• Cette année je tente de mettre en place en EMC des séances un peu particulières de discussions, étude de cas, débats … afin de mettre en place un réel temps d’éducation à l’empathie.

    L’empathie qu’est-ce que c’est ?

    C’est la capacité à ressentir les émotions de quelqu'un d'autre, à se mettre à la place d'autrui.

    L'empathie a deux formes principales :

    • l’empathie cognitive qui consiste à comprendre les idées d'un autre
    • l'empathie émotionnelle qui consiste à comprendre et à partager les sentiments d’autrui.

     J'ai personnellement décidé de me pencher plus particulièrement sur la deuxième sorte d'empathie avec mes élèves cette année pour plusieurs raisons.

     

    Pourquoi vouloir « enseigner » l’empathie ?

    Si l’empathie est un sujet qui m’intéresse beaucoup depuis un moment (notamment depuis que je suis devenue maman), je ne me suis réellement penchée sur son enseignement à l’école qu’en septembre.

    En effet, je me suis retrouvée face à un groupe classe que l’on pourrait sans peine qualifier de « difficile », avec plusieurs élèves plutôt perturbateurs et ayant de nombreuses difficultés de gestion du comportement.

    Les violences en tous genres (physiques et verbales), l’insolence, les regards défiants et les gestes déplacés envers les adultes de l’établissement étaient des éléments d’expression naturels pour une grande majorité de mes nouveaux élèves.

    Malgré toutes mes lectures autour des comportements et des troubles associés, malgré toutes les choses mises en place dans ma classe pour offrir un cadre serein de maitrise de leur comportement, je me suis vite sentie perdue et démunie face à ces élèves à l’attitude « incroyable pour des CP ».

    Eduquer à l'empathie par les émotions   Eduquer à l'empathie par les émotions        Eduquer à l'empathie par les émotions

    J’ai un temps songé à remettre en place un système de gestion du comportement qui ferait perdre des points ou en gagner, comme j’avais il y a quelques années et qui est bien connu dans les classes en général, mais je n’ai pas pu m’y résoudre car :

    • Tout d’abord, étant donné l’ampleur des « écarts » aux règles auxquels je devais faire face en classe, il m’aurait fallu une bonne vingtaine de niveaux différents pour établir une échelle viable. Cela aurait été une perte de temps et d’énergie considérable pour moi (et j’étais déjà bien assez épuisée sans cela !)
    • Ensuite, je ne voulais pas tomber dans un système d'obéissance pure et simple. A l’école et même au-delà, dans la société, tout est basé sur l'obéissance à la loi, aux règles : « Tu ne dois pas frapper ton camarade parce que c’est interdit par les règles de l’école ». Je voulais absolument éviter cette obligation "bête et disciplinée" et vraiment garder dans ma classe un esprit positif selon lequel, si je ne peux pas frapper un camarade c’est avant tout parce que ce camarade est un alter ego, un être humain comme moi, qui mérite un traitement bienveillant, comme moi. Je pourrais être lui et il pourrait être moi, demain, dans une situation inverse mais similaire.
    • pour finir, cela m’aurait demandé de renier tout ce en quoi je crois en termes de comportements. Je ne pouvais pas faire un tel pas en arrière. Je ne m’y autorisais pas. Comment aurais-je pu faire un trait sur autant de convictions à la première difficulté ? Cela m’était impossible. Quand on croit en quelque chose, on lève la tête et on y va.

    J’ai donc finalement décidé de retrousser mes manches plutôt que de me laisser abattre ou dépasser et je me suis réfugiée dans une alternative que je maitrise assez bien et qui devait pouvoir offrir à ma classe une marge de progression conséquente : ENSEIGNER !

     Mais comment faire ? Les situations étaient tellement variées et explosives que je ne voyais d'abord pas comment j'allais pouvoir agir efficacement. J’ai donc sortir mon cahier de maitresse et mes fiches de suivi individuel pour observer mes petites têtes blondes, brunes et noires et prendre des notes. J’ai très vite pu remarquer des éléments récurrents et des difficultés majeures qui étaient :

    • la non-maitrise de l’impulsivité : les élèves posant des difficultés ont un comportement qui peut être sans peine qualifié d’éruptif. Le moindre haussement de sourcil d’un camarade peut les faire sortir de leur zone de calme et partir dans des excès de violence extrême.
    • la non-compréhension de leurs propres émotions : plusieurs élèves ne parvenaient pas à mettre de nom sur leurs émotions. Tristesse et colère étaient identiques à leurs yeux. Rire était toujours synonyme de moquerie pour eux ce qui causait bon nombre de conflits.
    • un égocentrisme très fort : les élèves présentant le plus de résistance étaient en général très « égoïste ». Jamais ils ne portaient de regard sur les autres (ou alors uniquement négatif suite à une altercation).

