumont portant sur le geste d’écriture. Voici comme promis une mise en page rapide de ma prise de notes pour les intéressés.

     Pour débuter son propos, Mme Dumont nous a rappelé l’objectif premier de l’écriture :

    se faire comprendre, produire du sens !

    Partant d’une image très révélatrice montrant un ange demandant à Dieu s’il fait Adam « de bouts » (d’os), Dieu lui répond qu’il le fait « de boue » et d’autres anges entendent qu’il le fait « debout ».

    Bref, trois propos oraux différents, qui sonnent pareil mais qui font qu’aucun des personnages ne comprend ce que l’autre dit.

    De même que le vocabulaire utilisé par les anglais et les américains ne signifie pas la même chose dans tous les pays:

    first floor peut signifier « rez-de-chaussée » mais également « 1er étage »

    11/12 peut indiquer le 11 décembre ou le 12 novembre

    Il est rapidement précisé qu’il faut également penser à ne pas confondre écriture et calligraphie quand nous préparons nos séances et corrigeons nos copies.

    La calligraphie signifie la belle écriture, l'art de bien former les caractères d'écriture manuscrite.

    L’écriture est un système de signes graphiques servant à noter un message oral afin de pouvoir le conserver et/ou le transmettre.

    L’écriture, même à l’ère du numérique reste indispensable car pour de nombreux documents administratifs, l’écriture manuscrite reste la seule option (par exemple pour se porter caution d’un appartement, pour ouvrir un contrat EDF …).

    Si l’on ne sait pas écrire, on devient rapidement un handicapé social car l’on rencontre très vite des difficultés de communication et de compréhension qui entravent nos capacités d'insertion dans la société.

    Mme Dumont nous a également mis en garde, grâce à la projections d’articles de journaux, face aux catastrophes naturelles. Le lien avec l’écriture n’est pas de suite apparu à mes yeux. Puis, après une explicitation de sa part, tout fut plus clair :

    Réchauffement climatique => multiplications des catastrophes naturelles => gros dégâts matériels => pannes et coupures électriques => pas d’ordinateur, pas de téléphone … RIEN d’autre que l’écriture pour communiquer. Ses phénomènes se développant de plus en plus, la maîtrise de l’écriture manuscrite reste donc primordiale, même au XXIe siècle !

    De même, la maitrise du geste d’écriture est indispensable pour pouvoir mener à bien sa scolarité.

    De nombreux adolescents viennent en rééducation d’écriture car, à cet âge, de nombreux élèves perlent leur écriture (pour des raisons diverses et variées). La prise de notes rapides leur devient alors extrêmement compliquée voire impossible ce qui nécessité une intervention de rééducation pour leur permettre de pouvoir poursuivre leur cursus scolaire dans les meilleures conditions possibles.

    Des exercices pour se mettre à la place de l’élève

    Pour nous mettre en situation d’apprentissage, nous avons d’abord réalisé un exercice d’écriture qui nous a vite fait comprendre les difficultés que pouvaient rencontrer nos élèves en classe.

    Nous avons dû écrire le mot « MERCREDI » en cursive mais et détaillant chaque geste que nous faisions : « Je pose mon crayon sur la ligne principale puis je monte pour faire un pont qui touche la première ligne, je redescends jusqu’à la ligne principale et remonte de suite pour … ».

    « Allez ! Vite vite ! Il y en a qui ont déjà fini ! Mais dépêchez-vous ! … Stop ! C’est terminé ! » Bref, je n’avais écrit que cela lorsque le temps fut écoulé.

    Conclusion de l’expérience : L’enfant ne peut pas saisir le sens de ce qu’il écrit car il est trop concentré sur la trajectoire de son outil.

    Or, comme dit au départ, écrire c’est produire du sens !

     

    Le deuxième exercice réalisé portait sur le tracé sur des pointillés qui est souvent fait en classe, notamment en maternelle pour « maîtriser le geste ».

    Mme Dumont nous a donné à chacun le petit papier ci-dessous que nous avons pris à l’envers et sur lequel nous devions repasser en suivant les pointillés. Cet exercice fut très complexe à réaliser car nous étions tous concentrés sur les pointillés afin de ne pas faire d’erreurs.

    Le geste d'écriture

    Conclusion de l’expérience : qu’avons-nous appris ? Rien ! Aucun de nous n’était capable de dire ce qu’il avait écrit ni même les lettres exactes utilisées … C’est pareil pour les élèves en classe. Repasser sur des pointillés n’est pas porteur de sens ni pour nous, ni pour nos élèves. Impossible donc de retenir ce qu’on fait ni même le geste. De ce fait, il n’est pas possible d’améliorer son écriture.

     

    Le troisième exercice portait sur une image projetée où l’on voyait la petit canari Titi, couché dans son lit avec un livre ouvert entre ses mains.

