•  Celles et ceux qui viennent régulièrement par ici le savent déjà : la gestion des comportements est un sujet qui m’anime particulièrement depuis plusieurs années. Le blog est d’ailleurs déjà riche en articles sur le sujet. J’ai pu mener au fil des ans de nombreux projets autour des émotions pour aider mes élèves à les comprendre et à les appréhender. De retour en maternelle cette année, ce sujet a pris encore plus de sens car les élèves plus jeunes sont régulièrement soumis à des émotions qui les submergent totalement. L’enjeu cette année était donc pour moi d’adapter tout ce que j’ai pu mettre en place à des enfants de 3 ans pour les « équiper » du mieux possible. Depuis quelques semaines, je teste en classe une méthode dans laquelle je retrouve toutes mes convictions (non seulement d’enseignante mais aussi de maman) : la boîte à émotions de Zatou (Editions Retz).

     

    Découvrir les émotions avec Zatou

    Qui est Zatou ?

     

    Zatou est une marionnette sans forme définie : ni humaine, ni animale, elle se veut neutre et universelle.

    Cependant, mes élèves ont trouvé qu’elle ressemblait à une girafe ... Nous avons donc choisi de valider cette idée (ce qui me permet également de faire du lien avec la CNV, autre sujet passionnant, et dont vous pourrez avoir de plus amples informations sur le site d'Apprentie Girafe).

    Zatou rappelle aux élèves l’objet transitionnel par excellence : le doudou. Il fixe les limites entre le réel et l’imaginaire et sert de médiateur pour permettre à chaque élève d’oser se lancer dans un échange.

    La marionnette s’accompagne de 4 masques "émotion" qu’elle porte dans son dos. Ils lui sont scratchés sur son visage et les élèves sont invités à identifier l’émotion en question.

    Au fil des séances proposées dans la guide pédagogique, Zatou vit des émotions et propose aux élèves des outils qu’elle utilise pour les gérer.

     

    Découvrir les émotions avec ZatouDécouvrir les émotions avec Zatou

     

    Alors, oui … mais « gérer ses émotions », ça veut dire quoi ?

    On a souvent tendance à penser que « gérer » signifie « diriger », « gouverner » … bref : être plus fort que l’émotion !

    Etymologiquement, ce terme veut dire « faire face au mieux à une situation ».

    C’est une idée très compliquée à expliquer à de jeunes enfants.

    Dans le cadre de la méthode Zatou, il n’est pas demandé aux enfants de « gérer leurs émotions » comme des adultes (pour la simple et bonne raison que … ce sont des enfants !!). On vise plutôt à leur apprendre, lors d’une manifestation émotionnelle, à se poser et à prendre le temps d’analyser et de comprendre ce qui se passe en eux pour ne pas se laisser totalement envahir.

    Les mots-clés de la méthode Zatou sont donc l’accueil et le non-jugement, points essentiels tirés du programme E.D.E.R.

     

     

    Qu’est-ce que le programme E.D.E.R ?

    E.D.E.R. signifie « Ecoute Dynamique des Emotions et des Ressources »

     

    Ce programme vise à développer et à optimiser la qualité d’écoute de l’enseignant pour accroître chez l’enfant sa capacité à gérer ses émotions et lui donner le plein accès à ses ressources.

    En se déchargeant de ses tensions émotionnelles, l’élève peut alors créer lui-même les conditions pour se consacrer pleinement à ses apprentissages.

    Autant d’éléments dont je suis déjà totalement convaincue depuis longtemps comme évoqué ICI.

    L’écoute dynamique est une écoute bienveillante où l’adulte va proposer à l’enfant de devenir acteur dans la gestion de ses émotions et dans le développement de ses ressources. Elle implique :

    - un accueil profond et sans jugement de ce que vit l’enfant

    - une proposition d’action concrète pour celui qui est écouté

     

    L’émotion de son côté est un phénomène physiologique spontané. Elle a un début et une fin mais son amplitude peut être plus ou moins grande selon la personne et la situation vécue. Elle passe par le corps (analyse d’indices physiques) mais peut également totalement parasiter les capacités d’analyse et de réflexions de la personne qui la vit.

    Les ressources évoquées dans le programme sont les éléments « dont on a besoin » pour se relever, se remettre sur pied. La boîte à émotions de Zatou permet aux élèves de chercher, à l’aide d’outils concrets manipulables, les qualités et les capacités nécessaires pour surmonter une émotion : l’autonomie, l’attention, la motivation, la confiance, etc …

     

     

    Le guide pédagogique

    Découvrir les émotions avec ZatouDécouvrir les émotions avec Zatou

    Après un point plus détaillé sur le programme E.D.E.R, le guide présente la démarche à suivre au quotidien en classe, d’abord d’un point de vue théorique puis d’un point de vue pratique.

    La partie théorique :

    L’enseignant doit d’abord passer par un nécessaire et indispensable changement de regard. Il est notamment amené à « observer » plutôt qu’à « juger » (on peut se dire « ouais ben ça va, j’suis pas nunuche, j’peux le faire tout seul ! » mais honnêtement, c’est en réalité TRÈS difficile d’observer SANS juger car on juge TOUS et TOUT le temps mais souvent sans le vouloir ni s’en rendre compte).

    Dans cette partie, une synthèse des connaissances actuelles sur le cerveau et les émotions de l’enfant est faite pour permettre à l’adulte de comprendre ce qui se joue EN l’enfant.

    La partie théorique se termine par ce que j’appelle les « trucs et astuces » indispensables qui permettront à l’enseignant d’avoir des éléments concrets pour réellement changer de regard et d’attitude face aux émotions de l’enfant : Valider, Recadrer, Contenir, Parler … Autant de termes qu’on utilise au quotidien dans le jargon comportemental scolaire mais qu’on ne maîtrise finalement pas si bien que ça.