    J’ai dans un premier temps cherché de l’aide autour de moi en parlant avec mes collègues, en prenant contact avec les enseignants précédents des élèves, ... Soupçonnant des troubles du comportement pour certains mais n’étant pas formée à les diagnostiquer moi-même, j’ai monté des dossiers bien fournis et détaillés de demandes d’aides au RASED, élaboré des PPRE, anticipé des PAP, rencontré les parents pour mettre en place une co-éducation efficace, etc … Bref, j'ai fait absolument tout ce qui était en mon pouvoir d'un point de vue administratif mais, n’ayant plus de psychologue scolaire ni de maitre G dans mon école et ne sachant du coup pas quand des bilans pourraient être faits pour envisager une suite et un suivi pertinent pour chacun des enfants concernés, je ne pouvais pas rester les bras croisés à ne rien faire et à attendre qu'un miracle opère. J’ai donc sorti mon ordinateur pour chercher ce que je pouvais faire de plus, au quotidien, pour améliorer le climat scolaire mais, aussi et surtout, aider mes élèves à mieux se maitriser dans l’avenir.

    L’éducation à l’empathie m’est alors apparue comme une solution adaptée à mes constats et aux besoins de mes élèves.

    Oui car en fait le problème venait de là.

    Ces élèves n’avaient que peu d’empathie.

    Je m'interdis à dire qu'ils n'en ont pas car j'ai pu lire beaucoup d'articles sur le sujet et appris que l'empathie est en quelque sort "innée". Voici un petit reportage qui pourra sans doute vous éclairer sur la questions.

     

    Et là, j’entendais déjà les remarques de Grand-Tonton, le dimanche midi chez mamie, me venir aux oreilles : « Mais y a pas d’histoire d’empathie ou quoi, ou qu’est-ce ! C’est les jeunes d’aujourd’hui qui ne sont plus éduqués … et ils font n’importe quoi … et ils sont sur leurs tablettes toute la journée … de mon temps on jouait dehors, on ne faisait pas tout ça … et bla bla bli et bla bla bla. ».

    Alors oui, Grand-Tonton. Tu as raison. De ton temps, tu ne jouais pas sur la tablette. Tu ne pouvais pas. Il n’y en avait tout bonnement pas ! Le fait est qu’aujourd’hui, il y en a. Que tu le veuilles ou non, c’est comme ça. Ca s'appelle le XXième siècle. Les tablettes, les ordinateurs, les smartphones, etc … ça existe ! Et que les enfants en aient entre les mains ou non, ils naissent tous dans un monde où ces éléments font et feront partie de leur quotidien de vie et de travail. Donc plutôt que de critiquer et de jeter la pierre sur les autres parce que c'est tellement plus facile que de balayer devant sa porte, je préfère essayer de réfléchir à la question pour tenter de faire avancer le schmilblick. Rester là à faire des constats qui ne servent à rien, à émettre des critiques alors que je n'ai pas de solutions pour améliorer les choses, ce n'est pas mon truc et, mis à part à brasser du vent, ça ne sert pas à grand chose.

    Donc, voilà les faits, les vrais : Les élèves du XXIème siècle vivent à une époque où tout va vite, où tout change constamment. Ils appuyent sur un bouton et HOP ! Quelque chose se passe. Action, réaction ! Entre les deux, pas de réflexion nécessaire. Ca se fait, c'est tout, c'est comme ça. (Quelqu'un a fait en sorte que cela puisse se produire bien sûr, mais ce travail de réflexion n'est pas du ressort de l'utilisateur. Lui il profite seulement de ce travail.) En fait, j'ai finalement pu remarquer que mes élèves agissent pareil en terme de comportement. On les regarde. Ils frappent. Action, réaction ! Entre les deux, pas d’observation, pas d’analyse, pas de relation.

    Ainsi, avant que mes élèves puissent se mettre à la place des autres et les considérer comme des êtres à part entière, dotés de sentiments, d’émotions et des volontés propres, ils devaient d’abord apprendre à prendre le temps de se connaître, de passer du temps ensemble et de créer des liens entre eux.

    Non seulement, cela leur servira en classe dès aujourd’hui, mais cela leur sera indispensable quand ils entreront dans le monde du travail demain.