    Deux questions nous ont été posées : Où est Titi ? Que fait-il ?

    Les réponses ont été très nombreuses et très différentes :

    Dans son lit / Titi est dans son lit. / Il est dans son lit / …

    Titi lit. / Il lit. / …

    Toutes ses réponses aux questions sont valables. Comme beaucoup des réponses que nos élèves nous fournissent. Or, très souvent, nous n’en retenons qu’une ce qui met les élèves en défaut : « Pff, moi on prend jamais ma réponses ! On n’a pas pris ma phrase alors j’ai faux. Mieux vaut que je ne fasse rien vu que je fais faux ! … »

    Il faut faire prendre conscience aux enfants que OUI nous sommes tous différents, que NON on ne pense pas tous la même chose mais que MÊME SI nos réponses sont différentes, elles n’en sont pas pour autant fausses.

     

    Le quatrième exercice proposé a été la réalisation du dessin d'un pied. Nous avons tous dessiné un pied humain mais d’autres réponses aurait été valables : pied de table, pied de tomate, …

     

    La thèse et le lien entre écriture, lecture …

    Mme Dumont nous a également rapidement développé sa thèse dont voici le descriptif général :

    Notre recherche porte sur l’écriture des lettres minuscules cursives manuscrites latines en usage dans les écoles françaises. Nous avons fait l’hypothèse que cette écriture, produit de l’école française, constitue un système dont nous pouvons désigner les éléments et définir le fonctionnement. Cette hypothèse ouvre sur la perspective que la prise en compte de ce système pourrait être une aide à l’apprentissage de l’écriture. Notre choix est conforté par les résultats des neurosciences qui montrent qu’écrire à la main serait une aide à l’apprentissage de la lecture. A partir de l’analyse de commentaires sur la lisibilité d’un corpus d’écritures manuscrites, nous montrerons comment est construit ce système et quelles relations hiérarchiques et fonctionnelles ses éléments entretiennent entre eux. Nous y verrons que le cœur du système s’organiserait en deux unités minimales, déclinées chacune en une forme de base et deux dérivées pour l’une, trois dérivées pour l’autre. Le système constitué par l’ensemble de ces sept formes permettrait d’écrire toutes les lettres minuscules cursives latines en usage en France. En ouverture vers d’autres projets, nous avons mis ce système à l’épreuve de la reconnaissance des lettres par des enfants d’école maternelle. Nous avons constaté une amélioration du score entre avant et après une séance d’observation commentée collective. Cette recherche sur le système d’écriture des lettres minuscules cursives latines nous a conduite à avancer des propositions pédagogiques pour l’enseignement de l’écriture.

    source : http://www.theses.fr/2013PA05H004

    L’écriture est donc, de par sa définition, un système. De ce fait, elle est faite de maillons, d’engrenages, qui se touchent et interagissent entre eux pour pouvoir faire fonctionner la machine convenablement et durablement. Voici le schéma résumant les principes développés et abordés lors de la conférence (photo de mauvaise qualité prise durant le diaporama de la conférence).

    Le geste d'écriture

    La tenue de l’outil scripteur

    Une petite mise au point rapide sur l’importance du positionnement des doigts sur le crayon.

    L’outil scripteur doit être tenu entre le pouce et le majeur afin d’avoir un bon maintien de l’objet et garantir une stabilité du geste. L’index repose sur le crayon et ne fait que « guider » le mouvement. Le crayon doit être dans l’axe de l’avant-bras. Là encore, rappelons-nous que nous sommes tous différents et la position des doigts peut varier légèrement d’un individu à l’autre : pouce et index collés, proches ou totalement séparés … De ce fait, un guide-doigt ou un bracelet d’écriture ne sont pas des solutions pour l’apprentissage de la tenue du crayon. Ce sont surtout des prothèses et donc une contrainte qui ne va pas apprendre à tenir son crayon, mais seulement à plus se crisper et à fatiguer le scripteur. Notons également que le degré d’inclinaison de l’outil scripteur dépend justement de ce même outil : un crayon de papier peut être tenu plus penché qu’un stylo.

    Pour véritablement « apprendre » la tenue du crayon, plusieurs jeux ont été proposés et brièvement détaillé :

    • le jeu du bouchon qui consiste à propulser un bouchon de lait avec son index en « collant » son pouce et son majeur
    • faire des boucles sur une feuille de peinture (la main se trouve alors posée sur la table, sous la feuille afin de ne pas salir la manche de l’élève
    • tenir un cotillon dans sa main (plutôt qu’un mouchoir qui désolidarise les doigts) en refermant son annulaire et son auriculaire dessus (seuls les trois doigts nécessaire à la tenue du crayon sont alors disponibles.