    Exemple tout simple souvent vu et entendu : On a tendance a dire aux enfants « Oh, tu ES triste ! ». Or, une émotion n’est pas quelque chose qu’on EST. Elle ne nous définit pas en tant qu’être humain car personne n’est volontairement triste en permanence. En disant plutôt à l’enfant « Oh, je vois que tu AS une tristesse ce matin ! » on lui fait réaliser que l’émotion est une chose qui est venue à lui, qu’elle est présente en lui à un instant T mais qu’elle peut s’en aller. L’enfant se retrouve ainsi libérer de toute responsabilité face à son émotion. Il entre alors plus facilement dans une démarche d’écoute et utilise plus volontiers les outils qui lui sont proposés car il n’a pas l’impression de « perdre un bout de lui-même ».

    Pour ma part, je dois avouer que cette partie ne m’a pas apporté beaucoup de connaissances supplémentaires. Le sujet me passionnant depuis des années, j’ai déjà énooooormément lu dessus. En revanche, je vous assure que j’ai adoré cette partie théorique car j’y ai retrouvé tous les éléments auxquels je crois profondément et que j’essaye de mettre en place dans ma classe quotidiennement. C’est une partie très simple à lire et à comprendre, surtout si on démarre une approche de la gestion des émotions en classe (et des comportements de manière plus large).

    Découvrir les émotions avec Zatou

     

    La partie pratique

    Le second chapitre du guide pédagogique présente en détails :

    - le dispositif « Zatou » proposé par les autrices dans le contexte scolaire

    - les différents types d’outils contenus dans la boîte qui sont organisés en 4 catégories :

     

          Les outils pour aider à gérer les émotions :

    la marionnette Zatou et ses masques,

    Découvrir les émotions avec Zatou

    les posters et les cartes des émotions pour apprendre à les identifier,

    Découvrir les émotions avec Zatou   Découvrir les émotions avec Zatou   Découvrir les émotions avec Zatou   Découvrir les émotions avec Zatou

    les émomètres pour apprendre à les mesurer,

    Découvrir les émotions avec Zatou   Découvrir les émotions avec Zatou

    le calmomètre pour aider l’enfant à s’apaiser quand il est en difficulté,

    Découvrir les émotions avec Zatou  Découvrir les émotions avec Zatou

    la planche du corps et des émotions,

    Découvrir les émotions avec Zatou

    les bons de colères.

     Découvrir les émotions avec Zatou

     

     

    -          Les outils pour favoriser la responsabilisation

    l’arbre à besoins pour faire découvrir et verbaliser les besoins les plus courants (il sera mis en place dans ma classe à partir de la période 2)

    Découvrir les émotions avec Zatou

    les bons de pardon pour calmer les élèves lors d’un conflit

     Découvrir les émotions avec Zatou

     

    -          Les outils pour accroître la confiance et l’estime de soi

    Le contrat d’attitudes positives pour aider les élèves en ayant besoin à se centrer sur une compétence comportementale à améliorer

     

    -          Les films pour aider l’enseignant à s’approprier l’ensemble des outils (disponibles sur le site des Editions Retz)

    Reconnaître les émotions à partir d’albums de jeunesse

    Repérer les nuances et enrichir le vocabulaire des émotions

    Mesurer une émotions avec les émomètres

    Gérer la séparation avec la boîte à parents

    Accueillir son ressenti avec la météo des émotions

    Apprivoiser ses peurs avec les poupées tracas

    Se faire confiance avec la validation gratifiante

    Se responsabiliser avec l’arbre à besoins

    Développer ses ressources avec le contrat d’attitudes positives

    Nourrir la joie de vivre avec la boîte à petits bonheurs

    Entretien avec les auteurs autour du programme E.D.E.R.

     

    Chaque outil est également détaillé dans des fiches indiquant :

    -          Le niveau de classe le plus pertinent pour utiliser l’outil proposé

    -          La période de l’année la plus pertinente pour le mettre en place en classe

    -          Les objectifs pédagogiques associés

    -          Des idées de mise en œuvre concrètes en classe

    Découvrir les émotions avec Zatou

    Bien sûr, chacun reste maître en sa demeure et pourra exploiter la boîte à émotions comme il le sent en fonction de son projet et de son groupe-classe.

    Une partie proposant des annexes photocopiables clôt le guide pédagogique pour donner à l’enseignant l’ensemble des éléments nécessaire pour construire, avec les élèves, certains outils cités dans le guide.

     

     

    La démarche au sein de ma classe

    Zatou a fait son entrée dans ma classe de Petite Section quelques jours après la rentrée scolaire. Elle a tout de suite été adoptée par les élèves qui ont rapidement compris son utilité. Elle a pris place sur un support qui lui permet de tenir debout, à la vue des enfants avec la mascotte de classe (un dévidoir à essuie-tout ! ;-p) près du tipi (espace spécialement dédié au retour au calme et à la gestion de émotions dont je vous parlais ICI). Les élèves savent qu’ils peuvent s'y rendre quand ils le souhaitent pour aider leur émotion à s’en aller (avec les outils disponibles dans les tiroirs du calme) pour ensuite être pleinement disponible pour les apprentissages.

    Découvrir les émotions avec ZatouDécouvrir les émotions avec Zatou

     

    Zatou a emporté avec lui un ami : L’avale-souci ! Je vous en parlais ICI. Avale-souci, peut manger les pastilles émotions des émomètres pour que les enfants puissent vraiment voir leur émotion disparaitre pour revenir à un état neutre.

    Découvrir les émotions avec Zatou

    Je pensais que l’émomètre de la joie serait sans doute moins pertinent que les autres en classe mais je me trompais. La joie est une émotion ressentie plus fréquemment pas les enfants (et heureusement d’ailleurs !) mais quand elle est trop forte et qu’on se met à courir partout, à sauter, à renverser le matériel, etc … on dérange l’ensemble de classe et on perturbe les besoins de ses camarades, de la maîtresse ou de l’ATSEM. L’émomètre de la joie est donc aussi utile que les autres pour permettre à l’enfant de comprendre qu’avoir de la joie en soi c'est vraiment super, mais savoir la gérer est également nécessaire pour le bien de tous.

    Pour conclure cet article, je dirai que La boîte à émotions de Zatou propose un ensemble d’outils extrêmement pertinents pour les élèves du cycle 1 La mise en œuvre de cette méthode en maternelle s’inscrit à mon sens parfaitement dans les demandes institutionnelles (à savoir, le plan maternelle, la réflexion des équipes sur le bien-être à l’école et le développement du programme PHARE). Je ne peux que vous recommander de la découvrir et de l’essayer.

     


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  • J'ai profité de l'été pour coudre quelques petites choses pour ma classe dont un avale-souci qui rejoindre l'espace "Emotions et repli sur soi" de ma classe.

    L'avale-souci : un confident de confiance

     

    Qu'est-ce qu'un avale-souci ?

    Un "avale-soucis” (ou Mange-souci) est une petite peluche qui va venir aider l’enfant à exprimer ou mieux gérer ses émotions et extérioriser ce qui le tracasse (peur, colère, tristesse, manque ...).

    L'avale-souci : un confident de confiance

     

     

    A quoi ça sert ?

    L'enfant dessine ou écrit sur un bout de papier son souci puis le glisse dans la bouche de la peluche (fermeture éclair). L'avale-souci devient ainsi un confident qui gardera précieusement son secret pour aider l'enfant à s'apaiser.

    L'avale-souci : un confident de confiance

     

     

    Pourquoi en faire un pour la classe ?

    Si j'ai voulu proposer un avale-souci à mes élèves c'est pour plusieurs raisons :

    - parce qu'il est important d'aider les enfants à mieux appréhender leurs émotions

    - parce que, outre le fait que le bien-être à l'école est un axe essentiel de ma pratique de classe, c'est également depuis quelques années mis en avant par les textes officiels

    - parce que je veille de plus en plus à équiper ma classe en faisant des "écolo-nomies" (c'est bon pour la planète et bon pour le porte-monnaie ;-p) et pour cela, rien de tel que le "fait-maison" (et en plus, je prends toujours beaucoup de plaisir à coudre, encore plus quand c'est pour les autres !)

    - parce que, au-delà de la gestion des émotions, cette peluche a beaucoup de potentiel pour servir en classe : mascotte de classe, supports de rituels, etc ...

     

    Comment fabriquer un avale-souci  ?

    J'ai confectionné les miens (oui car j'en ai cousu plusieurs ces derniers mois par ma famille et mon entourage) en suivant le tuto d'un patron acheté sur le site Makerist.

    L'avale-souci : un confident de confiance

    Je l'ai fait avec des chutes de tissus tous différents au toucher afin de pouvoir utiliser également l'avale-souci dans l'espace sensoriel et pour des séances de langage oral.

    Si la couture n'est pas votre truc et que vous ne pouvez/savez/voulez pas le confectionner vous-même, il est cependant possible d'en trouver sur internet.

    Le site HopToys en propose régulièrement (de deux tailles différentes il me semble).

    L'avale-souci : un confident de confiance

    L'avale-souci : un confident de confiance

    Sur Etsy également, des couturières en vendent et certaines proposent même de vous les faire "sur mesure", aux couleurs et tissus de votre choix.

    L'avale-souci : un confident de confiance

    En espérant que cet article aura pu vous aider, vous servir ou vous inspirer. ;-)

     

     

     

     

     


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  • Il y a des années où les élèves sont plus bavards et bruyants que d'autres. Cette année, ma classe se retrouve dans cette situation. Avant de lancer des activités en autonomie et du travail en demi-classe ou en groupe restreint, il a été nécessaire de travailler en priorité sur ce point sans quoi l'année risquait d'être ultra compliquée pour mes oreilles, ma voix et les leurs.

    La gestion du bruit en classe par le travail sur la voix

    Le bruit dans une classe est normal. C'est même à mon sens indispensable et rassurant car je considère la classe comme une ruche qui fourmille d'idées, d'envies et de progrès. Mais le fond sonore doit malgré tout être maîtrisé pour permettre des apprentissages efficaces.

    ATTENTION : Si vous cherchez une méthode miracle pour supprimer totalement les bavardages en classe, je préfère vous prévenir de suite que vous pouvez passer votre chemin. Cet article n'en proposera pas. Il vous présentera juste la façon dont j'ai procéder dans ma classe pour tenter de les réduire mais surtout pour les rendre moins gênants dans le contexte de classe.

    On trouve souvent dans les classes des baromètres sonores de diverses formes pour indiquer aux élèves le niveau de bruit dans la classe. C'est effectivement très pratique et cela peut fonctionner mais, depuis quelques années je trouve que ce système (que j'ai utilisé aussi donc je parle en connaissance de cause ;-)) s'essoufle. Dans mon quotidien en tous cas, mon public y est de moins en moins sensible.