    La compréhension des sentiments et des points de vue des autres est le fondement d’une bonne communication, d’un esprit d’équipe.

    Concernant l’empathie, deux sources me sont rapidement apparues comme incontournables. Il s’agit des travaux de Catherine Gueguen et du sociologue Omar Zanna. Leurs travaux sont tellement riches que je ne pourrais vous les résumer ici. Je vous glisse donc en priorité les liens vers leurs vidéos et certains de leurs ouvrages que j'ai pu découvrir (merci les copines pour le prêt ;-)) afin que vous puissiez vous faire une idée précise de leur travail et de ce qui me sert de base de travail avec mes élèves.

     

    Eduquer à l'empathie par les émotions   Eduquer à l'empathie par les émotions

    Document Eduscol suite à une expérimentation du livre

     

    Voici un ouvrage de O. Zanna et B. Jarry qui est cité en référence sur le sujet partout mais que je n'ai pas pu lire (Il est malgré tout dans ma liste de lectures à venir ;-)).

    Eduquer à l'empathie par les émotions

    Je me suis aussi inspirée des activités proposées dans les ouvrages de la collection "Le cabinet des émotions" de Stéphanie Couturier (éditions MARABOUT) que j'avais découvert sur le blog de La Maitresseuh. Un des ouvrages est centré sur l'empathie et les autres sont spécifiques à différentes émotions (colère, peur,  confiance en soi ...).

    Eduquer à l'empathie

    Ces petits ouvrages à moins de 6€ sont de véritables petites mines d'or, des boites à outils normalement destinées aux parents mais dont les activités sont tout à fait réalisables en classe pour améliorer le climat scolaire et aider les élèves à gérer leurs émotions et à résoudre leurs problèmes ensemble.

    J'ai aussi pu découvrir grâce à ma collègue Un tour en ULIS et à l'ouvrage "Troubles du comportement en milieu scolaire", le jeu des Trois figures.

    Eduquer à l'empathie

    C'est une activité théâtrale créée en 2007 par Serge Tisseron pour lutter contre les effets délétères de la surconsommation d'écrans en développant la réflexion critique, et en encourageant les compétences exécutives et l'empathie de la maternelle au collège. Il est appelé ainsi en référence aux trois personnages de l’agresseur, de la victime et du tiers, qui peut être simple témoin, redresseur de torts ou sauveteur. Ce jeu ne peut être pratiqué qu'après une formation reconnue par un diplôme. Si ma collègue bénéficie d'une intervention reconnue pour pratiquer ce jeu avec sa classe régulièrement, je n'ai pas pu personnellement le pratiquer avec mes propres élèves. Pour me consoler, j'ai cherché sur le net et j'ai regardé des vidéos sur le sujet. Je m'en inspire un peu pour élaborer des activités mêlant théâtre et EMC car il se trouve que mes élèves se révèlent dans les activités artistiques, notamment la comédie. Les séances menées avec la méthode Narramus en compréhension de texte m'ont permis de les découvrir sous un autre angle et l'utilisation de la mise en scène est un excellent moyen de mettre à jour des éléments qui ne sautent pas aux yeux des enfants "sur le vif".

     

    En étudiant la liste des éléments sur lesquels agir pour développer l'empathie en classe, j’ai pu me rassurer un peu. Le long travail mené depuis plusieurs années sur l'aménagement de classe, le changement de pratique ... m'offraient de "bonnes bases" et beaucoup de clés pour faire aboutir ma démarche :

    • repenser ses pratiques : centres d'autonomie, changement de posture de l'enseignant ...
    • revoir l’espace classe : classe flexible, pôles d'apprentissage ...
    • développer des dispositifs pour réguler ses émotions : activités EMC sur les émotions, centre du calme, outils d'aide à la concentration (casques, brise-vue ...)
    • changer sa façon d’évaluer : fin des évaluations sommatives, mise en place du cahier de progrès ...
    • mettre en place une pédagogie coopérative : activités d'EPS pour mieux se connaître, mise en place du tutorat et de l'entraide ...

    En novembre dernier, l’académie d’Amiens a publié une "fiche de route" à destination des enseignants afin de promouvoir l’empathie en classe. Elle reprend les éléments cités plus haut en les organisant de manière à créer une logique de mise en palace en classe. Voici donc les 3 étapes principales conseillées pour établir une éducation à l'empathie en classe :

    1. Se préparer (phase spécifique de l’enseignant)
      • Créer un espace sûr
      • Développer des compétences émotionnelles
      • Montrer l’exemple
    2. S’engager
      • Jeux en groupe
      • Raconter des histoires
      • Immersion
      • Résolution collective de problèmes
    3. Réfléchir et agir
      • Identifier les valeurs communes et les différences
      • Instiller du courage
      • Permettre l’action

     

    Le travail sur les émotions

    Comme spécifié dans la fiche de route ci-dessus, pour développer l’empathie, un gros travail préalable sur l’identification des émotions est nécessaire. C'est sur ce point que j'ai accès de nombreuses séances de classe en EMC, en compréhension de textes, ...