    Après plusieurs autres petits exercices rapides (que je n’ai plus en tête malheureusement) nous nous sommes aussi vite rendu compte que le poignet n'est pas indispensable dans le geste d'écriture : il doit être posé sur le support pour écrire. Les doigts, seuls, bougent et font tout le travail !

    NB : écrire avec un critérium est un bon moyen de « détendre » son geste car si on met trop de pression dans la main, les doigts … la mine casse. Si ça casse c’est que nous sommes trop crispé sur notre outil et donc que nous nous fatiguons !

    Concernant les lignes d’écriture, il a été clairement expliqué qu’il ne sert à rien de placer un point d’attaque des lettres sur des lignes lors des séances de copie. En effet, lorsque l’on écrit en cursive, toutes les lettres peuvent avoir différents « points d’attaque » qui varient selon le mot que l’on écrit, la place où la lettre se trouve dans le mot et selon la lettre précédente …

    Exemple donné : écrire en cursive « b-i-b-e-r-o-n » puis « biberon ». Il est facilement remarquable que les lettres n’ont pas un seul point d’attaque.

    Il est donc conseillé de définir des zones d’attaques, des espaces approximatifs où la lettre peut démarrer (colorier les interlignes un carreau sur deux) plutôt que de définir les lignes par des couleurs où des noms. Le but est d’écrire, de produire du sens et donc d’être compris, pas de faire une copie parfaite de ce qui est au tableau.

    Il est aussi important de mettre en avant l’apprentissage d’un processus d’écriture. Pour remarquer cela nous avons écrit une même phrase deux fois : la première fois avec les yeux ouverts, la seconde avec les yeux fermés.

    Voici ma propre production :

    Le geste d'écriture

    La conclusion est simple : mon écriture n’a pas changé entre les deux phrases. Certes, la deuxième phrase n’a pas suivi la ligne principale. Mais le geste lui n’a pas changé, ma main l’a reproduit. Il n’y a donc pas de guidage visuel du geste d’écriture, mais simplement un contrôle visuel.

    Nous avons ensuite dû reproduire une forme constituée de traits courbes et droits en tous genres que voici :

    Le geste d'écriture

    Cela fut difficile à faire et aucun de nous n’a reproduit cette figure de la même manière. Puis nous avons reproduit un ensemble de formes géométriques plus simple à réaliser car nous pouvions identifier et nommer très facilement les composantes du dessin. Voici mes productions personnelles :

    Le geste d'écriture

    Cette petite mise à l’épreuve nous a ainsi révélé l’importance de bien nommer les formes de bases qui constituent les lettres (boucle, étrécie, jambage …). Cela permettra alors aux élèves de mieux les identifier, de mieux les reproduire et, donc, de mieux se focaliser sur le sens.

    Une phrase fait énormément sens selon moi pour mes loulous : 

    « Conduire son écriture c’est comme conduire une voiture : on ne s’arrête pas où on veut, quand on veut ! ».

    La suite de la conférence a porté sur le processus de création des formes en deux unités, l’ordre d’apprentissages des formes (petite boucle, grande boucle, étrécie, rond …).

    Détailler cette partie de la conférence par écrit ne serait pas très facile étant donné qu’il me serait compliqué de faire figurer les formes et les schémas explicatifs proposés par Mme Dumont.

    J’espère néanmoins que cette petite mise en page de mes notes puisse être utile à ceux qui me l’ont démandé. Je vous conseille à présent de vous rendre sur le site internet ou les vidéos de Danièle Dumont pour avoir de plus amples informations sur le sujet.


    7 commentaires
  • Je viens de terminer un ouvrage que ma collègue maîtresse Lavers m’a gentiment prêté et que j’ai dévoré ! Ce livre a été clair, concis, agréable et tellement réconfortant et motivant pour moi que je ne pouvais pas ne pas faire un article dessus.

    « Montessori, quand les enfants commencent après 6 ans »

    deVanessa Toinet (fondatrice de l'Ecole Montessori du Morvan) et Sylvia Dorance. Il figure déjà dans la bibliographie indicative du blog ;-)

    Montessori après 6 ans


    La problématique de l’ouvrage est très simple :

    "Comment faire pour initier des enfants de plus de 6 ans à la philosophie et la pédagogie Montessori alors qu’ils ne l’ont jamais vécu avant?"

    Et pour y répondre, pas de grands discours théoriques et barbants, pas de récits longs qui tournent en rond. Non ! Cet ouvrage offre des pistes concrètes et pratiques, illustrées par des exemples vécus par les deux auteures et dont le but est de nous permettre de nous projeter dans cette philosophie, de nous inspirer afin de faire progresser nos élèves au maximum.