    En réfléchissant un peu plus longuement sur les raisons de cette "non-efficacité", je me suis vite rendue compte que c'était assez évident :

    1) c'est MOI qui gère le baromètre en fonction de MON niveau de tolérance au bruit (qui n'est pas celui de tout le monde). Dans certaines classes, le baromètre est affiché en classe avant même la rentrée des classes et avant même que les élèves aient pu y dire un seul mot. Dans ces cas là, pour eux, il fait "partie du décor". Au même titre que le tableau ou les néons au plafond : il est là parce qu'il est là. C'est à la maitresse, elle l'utilise et ça s'arrête là. Ils ne mettent pas de sens derrière et c'est normal si ils n'ont pas pu éprouver son intérêt en amont de son installation.

    2) avec ou sans baromètre, les élèves ne se rendent pas compte du niveau sonore de la salle de classe. Certes, quelques-uns sont capables de verbaliser un "mal-être" en disant "j'ai mal à la tête ... il y a trop de bruit ..." ou autre mais, même en le disant aux autres camarades de classe (ce qui marchait bien jusqu'au Covid dans mon cas personnel), ceux-ci se calment un temps ... puis repartent de plus belle car ils ne se sentent pas concernés. Les élèves les plus bruyants ou bavards ne se rendent pas compte de l'effet que cela peut avoir sur les autres étant donné que, eux, ça ne les dérangent pas. C'est pourquoi il est d'abord indispensable de passer par une phase visant à faire prendre conscience du problème aux élèves.

     

    Etape 1 - La prise de conscience par la visualisation du bruit !

    Nous avons tous, en tant qu'enseignant ou simplement en tant qu'être vivant, une tolérance au bruit qui nous est propre. Elle varie d'un individu à l'autre et il s'avère que nos élèves sont des individus à part entière. Il sont leur propre tolérance et bruit. Cependant, il n'est pas évident pour eux de se rendre compte que ce niveau diffère de celui de tel ou telle camarade.

    Dire qu'il y a trop de bruit n'est pas suffisant pour que les élèves saisissent l'impact qu'il peut avoir sur certains de leurs camarades de classe.

    Le bruit reste une notion lié au monde de l'oral. Toutes les lectures que j'ai pu faire sur le langage oral m'ont permis de voir combien c'était difficile à évaluer. Il en va de même pour le bruit. Cela dépend de chacun !

    Aussi, pour essayer de mettre tout le monde d'accord sur cette notion et sensibiliser les élèves à une sorte "d'empathie auditive", j'utilise en classe les Bouncy balls.

    C'est une application gratuite accessible sur internet que j'avais découverte en formation il y a quelques années (mais il existe certainement d'autres appli semblables que je ne connais pas).

    Le principe est simple : plus il y a de bruit, plus les balles vont bouger.

    L'objectif est alors de faire en sorte que les balles ne bougent pas trop afin que chacun puisse travailler dans une classe calme et sereine.

    Voici l'écran quand il n'y a pas de bruit ...

    La gestion du bruit en classe par le travail sur la voix

    ... et quand c'est la foire à la saucisse au retour de la récré ! ;-p

    La gestion du bruit en classe par le travail sur la voix

    Il est possible de modifier la sensibilité du micro en fonction des activités qu'on mène ou de personnaliser l'écran en changeant les balles en smileys, œils, etc ... Ce dernier point relève de l'accessoire mais il fait toujours son effet.

    Grâce à cela, les élèves "voient" le bruit qu'ils font.

    Je leur dis que l'écran reflète l'état du cerveau de certains camarades sensibles au bruit.

    Ils se rendent alors vite compte, pour le ballet plus ou moins rapide des balles sur l'écran que le niveau sonore de la classe engendre de l'agitation dans la tête des autres et, à cause de ça, c'est compliqué pour eux de se concentrer.

    Une fois cette prise de conscience réalisée, on peut lancer avec les élèves des défis pour essayer de ne pas faire bouger les balles ou, au moins, les faire sauter moins haut. Même là encore, on peut vite se retrouver face à un mur car l'effet se dissipe vite pour une raison très simple : les élèves visualisent désormais le bruit mais ils ne savent pas le contrôler.

    Pour aider ensuite mes élèves à améliorer le niveau sonore de la classe, j'ai choisi d'orienter la réflexion et le travail collectif sur l'élément-clé, source principale de bruit dans la classe, dont ils sont directement maître : leur voix.

    Il est clairement évident qu'ils ne savent pas la maîtriser, qu'ils ne savent pas que celle-ci dispose d'une amplitude sur laquelle ils peuvent "jouer" (à la fois pour préserver les oreilles des autres mais aussi pour s'économiser eux-mêmes).

    Il faut alors prendre le temps de leur faire découvrir tout le potentiel de leur voix.

     

    Etape 2 - Comprendre en acquérant du vocabulaire

    J'ai d'abord présenté à mes élèves la chansonnette "Chuchoti, chuchota" (plus d'info chez Charivari), très connue, que j'ai utilisé lors de mes années en maternelle. Ils en étaient tous ravis ! Normal ! Ils la connaissaient bien étant donné qu'ils l'utilisaient eux aussi en maternelle !!

    Mais chassez le naturel, il revient au galop : une fois la comptine terminée, malgré mes propres chuchotements, ça repartait dans les tours en moins de 5 minutes ! :(

    En observant les élèves et en discutant avec eux lors d'un temps d'EMC dédié au sujet du bruit en classe, je me suis vite rendue compte que si le bruit ne baissait pas, c'était simplement parce qu'ils ne comprenaient pas ce que je leur demandais !

    Parler, chuchoter, murmurer, crier, présenter ...

    Pour eux, tout ça, c'est pareil ! Il n'y a pas de différence à leur sens. Ils n'en ressentent pas en vérité.

    J'ai donc décidé de mener avec eux des séances quotidiennes, très courtes, sur le vocabulaire de la voix (Je vous partage mon support dans l'image ci-dessous. Il est inspiré des séquences d'Apprentilangues mais n'est pas aussi abouti car il a été créé dans l'urgence en début d'année lol).

     

    La gestion du bruit en classe par le travail sur la voix

    Pour que les élèves comprennent, par lien de cause à effet, que pour agir sur le bruit, ils doivent d'abord agir sur leur voix nous avons mis en pratique ces termes de lexique lors de séances d'éducation musicale spécifique en répétant (et pas en chantant !!) les paroles de notre chant de la période selon des niveaux de voix différents. 

    Une fois que les élèves ont pris conscience du problème ET compris qu'ils pouvaient agir sur leur voix pour le bien de tous, il est possible de mettre en place un affichage explicite pour leur montrer clairement ce qui est attendu d'eux lors d'une activité précise.

     

    Etape 3 - Agir individuellement pour l'intérêt collectif

    Afin que mes élèves puissent savoir quelle "voix" ils peuvent utiliser, à quel moment et dans quel endroit, j'ai réalisé un affichage synthétique. Je l'avais créé il y a quelques années, inspirée par un document que j'avais vu sur un site internet mais je n'en retrouve plus la source exacte. (Si jamais l'auteur passe par là, qu'il n'hésite pas à me contacter pour que j'ajoute les références ici).

    Cet affichage reprend les symboles du vocabulaire étudié lors de la phase 2 (ou des pictogrammes, au choix selon vos besoins/envies et votre classe) pour les associer à une "jauge sonore" présentant les différents niveaux de voix explorés en classe.

    En voici le détail complet :

    La gestion du bruit en classe par le travail sur la voix

     Cliquez sur l'image pour accéder aux affichages

    La gestion du bruit en classe par le travail sur la voix

    Il y a 6 niveaux de voix différents. Cela peut sembler beaucoup pour des jeunes élèves mais ils s'en sortent très bien car, selon les moments de la journée ou le lieu où ils se trouvent, certains niveaux ne sont pas "disponibles".

    Par exemple :

    - le niveau 5 (voix de récréation) n'est possible qu'à l'extérieur (lors des temps de récréation, comme son nom l'indique ;-))

    - le niveau 4 (voix de présentation) s'utilise uniquement pour des prises de paroles bien précises et occasionnelles (quand on récite une poésie, qu'on fait un exposé où qu'on joue une scénette devant la classe).

    - le niveau 3 est utilisé lors des activités habituelles (atelier dirigé ou groupe classe)

    C'est uniquement sur les temps et espaces d'autonomie que les élèves doivent réellement opérer un choix et adapter leur niveau de noix (du 0 au 3).

    Pour les guider, j'affiche la ou les "voix" à respecter (au tableau ou dans les espaces concernés - couloir, fond de classe ...). Evidemment, le but est qu'ils deviennent autonomes et parviennent à s'auto-réguler. J'espère bientôt terminer cette phase de "modelage", qu'ils puissent progressivement se passer de ce guidage visuel  afin de parvenir à travailler dans le calme, sans trop de bruit.

    Mais chaque chose en son temps ... ;-)

     


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  •  Le bien-être à l'école est un sujet qui m'intéresse énormément et sur lequel je me documente beaucoup. J'ai récemment pu découvrir des méthodes de sophrologie spécifiquement dédiées à l'univers scolaire. Vous trouverez donc dans cet article des sites, méthodes, et liens vers des supports très simples à mettre en œuvre pour faire entrer la sophrologie en classe et, mieux encore, sans que cela ne soit chronophage.

    Mais d'abord ...

     

    La sophrologie, qu'est-ce que c'est ?

     

    La sophrologie est une méthode psychocorporelle utilisée comme technique thérapeutique ou vécue comme une philosophie de vie. Elle a été conçue par le neuropsychiatre Alfonso Caycedo et est inspirée de techniques occidentales comme orientales. Le terme SOPHROLOGIE, inspiré du grec ancien*, signifie étude de l’harmonisation de la conscience.

     

    Méthode exclusivement verbale et non tactile, la sophrologie emploie un ensemble de techniques qui vont à la fois agir sur le corps et sur le mental. Elle combine des exercices qui travaillent à la fois sur la respiration, la décontraction musculaire et l’imagerie mentale (ou visualisation). Toutes ces techniques permettent de retrouver un état de bien-être et d’activer tout son potentiel. La sophrologie permet d’acquérir une meilleure connaissance de soi et d’affronter les défis du quotidien avec sérénité. Cela peut ainsi se faire au sein de la salle de classe.

     

    La méthode "Bien dans sa classe"

    Quand la sophrologie en classe ...

     

    Les origines de la méthode

    "Bien dans sa classe est une méthode de sophro-pédagogie ayant été mise au point par un cabinet de professionnels situé à Marseille.

    Depuis plusieurs années, l'équipe reçoit au cabinet de nombreux enfants stressés par l’école, qui ont du mal à apprendre et à se concentrer.

    "Le moment des devoirs est souvent un supplice pour eux ainsi que pour leurs parents. Ils n’arrivent pas à trouver le sommeil, sont colériques, anxieux, et qui développent parfois une phobie scolaire."

    Les séances de sophrologie dont les enfants suivis bénéficient, les aident à se détendre. Les enfants se saisissent rapidement de la méthode et reproduisent les exercices chez eux ou en classe avant les évaluations.

     

    L'intérêt de la méthode en classe

    La méthode “Bien dans ma classe” a pour objectif de former les enseignants et les élèves à l’utilisation de ces techniques dans le cadre de la classe et afin de démocratiser la relaxation à l'école. Elle se base sur des valeurs de partage, de bienveillance et de respect des émotions de chacun. La pratique régulière des techniques qu'elle propose permet aux élèves de devenir autonomes face à leurs émotions, de se sentir plus sereins et plus concentrés.

    En intégrant un rituel de pause très courtes, à des moments précis de la journée, elle permet aux élèves de se détendre, pour mieux se concentrer sur les apprentissages.

    "Au primaire, les élèves découvrent les joies de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, il découvrent par la même occasion le stress, la pression, le rythme à suivre… Ils passent du stade de « petits qui jouent à l’école" à "grands qui travaillent tout le temps », situation qui engendre très souvent des problèmes de concentration, de mémorisation, d’élèves excités ayant du mal à se canaliser."

    L’intérêt de pratiquer la méthode en classe est (à l'instar des pratiques de cohérence cardiaque exposées ici) d’inciter les enfants à faire les exercices sans complexe et à les utiliser à chaque moment de tensions et de stress. Ils intègrent donc de nouvelles routines apaisantes dans un cadre scolaire.

    La méthode « Bien dans ma classe » est conçue  pour que les élèves et les enseignants puissent se sentir heureux à l’école, qu’ils trouvent des outils concrets à utiliser tout au long de la journée, pour se détendre, mieux mémoriser et favoriser la cohésion du groupe par la pratique de jeux de rôle pour développer l’empathie.

    La méthode est basée sur des techniques de sophrologie, de pédagogie-positive, de brain gym et de méditation.

    La sophrologie en classe

     

    Ces pratiques permettent de développer de multiples capacités chez l'enfant :

    La sophrologie en classe

     

    La formation des enseignants

    Pour améliorer le bien-être des élèves en classe, leur site internet propose une formation clé en main avec :

    - Un livret complet contenant la description et le mode d'application de chaque outil du rituel. Les techniques de 8h, 14h et 16h sont à appliquer tous les jours pour que les élèves puissent les assimiler, et qu'ils en ressentent les bienfaits. Les autres sont à utiliser à la demande en fonction de l'état émotionnel de la classe.

    La sophrologie en classe

    - Des vidéos explicatives de toutes les méthodes proposées dans le livret

    La sophrologie en classe

    - L’accès à une communauté et des échanges par Skype pour poser toutes les questions subsistantes.

    Pour cela, il est d'abord nécessaire de prendre contact avec l'équipe via leur site internet afin de pouvoir ensuite télécharger le kit complet dans l’espace enseignants et vous former à votre rythme.

     

     

     

     "Les explorations de Céleste"

    La sophrologie en classe

    "Grandir avec joie" est un autre site qui m'a permis de découvrir des supports efficaces et pertinents pour faire entre un peu la sophrologie en classe.

    Il s'agit du site internet de Noémie Rosette-Pein, sophrologue spécialisée auprès de jeunes enfants.

    Outre son cabinet et son site internet, Noémie est également l'auteure de contes audio pour enfants de 5 à 12 ans, projet ayant été testé et approuvé par des professionnels de l’éducation et de la santé (enseignants, orthophoniste, pédiatre, infirmières, psychologue, psychanalyste et sophrologue).

    J'ai ainsi pu utiliser au sein de ma classe ses contes audios intitulés "Les explorations de Céleste". 

    Vouc trouverez ci-dessous la vidéo de présentation du concept développé par Noémie Rosette-Pein qui vous donnera plus de détails. ;-)

    Tous les contes audios sont disponibles sur la chaîne Youtube du même nom.

    Quand la sophrologie entre en classe ...

    Cette pratique est très simple à mettre en place en classe car les enfants sont entièrement guidés par la voix de Céleste dans leur posture, dans leur respiration, etc ...

    Quand la sophrologie entre en classe ...

    La sophrologie en classe

    Voilà donc quelques petites pistes de recherche et de réflexion qui pourraient vous plaire dans le cas où le sujet du bien-être à l'école et, plus particulièrement, de la sophro-pédagogie vous intéresse.

    Si vous avez d'autres éléments de réflexion, n'hésitez pas à me les transmettre en commentaire afin que je puisse parfaire mes propres documentations sur le sujet. ;-)


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  • Depuis plusieurs années, j'ai abandonné tout système de comportement en classe pour un fonctionnement qui relève plus de l'éducation des comportements" que de la "gestion". Cette année j'ai opté pour un nouveau type d'affichage-référent : la boussole.

    L'an passé, dans cet article, je vous expliquais la façon dont je comptais organiser la gestion de ma classe et vous glissais également les liens vers les articles qui éclairaient mon choix d'abandonner les systèmes de gestion de comportement (de type météo, couleurs, personnages ...), que j'ai moi-même utilisé un temps mais avec lesquels je n'ai jamais été vraiment à l'aise.

    Les deux dernières années, je n'avais donc affiché aucune règle de classe, ni positives, ni négatives.

    Seule une devise ou un slogan, choisis par/avec les élèves, figurait au mur et résumait les grandes lignes directrices de notre classe (Respect, Partage, Aide ...).

    Ce fonctionnement relavant, à mon sens, plus des fonctions incombant à mon métier (oui car ATTENTION SPOILER  : je suis enseignante, pas gendarme ou chien de berger lol) me satisfait parfaitement.

    Mais alors, comment faire quand ils adoptent un mauvais comportement ?

    Et bien quand ils font n'imp' (oui parce que bon, on ne va pas se mentir ou tourner mille ans autour du pot, c'est souvent ce que notre petite voix nous dit : "Mais qu'est-ce qu'il/elle fait bon sang de bonsoir de bor...?" voili voilou hein !) et qu'on n'a plus de système de gestion des comportements, il faut se munir de plusieurs outils qu'on a souvent sur nous (NON, pas les mains ! C'est tentant mais c'est non ! Même si elles sont encore plus facilement accessibles ! C'est plus de problèmes que de solutions au final. Pour nous surtout ! :-S) :

    une bonne respiration avec les yeux fermés histoire de ne plus voir la source du litige le temps de faire retomber la pression ;-p

    de la patience (pas toujours facile à avoir sur soi mais si on ferme bien fort les yeux il est possible qu'elle vienne nous faire coucou en image mentale ;-))

    et un objectif personnel motivant : "Allez, je respire, je prends le temps et je me répète en souriant "Ce n'est pas grave, ce soir je mange de la raclette* ! Je répèèèète ... Ce n'est paaaaas grave, ce soir je mange de la raclette !" :-D

    * peut être remplacé par "Tout va bien, je sors au ciné avec mes amies ce week-end" ou "La nouvelle saison de ma série est arrivée sur Netflix !" ou toute autre élément extérieur à l'école qui vous rend heureux mais, surtout, surtout, SURTOUT, on évite tout ce qui est en lien avec le ménage, les lessives, le repassage, les activités extra-scolaire des enfants, toussa, toussa, car, vraiment, ça n'aide absolument à relativiser ! Mais genre VRAIMENT PAS ! #casentlevecu

    Donc, une fois que j'ai pris sur soi, que je pense à ma petite raclette, ma télé et tout le reste, je demande à l'élève de m'expliquer son comportement (en effet, de nombreuses situations m'ont déjà prouvé que la notion de vérité est souvent très difficile à définir selon les points de vue. Chacun à SA vérité et une mauvaise interprétation est possible. L'écoute et l''échange reste la base d'une bonne relation et d'une éducation constructive.)

    Ensuite, l'élève est placé devant la devise ou le slogan pour réfléchir à l'élément qu'il n'a pas appliqué. (Selon les situations, il est possible de faire formuler le comportement adéquat qu'il aurait dû adopter et/ou qu'il adoptera à l'avenir.).

    L'élève peut aussi avoir à réaliser un geste réparateur  dans le cas où son comportement aurait causé du tord à quelqu'un ou autre. (l'affiche des Editions Pirouettes peut donner des pistes de ce qu'il est possible d'envisager selon les situations)

    Mais ça doit te prendre un temps fou au quotidien à chaque "déviance" ?

    Alors oui ! On ne va pas se mentir, c'est long à mettre en place tant dans l'invention de la devise que de la mise en œuvre en classe. Sans doute plus même qu'un système de gestion "classique".

    Mais on en gagne par la suite, vraiment !

    Par ce système, il est possible de réaliser une réelle éducation des comportements (attention, je ne parle pas ici du rôle des parents, de leur influence, de ce qu'ils ont fait ou pas, de ce qu'ils font ou pas, ce n'est pas le sujet d'ailleurs. Je parle purement et simplement ici du devoir de l'Ecole qui est un des premiers lieux de vie collectif de chaque individu et qui doit préparer ces mêmes individus à devenir des citoyens, au sein d'une société.)

    Même si parfois c'est dur (car nous avons tous nos jours avec et nos jours sans, que les élèves AUSSI en ont et que la fatigue se fait parfois plus forte et parlante que la raison, pour eux comme pour nous), avec le recul et les "expérimentations" auprès des classes pas toujours évidentes à gérer (dans mon contexte particulier d'enseignement en tous cas), je vois bien les effets positifs de ce fonctionnement qui ne me fait très rapidement plus "perdre de temps".

    Le fait que cela se fasse relativement vite ne relève pas du "miracle pédagogique det Noël". Cela vient surtout du fait que rien dans ce fonctionnement ne leur est imposé. Je ne leur dit rien (mis à part des termes de vocabulaire qui leur manque pour développer leurs idées). C'est au fil des discussions et des débats que leurs idées arrivent et que nous les mettons sur papier ensemble.

    Quand on fait les choses nous-mêmes après autant d'heures de travail, on a envie d'en prendre soin. Du fait qu'ils sont eux-mêmes à l'origine des valeurs à respecter au sein de la classe, les enfants s'y plient assez rapidement. 

    D'autant que, par ce fonctionnement, je ne suis plus le "seul maître à bord". Chaque élève est libre de conduire un de ses camarades devant la devise pour lui signifier, lui rappeler qu'il n'a pas respecté les valeurs collectives décidées ensemble et que de ce fait il entrave le bon déroulement de la vie de tous.

    Le but n'est pas de demander aux élèves de rédiger des règles qui seront la base de jugement de l'enseignant ensuite. Cela reviendrait à leur donner du bois brut pour qu'ils en fassent des bâtons afin qu'on les frappe avec. Cela n'aurait aucun sens !

    L'idée serait plutôt de leur laisser ce bois brut pour qu'ils en fassent un grand feu autour duquel chacun pourra venir, rire et plaisanter en grillant des chamallows. L'enseignant compris !

    (Ben oui, j'aime bien les chamallows, je vais pas me priver alors que j'ai fourni le bois non ?! ;-p).

     

    Et la boussole dans tous ça ?

    Cette année je compte donc poursuivre dans cette même voie qui me satisfait bien plus que les systèmes de pertes ou de gains de points (ou autre) qui sont (mais cela reste bien sûr mon avis purement personnel) à la fois chronophage pour l'enseignant quotidiennement ou hebdomadairement (je ne sais pas si ce mot existe mais tant pis) et, surtout, bien loin de la réalité qui les attend hors de l'école.

    Pour cette nouvelle rentrée, j'ai choisi d'abandonner l'idée de la devise pour me tourner vers une autre approche plus symbolique : la boussole.

    Cet été j'ai pu visiter la Eis-Schoul, une école fondamentale luxembourgeoise fondée sur la pédagogie inclusive dont j'ai adoré l'approche en terme de comportements (il y avait pile poil tout ce que j'adore ! <3). Cette école dispose d'une charte, rédigée à la fois par les enseignants, les élèves, les parents d'élèves et les éducateurs intervenant dans l'école. Bref, par TOUS !

    L'ensemble des valeurs de l'école est définit dans cette charte et résumé dans un seul instrument très évocateur : une boussole !

    La boussole du "Bien vivre ensemble"

    Pour bien saisir l'importance de la boussole, il faut partir de la définition même de l'objet :

    Une boussole est un instrument doté d'une aiguille aimantée qui se dirige toujours vers le nord. Elle permet à chacun de se repérer et d’aller dans la bonne direction.

     

    Elle est donc, dans le contexte de la classe, un repère pour aider les élèves à guider leurs comportements vers le "bien vivre ensemble", dans l'intérêt de tous.

    J'ai donc, dès la rentrée, affichée en classe la boussole entièrement vierge afin laisser aux élèves la possibilité de l'investir. Plusieurs séances d'EMC ont été menées en classe sur les "bons et les mauvais  comportements", "les émotions", ... avec régulièrement des retours sur des évènements vécus dans la classe ou dans la cour pour leur faire prendre conscience que "vivre ensemble" nécessitait des accords de base. Plusieurs débats ont ainsi menés à l'émergence de valeurs qui réunissaient la majorité d'entre eux : le respect, les efforts, le plaisir, le soutien ont été les 4 premières à émerger.

    NB : Au départ j'envisageais de ne mettre en place que 4 "directions" et donc 4 valeurs mais c'était sans compter sur la motivation et les idées toutes intéressantes de plusieurs élèves qui souhaitaient faire figurer plus de termes pour que la boussole puisse être le plus parlante possible. Donc, il y en a eu 4 autres. ;-)

    Nous avons donc décidé de mettre en mots 8 valeurs. Les voici, accompagnées des définitions (décidées en EMC et propres à notre vision du "Vivre ensemble" cette année) :

     

    Netteté : Chaque information, chaque but, chaque élément doit être exprimé de manière claire et compréhensible pour être accessibles à tous.

     

    Respect : Cela veut dire que nous vivons et travaillons ENSEMBLE en tenant compte des limites de chacun.

     

    Empathie : Ce mot fait penser aux émotions. Il veut dire qu'il est essentiel d'écouter les autres, de se mettre à leur place pour percevoir ce qu’ils ressentent et pour essayer de les comprendre.

     

    Tous capables : Ce mot fait le lien avec notre marché de connaissances. Il nous rappelle que rien n'est impossible. Chacun de nous a des compétences et mérite d’avoir une chance de les montrer.

     

    Soutien : Il est important d’apporter son aide aux autres quand ils en ont besoin et d'être présent pour eux car ils le feront aussi si nous avons besoin d’aide un jour.  

     

    Plaisir : Dans notre classe, chacun soit se sentir à l'aide et bien dans sa peau. Nous devons tous faire en sorte que chacun soit heureux de venir apprendre, chaque jour.

     

    Organisation : Elle veut dire qu'il est important de prendre soin de son travail et du matériel pour que tout le monde s’y retrouver et en profite dans de bonnes conditions. 

     

    Efforts : On essaye, on ne baisse pas les bras puisqu'on est Tous capables ! Il est important de croire en nous pour réussir.

     

    NB : L'ordre des valeurs sur la boussole n'a pas vraiment d'importance mis à part le fait d'avoir placé les mots commençant par S, E et O sur les positions du Sud, de l'Est et de l'Ouest pour que la boussole puisse servir de pense-bête en QLM. C'est d'ailleurs pour cette même raison que nous avons choisi le mot "Netteté" à mettre au Nord au lieu du mot "Explication" prévu au départ. Avec les enfants, nous ne savions pas trop si cela se disait vraiment mais pour nous cela avait du sens donc nous l'avons gardé. ;-).

    Chaque valeur s'accompagne, à la demande des élèves, d'un petit dessin qui la rend facilement identifiable.

    La boussole du "Bien vivre ensemble"

     

    La place de la boussole dans la classe

    Si les devises de classe étaient affichées en hauteur et à la vue de tous les années passées, il en est tout autre cette année. En effet, les enfants m'ont demandé de la mettre plus bas pour qu'ils puissent la manipuler en tourner l'aiguille, quand cela leur semble nécessaire pour indiquer eux-mêmes à un camarade la valeur bafouée.

    Ils ont donc choisi de la placer sous le tableau de la classe, face au coin regroupement pour une raison qui se suffit à elle-même :

    "C'est devant le tableau qu'on se regroupe et qu'on travaille tous ensemble. "La boussole pour vivre ensemble" devrait se trouver là du coup !"

    La boussole du "Bien vivre ensemble"

    Voilà donc notre boussole terminée (après une période entière de réflexion dessus !) et accompagnée des détails décidé en EMC (oui parce que parfois la maitresse se fait âgée et ne se souvient plus trop de tout ce qui avait été dit lors du conseil de classe donc un petit pense-bête est toujours le bienvenu ! ;-p).

    Reste à savoir ce que la boussole indiquera l'an prochain ... ;-) 

    Voici, à titre indicatif pour les intéressé(e)s (car comme spécifié maintes fois dans cet article, tout l'intérêt de ce fonctionnement réside dans l'implication des élèves) les documents qui m'ont servi à créer l'affichage de notre boussole de classe. Peut-être cela pourra vous servir pour démarrer la démarche avec votre propre classe autour d'une boussole vierge.

    NB : La boussole de base a été imprimée sur une feuille A3 (la version A4 était vraiment très petite pour être lisible et compréhensible). ;-)

    La boussole du "Bien vivre ensemble"


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