    Durant la première période de l’année, les séances de travail sur les émotions se sont basées sur des albums de littérature de jeunesse. Beaucoup d’entre eux parlaient de la colère car c’est l’émotion que posait le plus de difficulté à mes élèves.

    Voici un petit tour des albums que j’ai pu faire découvrir à mes élèves ainsi que quelques liens vers des supports d’exploitation que j’ai pu utiliser. (Là encore, merci aux collègues et copines pour les prêts).

     

    Eduquer à l'empathie par les émotionsEduquer à l'empathie par les émotionsEduquer à l'empathie par les émotionsEduquer à l'empathie par les émotionsEduquer à l'empathie par les émotions

    Voici un lien vers le blog La classe de Luccia et une séquence de travail sur la Couleur des émotions "façon Narramus". Merci à la collègue pour ce super boulot qui m'a énormément aidé dans ma démarche !!

    Un gros travail "sur le vif" a été réalisé avec les élèves qui en avaient le plus besoin : "débriefing" après un comportement déviant, réflexion individuelle ou collective (selon les cas) ...

    Une fois que mes élèves avaient pu découvrir tous les secrets de leurs propres émotions, il a fallu mener avec eux un travail d’analyse des émotions des autres. Comme je le disais précédemment, mes élèves étaient très impulsifs et ne prenaient pas le temps d’observer leur camarade pour bien saisir leurs émotions et leurs volontés d'action. Pour se faire j’ai créé un petit diaporama permettant de faire comprendre aux élèves qu’il faut réfléchir avant d’agir et observer avant de tirer des conclusions hâtives. Dans ce diaporama, les émotions sont toujours analysées de la même façon afin que les élèves puissent établir un processus d’analyse des émotions.

    1. Découverte d'un visage

    2. Repérage d'une émotion

    3. Analyse des indices corporels 

    4. Recherche des causes de l'émotion

    5. Anticipation des actions possibles

     

    Eduquer à l'empathie par les émotions

     

    Pour conclure, je pense qu'enseigner et développer l’empathie en classe n’est pas à sens unique.

    Les élèves y gagnent beaucoup et les progrès sont visibles au sein de ma classe. Ils peuvent se voir chez certains élèves dont le comportement a vraiment radicalement changé, dans le meilleure sens possible. Pour d'autres, les évolutions et les progrès sont sensibles mais bien là malgré tout. Chacun son rythme. Laissons faire le temps.

    L’enseignant y gagne aussi beaucoup. Peut-être même plus que les élèves. J’y gagne personnellement énormément chaque jour. Développer l'empathie c'est un peu de l'auto-formation en direct sur le terrain. Par cet enseignement particulier, je découvre mes élèves sous un nouveau jour. Ils se révèlent en me révélant de manière plus ou moins explicite des éléments qui me permettent de mieux les comprendre, des éléments qui, une fois décryptés, permettre de mettre à jour bien des explications sur des éléments passés.

    Il est indéniable que je développe également ma propre empathie. Je pensais en avoir. J’en avais très certainement. Je peux encore en avoir plus. Je pense à présent que l’empathie n’est jamais totalement acquise.

    Tout peut toujours être amélioré. Même l’empathie.


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  • Cette année, j'ai dans ma classe un petit groupe d'élève ayant beaucoup de mal à se concentrer sur leur travail écrit ...

    Pour tenter de les aider au mieux à se concentrer sur leur fiche de travail, j'ai mis mon papa a contribution (encore !) et lui ai "commandé" un brise-vue.

    Fabriqué à partir d'une petite planche de bois de récupération, de deux charnières "piano" et de quelques vis, ce brise-vue se place autour du poste de travail d'un élève, cachant ainsi le reste de son champ de vision.

    Il n'est ainsi plus distrait par Pierre qui fait une activité trop chouette sur l'ordinateur, Mathilde qui efface son ardoise avec l'éponge magique ou Gustave qui se met le doigt dans le nez (Oui c'est dégoutant mais c'est fréquent ! ...  ;-p).

    Ce petit bricolage m'a été inspiré par ma collègue Maitresse Evie qui en avait fabriqué un l'an passé pour un élève à besoins éducatifs particuliers.

    Celui-ci, il n'est pas attribué à un élève en particulier (pour le moment, on verra si cela devient nécessaire ou non) et est mis à la disposition de tous. Il a ainsi déjà été utile à plusieurs élèves qui sont parvenus à terminer leur travail dans les temps.

    Afin que les élèves auxquels je pensais en parlant de ce brise-vue à mon papa ne se sentent pas spécialement visés, j'ai présenté l'objet en classe entière et fait une démonstration sur la table de plusieurs élèves différents pour montrer qu'il pouvait aller partout et pour tout le monde. ;-)

    Je le laisse pour le moment volontairement "nu", sans décor ni peinture car, dans le cas où il deviendrait nécessaire de l'attribuer à un élève en particulier (pour des raisons qui peuvent être très diverses selon les classes, les élèves ...), j'aimerai que l'élève concerné puisse le décorer lui-même pour se l'approprier et s'en faire un "allié" pour ses apprentissages. ;-)

    Et puis, au pire du pire du pire ... je suis certaine que mon papa a d'autres planches qui cherchent preneur quelque part dans sa cave ... ;-p

     

     


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  • L'an dernier, suivant les conseils de cet ouvrage, j'ai opté pour un sigle de classe. Cette année je renouvelle cette expérience qui s'était avérée vraiment pertinente.

    L'objectif "REP+" avait guidé la vie de ma classe l'an passé. Je vous en disais plus juste ici.

    Cette année, j'ai retiré cet affichage de mes murs afin de permettre à mes nouveaux élèves de mener leur propre réflexion sur les comportements, leurs effets qu'ils peuvent avoir ...

    Cette année, les mots qui sont ressortis de nos échanges ont été :

    Partage

    Aide

    Respect

    Coopération

    Bon j'avoue ... En vrai, les élèves avaient proposé "Collaboration". Mais l'historienne de formation que je suis n'apprécie pas trop ce mot ... (Et mon grand-père m'en aurait voulu de l'afficher sur les murs de ma classe je pense ...) J'ai donc proposé "Coopération" et les élèves ont validé ! Ouf ! ;-p

     

    Comme l'an passé, j'ai mis en place l'affiche à l'entrée de la classe afin de l'avoir toujours sous les yeux et j'ai inscrit dans chacune des lettres les termes proposés par les élèves. Ces lettres ne sont volontairement pas plastifiées afin que nous puissions rajouter des éléments si cela s'avère nécessaire au cours de nos apprentissages de vie collective.

    Voici à quoi ressemble ces lettres de près ...

    Devise et messages clairs

    Devise et messages clairs

     

    La petite nouveauté de l'année est que j'ai proposé au élèves de faire de ce sigle un slogan de classe.

    Ainsi, notre devise phare pour l'année sera :

    "Notre classe est un P.A.R.C !"

    Notre classe devra être un lieu de partage, d'aide, de respect et de coopération pour tous. Chaque geste et chaque mot devra être orienté en ce sens.

    Devise et messages clairs

     

    Malgré cela, j'ai senti que mon groupe-classe avait besoin d'un petit truc en plus cette année pour être épaulé dans la gestion de leur comportement.

    J'ai donc re-feuilleté les ouvrages sur les comportements que j'ai lu ces derniers, mené des recherches sur internet et j'ai choisi de former mes élèves à la mise en œuvre de messages clairs.

    J'y avais déjà pensé l'an passé au fil de mes documentations sur le comportement mais le groupe-classe n'avait pas eu besoin de cela pour régler pacifiquement les petits conflits éventuels.

    Cette année est bien différente de la précédente et certains élèves ont besoin d'être guidé et d'apprendre à gérer leurs émotions et leurs pulsions. et c'est à moi de m'adapter et de fournir à mes nouveaux loulous les clés qui leur permettront d'installer un climat de classe serein.

     

    Je ne vous proposerai pas ici une séquence toute prête et clé en main sur les messages clairs et la gestion des comportements car :

    - je me suis moi-même inspirée de sources diverses 

    - que ma démarche a été guidée par mes élèves, leurs comportement et leurs remarques ce qui fait que mes séances ne se sont jamais passées comme je le pensais ;-p

    - que vos élèves n'auront sans doute pas les mêmes réflexions que les miens.

    Si la différenciation est assez facilement transposable en terme d'apprentissages, je trouve que quand il s'agit de comportement, le tâche est plus complexe.

     

    Voici malgré tout une liste de supports qui m'ont été très utile pour guider cette séquence de travail et de réflexion :

    - une séquence sur les messages clairs qui m'a servi de base de réflexion au départ. Je ne l'ai pas suivi à la lettre car j''ai mené parallèlement plusieurs débats avec ma classe et les réactions de mes élèves m'ont fait changer l'organisation générale de cette séquence. malgré cela, il est certain qu'elle vous sera d'une aide précieuse pour vous lancer. Merci à Graines de livres pour ce super travail !

    - Une vidéo de la Cardie de Lyon présentant les messages clairs avec des scènes de vie scolaire. Cette vidéo a énormément parlé à mes élèves qui ont, après son visionnage, mis en scène leurs propres situations inspirées de moments vécus dans la cour ou dans la classe.

    - Comme nous avons été nommés conseillers royaux du Royaume d'Uniona (plus de détails dans cet article), j'ai expliqué aux enfants que nous allions devoir nous comporter comme des souverains et souveraines respectueux des autres. Pour le leur faire comprendre, je leur ai montré la vidéo suivante qui explique les 4 accords toltèques aux enfants.

    - Voici également un document officiel trouvé sur Eduscol proposant des ressources de travail et de réflexion. (L'ouverture du document est directe car je ne retrouve plus la page du lien :-(). Il propose une mise en œuvre des messages clairs en 6 étapes. Cela me semblait trop complexe pour des CP mais peut-être qu'il vous sera utile pour d'autres niveaux. ;-)

    Devise et messages clairs

     

    Il existe sur internet plusieurs sortes d'affiches présentant les messages clairs. Comme très souvent, quand je souhaite installer des affichages (ce qui se fait rare ;-p) j'aime les réaliser avec/ les faire créer par mes élèves, en mettant en forme leurs propres mots et leur propre vécu. Ainsi, après avoir mis en scènes nos premiers messages clairs, nous avons repris la démarche en 4 étapes de la vidéo que nous avons appelé "AEER"

    Annoncer

    Exposer

    Exprimer

    Réparer

    qui les guidera et les aidera à se gérer dans les situations potentiellement conflictuelles.

    Voici le rendu final de cet affichage, en espérant qu'il puisse vous servir ou vous inspirer. ;-)

    Devise et messages clairs


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  • Le fonctionnement en centres d'autonomie nécessite que les élèves s'entraident. Mais quand un camarade est en difficulté, comment l'aider ?

    La plupart des élèves qui veulent aider un camarade se retrouvent vite, en début de CP, un peu "embêtés".

    Du haut de leur 5 ou 6 ans, ils savent bien nous dire que

    "donner la réponse, c'est d'la triche !!!".

    Alors comment faire pour aider sans passer pour autant du "côté obscur" de la Force ?

    L'an dernier ce thème a été, pour mes élèves et moi, l'objet de plusieurs débats d'EMC où chacun a exposé son point de vue sur la question.

    Nos discussions n'ont pas été mises par écrit car elles ont souvent eu lieu "à l'improviste", afin de répondre à une question précise d'un camarade à un moment donné.

    En effet, quand un enfant pose une question sur un sujet de ce genre, qui pourrait être objet à un petit débat d'éducation civique, je n'aime pas remettre la discussion à plus tard.

    Pourquoi ?

    les enfants sont, par nature, impatients ! Contrairement à ce que beaucoup pensent de la "génération actuelle", les enfants ont soif d'apprendre, soif de connaitre, soif de découvrir ...

    S'ils nous posent une question, c'est que la réponse les intéresse.

    Est-ce que vous, vous aimeriez attendre ? ... Moi non ! Je me connais trop bien !

    Mais dans le monde à 1 000 à l'heure dans lequel nous vivons, le manque de temps chronique nous oblige trop souvent, enseignants ou parents, à remettre la réponse à plus tard ou, pire encore pour l'enfant, lui répondre par "Tu verras quand tu seras grand !"

    Sauf que, quand il sera grand, il ne se souviendra plus de sa question et il s'en sera certainement posé certainement des milliers d'autres depuis. Et, franchement, qui lui répondra ? Personne !

    Donc quand la petite N. m'a demandé l'an passé lors d'un moment de regroupement, "Maitresse, j'aimerai bien aider X. à faire ses maths mais, comment est-ce que je peux le faire sans lui donner la réponse ? ...", j'ai décidé de ne pas faire la séance de QLM prévue (Ouuuuh ! Pas bien maitresse Aurel' ! Au bûcher !) et de débattre avec mes élèves des moyens qui étaient à leur disposition dans la classe et dans leurs mains pour venir en aide à un camarade en difficulté.

    Si je n'ai pas gardé de trace écrite de ces débats, j'ai récemment vu passer sur Twitter un organigramme intitulé "Celui qui aide" et qui résume très bien tout ce dont nous avions parlé avec mes loulous lors de nos discussions (oui, "NOS" ... il y en a eu plusieurs car des petites mises au point avaient été nécessaires dans le courant de l'année. Bienveillance OUI, Anarchie NON ! ;-p).

    Voici l'image du document en question

    Clic sur l'image pour accéder au document.

    Comment aider efficacement un camarade ?

     

    La classe d'Histoire

    Afin de pouvoir démarrer l'année avec un support et référent clair expliquant ce que signifiait "AIDER UN CAMARADE" ou "ETRE AIDE", j'ai décidé de remettre toutes ces idées en page sous forme de petits livres (dont la trame est identique à celui réalisé sur les assises flexibles adaptées).

    Ces livres seront présentés en lecture offerte ou lors de débats d'EMC (je laisserai le temps m'indiquer ce qui sera le plus pertinent pour ma classe ;-)) puis mis à disposition dans la bibliothèque de la classe.

    S'ils vous intéressent, n'hésitez pas à vous les approprier également, que ce soit sous forme de livres, d'affiches ou de diaporamas. J'espère qu'ils pourront permettre à vos loulous de mieux comprendre la différence entre "aide" et "réponse". ;-)

    Comment aider efficacement un camarade ?

    Comment aider efficacement un camarade ?


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  • La gestion des comportements est un de mes thèmes de prédilection cette année. Je suis encore en documentation sur le sujet car je souhaiterai vraiment tendre de plus en plus vers un fonctionnement basé sur l'auto-discipline. Je suis loin d'être une experte mais je pense que le "Grave Ou Urgent Dangereux", mis en place dans nos classes en CP, est peut-être un premier pas timide vers ce but.

    Mais qu'est-ce que la propriété "Grave Ou Urgent Dangereux" ?

    (Ci-apres raccourci par GOUD)

    Et bien la propriété "GOUD" c'est l'adaptation d'une idée de ma super collègue de CP !

    En plus de partage un couloir, un lavabo, du matériel, une porte de classe communicante et de bons délires, nous partageons également des idées, parfois (souvent !!) farfelues ou furtives !

    Et la propriété "GOUD" est les deux à la fois ! (Et ben ça promet tiens !!!")

    Les maîtresses de CP (et même des niveaux supérieurs je pense ! ;-)) qui liront la suite de cet article se diront très certainement :

    "Ah non mais c'est vrai ! C'est IN-SUP-POR-TA-BLE !!!"

    Qui n'a jamais été dérangé(e) par un ou une élève venant se lamenter d'un :

    "Maîîîîîîîîîtreeeeesse !! Il m'a pris mon crayon !!"

    ou

    "Maîîîîîîîîîtreeeeesse !! Elle m'a tirer sur la manche !!"

    mais aussi

    "Maîîîîîîîîîtreeeeesse !! Il m'a regardé de travers !!"

    ou encore

    "Maîîîîîîîîîtreeeeesse !! Elle m'a fait bouger !!"

     

    En CP, c'est TOUS LES JOURS comme ça ! Surtout en début d'année ! Les Experts, qu'ils soient de Miami, de Los Angeles ou d'ailleurs, ce qu'ils ont à gérer c'est RIEN à côté de nous, enseignants ! On est d'accord ?!

    Même si on les adore énormément nos petits loups, que nous nous mettons à leur place de "petits" de l'école, avouons-le : C'est quand même super agaçant !!! lol

    Surtout quand cela se passe durant le temps où le(la) maître(sse) est en travail dirigé avec un groupe d'élèves ou en évaluation individuelle.

    Dans ma classe, avant que les élèves comprennent qu'ils ne peuvent pas m'interrompre durant ce temps de travail spécifique, il se passe plusieurs jours et même plusieurs semaines. Je les ai repris à l'ordre durant toute la période 1 cette année.

    Puis, une fois, qu'ils avaient compris, je me suis dit "Ah ça va aller mieux !".

    Mais non ... -_-

    En effet, les élèves ne faisaient que "reporter" le dérangement : ils attendaient la récréation, le changement de groupe, ils posaient un post-it sur le S.O.S. Maîtresse ... pour me demander ensuite de  faire la morale à Machin parce qu'il avait tirer la langue ou reprendre le stylo de Trucmuche parce qu'il n'utilisait pas le bon.

    Bref, c'était difficile !!

    Ma collègue et moi n'en pouvions plus de nous épuiser à régler des problèmes qui n'en étaient pas vraiment.

    C'est alors qu'un jour, en sortant de la classe pour aller en récré, j'ai vu un élève de ma collègue courir vers elle (visiblement pour rapporter un fait loin d'être urgent). Elle lui a parlé avant qu'il n'ouvre la bouche et là ... Là !!!! Comme par miracle ! L'élève a écouté, hoché la tête ! Il a fait demi-tour pour aller discuter avec le camarade qui l'avait dérangé !

    J'ai couru vers ma collègue, abasourdie, pour lui demander sa recette ! Et sa réponse fut juste géniale comme toujours :

    "Ma recette ? Ben ... C'est comme toi ! J'en ai marre ! Alors je les fais réfléchir parce que je n'en peux plus de le faire à leur place, tout le temps !"

    Et elle avait raison !!! Tellement raison !! On s'épuisait à régler des pseudo-soucis alors que si on leur apprenait à réfléchir pour les régler eux-mêmes, ensemble, ils avanceraient tous bien plus vite et le climat de classe en serait amélioré ! Et les maîtresses seraient moins fatiguées et moins "sur les nerfs" ce qui n'est pas négligeable ! ;-)

    Du coup, l'après-midi même, j'ai changé le programme !

    Au menu : EMC et débat philosophique autour du thème

    "Qu'est-ce qui mérite que l'on interrompe la maîtresse ?"

     

    Et là ! Quelle ne fut pas ma surprise de les entendre répondre !

    Pourquoi ?

    Parce que c'était tout le contraire de ce qu'ils faisaient !!

    "Ah non, on n'interrompt pas la maîtresse parce qu'un copain nous a heurté ! AH NON !"

    "Et surtout pas si un copain nous tire la langue ! FRANCHEMENT ! Ce n'est pas grave !"

    C'est à la fin de cette séance que nous avons établi la propriété "GOUD" !

    Cette propriété dit que :

    "Lorsqu'il se passe quelque chose qui me déplaît, je dois respirer 3 fois pour retrouver mon calme puis me demander "Est-ce que c'est GOUD (Grave Ou Urgent ou Dangereux) ou pas ?"

    Si non, alors je peux gérer la situation seul(e) en discutant avec mes camarades

    Si oui, alors je vais en parler à la maîtresse (ou à un autre adulte disponible)."

    Alors attention ! Cela n'a pas réglé les interruptions intempestives du jour au lendemain !

    Il a fallu leur rappeler de penser au GOUD plusieurs fois. Pour cela j'avais mis au point un geste, très simple !

    Quand l'élève venait m'interrompre et que je savais déjà que ce n'était pas vraiment nécessaire de la faire (Oui parce que, après quelques temps avec nos loulous, notre odorat d'enseignant se met à flairer ce genre de choses à des kilomètres à la ronde ! Appelons cela 6ème sens, déformation professionnelle, peu importe, cela épate tout le monde ... sauf nos propres enfants qui désespèrent ! ;-p), je le regardais droit dans les yeux et, sans dire un mot, je lui montrais 3 doigts (pour info : index, majeur, annulaire) symbolisant les 3 lettres du GOUD.

    En général, ça finissait par une petite pause où l'élève réfléchissait, faisait un petit sourire gêné et me disait "Ah oui ... le GOUD ... euh ... non ben c'est bon maîtresse ! Je peux gérer !"

    Et ils gèrent ! Ils gèrent même bien je dois dire !

    Là encore, comme pour les centres ou la classe flexible, je me suis rendue compte que je sous-estimais les capacités de mes élèves jusque là. Mais promis je ne le ferai plus ... j'essayerai en tous cas ! ;-)

    Voilà donc ce qu'est la propriété GOUD ! Je ne sais pas trop si cela pourra vous aider, vous inspirer ou autre mais comme cela marche plutôt bien dans nos classes, j'ai pensé vous en dire quelques mots dans l'espoir qu'il puisse éviter à vos oreilles de trop saigner sous les "Maîtreeeessssseeeeuuhhhh !!!!" ;-p

     

    Petite note d'humour pour finir :

    Au début du débat sur le GOUD une élève m'avait posé la question suivante :

    "Maîtresse, les adultes, toi par exemple, tu vas voir qui quand quelqu'un t'embêtes ?"

    Calculatrice interdite. Vous avez 3 heures.

    ;-P

     


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