    Montessori après 6 ans

    Il est évident qu’il est impossible de décrire en détails l’esprit Montessori dans les 100 pages de cet ouvrage. Elles permettent cependant d’établir un bon début de réflexion. Charge ensuite à chacun d’approfondir sa pensée et ses recherches sur ce qui lui semble crucial ... Montessori jusqu'au bout quoi ! ;-)

    Dès le départ, il est précisé que cet ouvrage ne se destine pas uniquement aux éducateurs montessoriens mais directement à tous ceux qui souhaitent tendre à la mise en place de cette pédagogie dans leur classe, à la maison ou dans leur cabinet (orthophonistes …).

    Quand on enseigne et qu’on entend « Montessori », la première chose à laquelle on pense est « c’est pour la maternelle !». C’est ce que je pensais moi-même avant pour être honnête. Et bien cet ouvrage m’a montré à quel point je me suis longtemps trompée.

    Certes, il est expliqué que l’enfant dispose de périodes sensibles c’est-à-dire une période particulière et limitée dans le temps pendant laquelle l’enfant est inconsciemment et irrésistiblement sensible à certains aspects de son environnement, en excluant d’autres. – (définition d’Emmanuelle Opezzo)

    De la naissance à 6 ans environ, l’enfant traverse donc 6 périodes sensibles :

    • la période sensible du langage (plus ou moins entre 2 mois et 6 ans)
    • la période sensible de la coordination des mouvements (plus ou moins entre 18 mois et 4 ans)
    • la période sensible de l’ordre (plus ou moins de la naissance à 6 ans)
    • la période sensible du raffinement des sens (plus ou moins entre de 18 mois et 5 ans)
    • la période sensible du comportement social (plus ou moins entre 2,5 ans et 6 ans)
    • la période sensible des petits objets (très courte période au cours de la 2e année)

    « Oui, donc alors, quand ils arrivent au C.P. c’est cuit pour du Montessori ! »

    Et bien le livre est honnête :

    « La tâche est moins simple, c’est vrai, mais rien n’est perdu ».

    Bref, la phrase à ne pas me dire … Challenge excepté ! Au boulot ma fille !

    Petite précision importante : ce livre n’est pas du Montessori « clé en main ». De toute façon, vous n’en trouverez pas je pense car c’est totalement « contre-montessorien » !

    En revanche, il vous permettra de prendre du recul afin d’accueillir l'enfant dans les meilleures conditions. L’enfant … oui. Cet ouvrage montre parfaitement ô combien il est essentiel de ne pas penser au pluriel mais au singulier et de ne plus parler d’élève mais d’enfant.

    On sort du « rôle » pour se concentrer sur l’ « acte ».

    Et qui pourrait mieux s’élever dans le savoir que l’enfant lui-même, seul et à son rythme ?

    De ce fait, L’ouvrage développe parfaitement l’importance de la vie pratique et de la vie sensorielle montessoriennes que les enfants devront développer avant de pouvoir se tourner vers les activités Montessori des 6-12 ans.

    Pour cela, une liste du matériel utilisé avec les plus jeunes et fournie en fin de livre pour permettre aux éducateurs, enseignants et spécialistes d’avoir une vue plus claire de ce qui est possible et réalisable concrètement en classe.

    Montessori après 6 ans

    Quels sont les points de ce livre qui m’ont conforté dans ma réflexion ?

    -L’environnement favorisant la liberté d'apprentissage qui correspond au principe de la pédagogie des centres qui lie parfaitement autonomie et contrainte utile

    - L’environnement encourageant la liberté de mouvement  et qui correspond au principe de la classe flexible

    - l'environnement d'entraide, de collaboration et de partage qui y est très important et même essentiel. On parle de "pouvoir des autres". Cette expression est juste et pertinente. On peut toujours apprendre des autres.

    - L’importance de la manipulation et des préparations sensorielles qui permettent de sortir de l’abstrait et de rendre les notions plus concrètes et mieux ancrées

    - L’absence d’évaluation pour permettre à l’enfant d’évoluer à son rythme pour ne pas se comparer aux autres et éviter ainsi les stigmatisation, ce que je fais depuis cette année en me limitant à une évaluation continue ou « discrète » (voir article sur l’application Plickers).

    Qu’est-ce que cet ouvrage m’a apporté de plus ?

    • Des explications claires et précises qui peuvent être fournies, lors de la réunion de rentrée, aux parents qui pourraient avoir des a priori sur cet environnement de liberté de travail qu’ils ne connaissent pas et qui pourrait leur laisser penser à tord que ma classe sera une zone d'anarchie totale.
    • Une multitude d’idées d’activités pour mes centres, principalement le centre de motricité fine que je souhaite développer l’an prochain.

    Bref, vous l'aurez compris, ce livre m'a totalement conquise ! N'hésitez pas à vous faire votre propre avis en le commandant ici. De plus, comme la maitresse Sev m'a montré, les dernières paroles de notre ministre sur le sujet font qu'il serait réellement dommage de passer à côté d'une telle lecture non ? ;-)


    2 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique