• Comme promis il y a de cela quelques semaines (ou même mois déjà ... :/) sur IG, je prends enfin le temps de vous faire un "petit" retour sur cette année scolaire 2022-2023 placée sous le signe du CAFIPEMF. Au-délà de cette certification dans laquelle certains sont lancés, j'envoie dans un premier temps tout mon courage à celles et ceux qui iront au bout de cet article. ;-p

     

    Le CAFIPEMPF, qu’est-ce que c’est ?

    Le CAFIPEMF est le certificat d'aptitude aux fonctions d'instituteur ou de professeur des écoles maître formateur qui est exigé des candidats aux fonctions comportant des activités d'animation, de recherche et de formation dans le cadre de la formation initiale et continue des instituteurs ou des professeurs des écoles (CPC, FUN, EMF ..).

    Cet examen a été rénové en 2021 et vise désormais à inscrire le candidat dans un cursus accompagné lui permettant une appropriation progressive des enjeux et des compétences liées aux fonctions de formateur, en le préparant en exercice aux attendus de l'examen.

    Il se déroule sur une année et non plus deux comme quand je l’ai débuté.

     

    Pourquoi l’avoir passé ?

    Je suis MAT depuis plusieurs années et cela me plaît énormément. Rencontrer et accueillir des futurs/jeunes collègues, les accompagner dans leurs premières découvertes du terrain, etc … C’est vraiment quelque chose que j’adore faire.

    Depuis plusieurs années aussi, j’ai eu l’occasion de mener des missions de formations de toutes sortes : des animations pédagogiques aux conférences en passant par l’accompagnement d’équipes.

    Le confinement a multiplié les offres de formations à distance et j’ai pu aussi m’essayer à la formation à distance en participant des webinaires, des tables rondes virtuelles, etc … Autant de missions que j’ai pris plaisir à faire alors je me suis dit « pourquoi pas ? ».

    Comment se déroule-t-il ?

    -        L’inscription

    Pour s’inscrire il faut justifier de 5 années de services effectifs et avoir une visite-conseil de notre IEN de circonscription.

    -          Les épreuves

    Le candidat s'inscrit à l'examen en année N-1 et se présente aux épreuves au cours de l’année N. Il passe deux épreuves d'admission découpées en séquences.

     

    Epreuve 1

    Elle est composée de 2 séquences et se déroule dans la classe du candidat. Elle est aménagée dans le cas où le candidat n’a pas de classe.

    Séquence 1 (60 min) : Le jury vient observer un temps d’enseignement que vous aurez choisi (en maths ou en français).

    Séquence 2 (60 min) : Il s’agit d’un temps d’entretien entre le jury et le candidat immédiatement consécutif au temps d’enseignement observé.

     

     

    Epreuve 2

    Elle est composée de 4 séquences et se déroule en partie dans la classe d’un jeune collègue et, quelques temps plus tard, dans un autre lieu pour l’entretien avec le jury.

    Séquence 1 (60 min) : Le candidat va observer un professeur des écoles titulaire ou stagiaire en exercice dans une classe en présence du jury.

    Séquence 2 (30 min) : Le candidat analyse la séance observée avec le professeur des écoles concernée, toujours en présence du jury.

    Séquence 3 : Le candidat produit un rapport de visite sur la séance observée lors de la séquence 1 puis l’envoie au jury.

    Séquence 4 (60 min) : Le candidat retrouve le jury (qui aura pris connaissance du rapport de visite) pour s’entretenir au sujet des 3 épreuves précédentes.

    A l’issue de chaque épreuve, une note sur 20 est attribuée au candidat. Pour valider le CAFIPEMF, il faut avoir au moins 10 à CHAQUE épreuve (la moyenne des deux épreuves ne fait pas foi).

    Pour plus de détails, rendez-vous dans le Bulletin officiel n°21 du 27 mai 2021

     

    La préparation aux épreuves

    Des modules de formation de 5 semaines non consécutives sont prévus pour préparer les épreuves : observation et pratique accompagnée (auprès d’un PEMF ou CPC) et formation assurée conjointement par l'académie d'exercice du candidat et par l’INSPE.

    D’après les retours que j’ai eu de collègues un peu partout en France, cette formation prend des formes différentes selon les académies. Aussi, ce qui va suivre ne sera peut-être pas valable dans votre cas. Il faudra vous renseigner auprès de votre hiérarchie.

    Pour ma part, j’ai bénéficié de :

    -        _ Formations pour préparer aux épreuves : elles avaient lieu chaque mercredi après-midi (de fin septembre à début février). La formation dédiée au CAFIPEMF était séquencée en différents modules (Compétences professionnelles d’un enseignant candidat au CAFIPEMF, savoir rendre la classe lisible pour en faire un objet de formation, Didactique du français et des mathématiques, Préparation des épreuves, rédiger un rapport de visite, Missions du formateur …)

    -         _  Visites d’observation dans la classe de jeunes collègues. J’étais accompagnée de ma CPC.

    o   Visite 1 : Ma CPC a pris en charge la visite, l’entretien et le compte-rendu (en me laissant observer chaque étape en détail et en prenant mon avis, mes ressentis et mes remarques avant de formuler les siennes pour me permettre d'organiser mes idées)

    o   Visite 2 et 3 : J’ai mené les visites de A à Z, de l’observation au compte-rendu en passant par l’entretien

     

    Mon parcours personnel

    J’ai fait partie des « cas particuliers » pour la session 2023.

    En effet, je m’étais initialement inscrite au CAFIPEMF en 2020. La certification se déroulait alors sur deux ans avec ladmissibilité en année 1 (rapport d’activité et entretien avec un jury) et l’admission en année 2 (visite, temps de formation, mémoire). J’avais ainsi obtenu l’admissibilité de l’ancienne mouture en 2021, quelques jours après le changement de mouture …(Cherchez pas, je suis un chat noir ! Je tombe toujours la bonne année : pour le CPE, je passais le bac, la mastérisation c'était avec moi ... On change pas une équipe qui gagne il paraît ! lol)

    Si j’avais choisi de poursuivre la certification de suite, j’aurais dû tout recommencer de zéro et mon admissibilité serait tombée aux oubliettes. Etant donné le travail que cela m’avait déjà demandé pour valider cette admissibilité, il était hors de question pour moi de reprendre de zéro !!

    J’ai donc choisi la seconde option qui m’était proposée : attendre l’année scolaire 2022-2023 pour poursuivre et terminer la formation CAFIPEMF et être dispensée de l’épreuve 1 grâce à mon admissibilité.

    J’ai donc reçu la visite-conseil obligatoire de mon IEN en juin 2022 en vue de m’inscrire uniquement à l’épreuve 2 de la certification pour 2023.

    Cependant, comme expliqué ici, je savais que ce serait ma seule chance de le tenter avant un bon moment. La pression étant donc à son comble : je ne voulais pas passer à côté !

     

    Donc pour résumer mon cas particulier :

    2020-2021 : Admissibilité de l’ancienne mouture du CAFIPEMF

    2021-2022 : Année « blanche »

    2022-2023 : Inscription et admission au CAFIPEMF (en ne passant que l’épreuve 2)

     

    Si j’ai mis « blanche » entre parenthèses pour 2021-2022, c’est parce que cette année n’a pas été totalement éloignée du CAFIPEMF. Comme je savais que j’allais passer l’épreuve 2 en 2023 et qu’elle se déroulerait en maternelle, j’ai profité de cette année sans épreuves pour « miser sur l’avenir ». J’ai donc lu (un peu … beaucoup … passionnément … à la folie …) des ouvrages dédiés à la pédagogie et la didactique de la maternelle.

    Avec le recul, je pense vraiment que, sans cette année « blanche » constituée de lectures et de documentations, a été un atout pour moi. J'ai pu me mettre au clair avec beaucoup de choses qui "m'échappaient", n'étant plus en maternelle depuis plusieurs années. Tout ce temps de lecture « sans pression » m’a permis d’avancer doucement et à mon rythme, ce qui est plus compliqué à faire dans le tumulte d’une année CAFIPEMF.

     

    Les lectures de préparation au CAFIPEMF

    On me demande souvent "ce qu’il FAUT lire pour préparer le CAFIPEMF".

    Conseiller des lectures est, à mon sens, quelque chose de très complexe. Il y a évidemment des lectures de base, essentielles, indispensables et incontournables à faire. Il s’agit principalement des textes institutionnels et officiels comme :

     

    Le référentiel de compétences professionnelles du formateur de personnels enseignants et éducatifs

    Les programmes de la maternelle et de l’élémentaire (évidemment !)

    Le socle commun

    Les guides fondamentaux de l’enseignement

    Les plans français, mathématiques et, à présent, maternelle

    Les documents EDUSCOL (en lien avec vos épreuves)

     

    Retour d'expérience : le CAFIPEMF

    Retour d'expérience : le CAFIPEMF

     

    Si vous envisagez de passer le CAFIPEMF , je vous recommande aussi vivement (si ce n’est pas déjà fait) de vous abonner au BO afin d’être informé des modifications et parutions des textes officiels car les jurys questionneront votre «veille pédagogique et institutionnelle ». De même vous pouvez consulter le site du centre Alain SAVARY pour vous documenter sur le métier de formateur ainsi que la banque de séquences didactiques du Réseau Canopé pour visionner des temps de classe et vous entraîner à l'observation et à l'analyse de séances.

     

    Retour d'expérience : le CAFIPEMF

    Rendez-vous dans l'encadré en bas de la page d'accueil du B.O. pour vous abonner

    Retour d'expérience : le CAFIPEMF

     

    Pour le reste, cela dépend de nombreux facteurs (selon moi). D’une part, cela dépend du candidat en tant qu’enseignant chevronné ayant un parcours professionnel et des connaissances pédagogiques et didactiques (dans son cycle d’enseignement mais aussi dans le cycle qu’elle ira observer) qui lui sont propres.

    Les lectures qui seront pertinentes pour un candidat le seront sans doute moins pour un autre qui aurait sans doute d’autres axes à approfondir en priorité.

    D’autre part, les lectures à conseiller dépendent fortement des épreuves que le candidat passera et il y a 4 cas de figures possibles (si je ne me suis pas trompée dans mon arbre de probabilités lol) :

     

    -          A) Un candidat qui présente une séance de maths en cycle 2 ou 3 lors de l’épreuve 1 observera une séance de langage en cycle 1 pour la seconde épreuve.

     

    -          B) Un candidat qui présente une séance de construction du nombre en cycle 1 lors de l’épreuve 1 observera une séance de français en cycle 2 ou 3 pour la seconde épreuve.

     

    -        C) Un candidat qui présente une séance de français en cycle 2 ou 3 lors de l’épreuve 1 observera une séance de construction du nombre en cycle 1 pour la seconde épreuve.

     

    -         D)  Un candidat qui présente une séance de langage en cycle 1 lors de l’épreuve 1 observera une séance de maths en cycle 2 ou 3 pour la seconde épreuve.

     

    Dans chacun des cas présentés, les lectures à conseiller en priorité  vont varier, tant pour l’épreuve 1 que pour l’épreuve 2 car ni le cycle, ni le domaine d’enseignement sont identiques.

    NB : Tout reste bien sûr intéressant pour tout le monde, surtout quand on veut devenir formateur et qu'il faut pouvoir intervenir dans tous les cycles, tous les domaines, etc ...  mais bon ... Pour le CAFIPEMF, il faut faire des choix et, faute de temps - et de budget aussi, ne nous mentons pas - miser sur le plus urgent)

    Pour ma part, je me suis retrouvée dans la situation A : observation d’une séance de langage en maternelle.

    J’ai donc lu essentiellement des ouvrages portant sur ce domaine afin d’être bien au point tant c’est un sujet vaste et riche !

    Dans un premier temps, j’ai téléchargé tous les guides EDUSCOL lié à la maternelle et au langage (Et il y en a beauuucoup ! Rien que ça, c'est déjà disposer d'une excellente base pour les épreuves à mon sens !)

    J’ai aussi emprunté ou acheté (merci VINTED !) des ouvrages qui me semblaient pertinents. J’en avais déjà lu certains au fil de ma carrière mais un rappel ne m’a pas fait de mal.

    Vous les trouverez tous dans l’image ci-dessous mais attention !! Que personne ne prenne peur en voyant la pile de livres présentée !

    Je rappelle que je suis (légèrement) une dévoreuse de livres et que j'ai bénéficié d’une année « blanche » qui m’a permis d’avoir du temps pour lire tout cela. Il est évident qu’il est compliqué d’emmagasiner autant au cours d’une seule et même année, qui plus est celle du CAFIPEMF ! Ce n'est pas impossible évidemment, mais si on veut garder un semblant de vie sociale et une santé mentale relativement correcte, disons que c'est moins évident. lol

     Je laisse la photo en très grand format pour que vous puissiez facilement y lire les titres et auteurs en cas de besoin.

    Retour d'expérience : le CAFIPEMF

    Lors d'une des formations CAFIPEMF, nous avions reçu un radar d'auto positionnement professionnel à compléter. Il avait pour ambition de nous aider à y voir plus clair sur l'état de nos connaissances et nous permettre de cibler les axes de progrès qui étaient prioritaires pour nous. Ce document m'avait été grandement utile et, comme il a encore aider une collègue récemment, j'ai pensé à vous le partager aussi. J'espère qu'il pourra vous servir et vous aider à organiser votre préparation personnelle.

    Retour d'expérience : le CAFIPEMF

     

     

    Retours mêlés sur les épreuves

    J'ai donc validé mon CAFIPEMF en juin 2023. Les félicitations étaient bien sûr de mise et je l'ai fêté comme il se doit, en famille et entre amis, ceux-là même qui m'ont soutenu au fil de ces 3 années non seulement en m'encourageant mais aussi en gardant mes enfants quand j'avais formation, en les amenant à leurs activités extra-scolaires pour me permettre de lire, réviser, etc ...

    Concernant les épreuves, je ne peux vous faire un retour personnel au sujet de la première étant donné que je ne l'ai pas passée. Les collègues l'ayant passé m'ont dit qu'elle leur avait semblé plus "simple" que la seconde dans le sens où ils étaient en "terrain connu", dans leur classe, avec leurs élèves, à faire ce qu'ils font au quotidien. Même si le jury était évidemment là pour observer, analyser puis questionner, le stress était moins important que pour la seconde épreuve d'après eux.

    En revanche, si les collègues se sentaient parfois confiants au sujet de la première épreuve, la réception des notes de celle-ci a été plus compliquée. J'étais personnellement contente d'en être dispensée car, je me connais, que je réussisse ou pas, j'aurais mal vécu la notation. Le bilan final qui est rendu à chaque candidat est un ensemble de croix dans des tableaux de compétences et des notes sur 20 (ce qu'on nous demande de ne plus faire pour nos élèves d'ailleurs. J'avoue avoir encore du mal à comprendre ce point ... mais soit !). Quand on enseigne avec envie et passion depuis des années, qu'on est encouragé par notre hiérarchie à tenter le CAFIPEMF, on s'attend évidemment à exceller dans cette épreuve parce qu'on se dit qu'on ne pas être trop mauvais. Pourtant, j'ai pu voir que parfois, la réception des notes a déclencher de gros questionnements chez certains de mes collègues non seulement concernant leurs capacités à devenir formateur mais aussi concernant leurs compétences en tant qu'enseignant.

    Comment bien accepter une note sous la moyenne à cette épreuve honnêtement ?

    Je n'ai pas été concernée mais je sais que plusieurs collègues ayant échoué ont pu bénéficier d'un accompagnement et d'une explication de leur notes. Cela s'est fait à leur demande par contre mais mériterait d'être plus systématique car il  me semble important et essentiel de ne pas laisser les candidats face au doute et à la remise en question. Il faut  permettre à chacun de garder confiance en lui et conserver une bonne estime de soi. A l'heure où le métier n'attire que peu (ou même plus du tout), il serait fortement dommage de risquer de perdre des enseignants motivés et investis pour une histoire de notation peu claire. Mais là encore, ce n'est que mon opinion et mon avis de toute jeune formatrice.

    La seconde épreuve est celle qui fait sortir le candidat de sa zone de confort. Nous n'avons plus un rôle d'enseignant mais bien une posture de formateur à prendre et à poser. C'est quelque chose de tout nouveau, un rôle pas évident à endosser. Même si lors des formations on nous dit bien que les jurys savent qu'ils ont face à eux des formateurs en formation, qui ne sont donc pas experts en la matière, il n'est pas facile d'envisager l'épreuve ainsi pour autant.

    On a envie de bien faire, de ne passer à côté d'aucune donnée importante et ... c'est stressant !

    Ce qui m'a rassuré c'est qu'à la fin de l'entretien avec le candidat, rien n'était joué ! Il restait encore le rapport à écrire (rapport qui doit reprendre uniquement ce qui a été dit durant l'entretien avec le jeune collègue, rien de plus, rien de moins) et l'entretien final avec le jury a passer. Cet échange peut ainsi remettre toutes les cartes en jeu (si je peux dire) car, nous avons au début de ce temps "carte blanche" pour présenter notre visite, l'entretien et notre rapport de visite mais aussi pour évoquer tout ce que nous n'avons pas pu dire au jeune collègue, faute de temps souvent.

    En effet, 30 minutes d'entretien, ça passe extrêmement vite !! Pour ma part, il m'a été impossible de tout évoquer et questionner avec le formé. J'ai donc dû opérer des choix que j'ai ensuite justifié face au jury un mois plus tard en évoquant aussi les points que j'aurais voulu encore aborder. Cet entretien, je l'ai vécu comme une chance à saisir pour rattraper mes éventuelles erreurs (d'observation ou de choix) lors de la visite en classe.

    Si j'avais un conseil à vous donner pour cette épreuve ce se serait celui-là : n'allez pas à l'entretien final les mains dans le poche en vous disant que le plus dur et fait et qu'il n'y "plus qu'à" répondre à des questions (j'exagère à peine : c'est un retour que j'ai pu avoir). Il faut bien penser ce temps (d'environ 15 min je crois) où nous pouvons parler librement : il faut l'organiser, le structurer, le rendre clair et limpide pour le jury qui nous écoutera et ne rien oublier d'y dire cette fois car c'est notre dernier échange avec le jury. Il n'y a plus possibilité de se rattraper ensuite. Dès votre rapport de visite rédigé, penchez-vous sur la préparation des ces 15 minutes en vous posant les questions suivantes :

    qu'avez-vous voulu faire passer comme message ?

    quels choix avez-vous fait ? Pourquoi ?

    Qu'est-ce que vous n'avez pas dit ? Pour quelles raisons ?

    Quels sont les points que vous avez évoqués et qui mériteraient un approfondissement avec le jeune collègue dans le cas d'un suivi de formation régulier ? ...

    Si vous n'y répondez pas de vous-même en début d'entretien, le jury vous amènera à y répondre d'une façon ou d'une autre par son questionnement et cela pourrait vous déstabiliser. On est toujours plus à l'aise quand on maîtrise son sujet. Dès qu'on nous "titille" un peu sur une chose à laquelle on n'avait pas pensé on pet potentiellement se sentir "en défaut". Essayez d'anticiper au maximum les points qui pourraient être interrogés pour vous sentir serein et imperturbable. ;-)

     

    Remarques personnelles

    Même si je suis évidemment ravie d'avoir réussi cette certification, je reste persuadée que si j'ai pu la réussir sereinement c'est aussi parce que j'ai eu le parcours "cas particulier". Certains diront que c'est mon "syndrome de l'imposteur" qui parle (encore et toujours) et que je ne dois pas sous-estimer mes capacités, mes compétences et le travail abattu durant ces années et celles-d'avant.

    Au risque de me répéter (mais je pense que c’est vraiment ce qui m’a été personnellement bénéfique) mes épreuves ont été étalées dans le temps et que je n’ai eu, cette année, qu’une seule épreuve à passer. Cela a été extrêmement appréciable d'autant que c'était la moins évidente des deux comme en attestent tous les retours que j'ai pu avoir.

    C’est d’ailleurs une remarque que j’ai fait remonter lors du questionnaire de fin de formation : faire toutes les épreuves sur une seule et même année est intense et demande énormément d’investissement personnel. J’ai passé cette année avec des nombreux collègues que j'ai vu s'investir dans cette certification autant voire même plus que moi car ils ont mené cours, lectures et épreuves de front pour se retrouver fortement déçus et même démoralisés en ne voyant pas leur nom apparaître sur la liste des admis. J'avais d'ailleurs beaucoup de mal à me réjouir de ma réussite sachant que ce n'était pas leur cas.

    Alors même que ces collègues avaient la tête dans la préparation de l'épreuve 1, ils devaient venir en formation le mercredi pour parler de l'épreuve 2 qui leur semblait, à eux, être encore bien lointaine même si elle avait lieu moins de 2 mois plus tard. Je les sentais vraiment épuisés et cela m'a bien fait comprendre que ma situation était bien plus simple à vivre que la leur.

    A l’inverse, beaucoup de collègues diront que 2 ans pour le CAFIPEMF, c’est beaucoup trop long ! (Ayant mis 3 ans au final pour l’obtenir, je peux le comprendre totalement. ;-p)

    Mais ne vaut-il pas mieux 2 années d’épreuves étalées afin d’avoir du temps pour se préparer au mieux à chaque épreuve plutôt qu’une année ultra chargée, où le candidat est totalement « sous l’eau » ?

    Entre l’école, les préparations, les animations pédagogiques ou Constellations, les formations CAFI chaque mercredi, les entraînements à l’observation de jeunes collègues, les comptes-rendus à rédiger, les débriefings et les épreuves en elles-mêmes, le temps pour souffler un peu a été rare, pour eux encore plus que pour moi !

    NB : Cela n’est évidemment que mon ressenti personnel et une réflexion qui m’est propre. Je l’ai faite remonter et vous la partage également et simplement ici afin de rester transparente.

    L'année fut intense et j'ai dû m'organiser  en conséquence tant sur le plan personnel que professionnel c'est un fait ! Cependant, à comparer avec mes camarades de promo, je ne me suis pas sentie autant sous pression qu'eux (mis à part le stress des épreuves en elle-même) et c'est clairement grâce à ma dispense d'épreuve 1 (le stress qui la concernait remontait à 2021 et était digéré depuis belle lurette ;-p).

    Je tire donc mon chapeau bas à celles et ceux qui ont réussi cette nouvelle mouture du premier coup !

    C'était effectivement très prenant mais, pour autant, je ne regrette pas une seule seconde de cette année vécue.

    Moi qui aime apprendre et découvrir, j’ai été servie !

    Chaque temps dédié au CAFIPEMF m’a apporté énormément : en rencontres, en connaissances non seulement sur la formation, la pédagogie, la didactique, etc … (tous niveaux confondus !) mais aussi sur moi-même, sur l’enseignante que je suis, celle que je veux rester, celle que je veux devenir ainsi que sur la formatrice que j'aimerai être auprès des jeunes collègues (quand le moment sera vraiment venu pour moi de m’engager pleinement dans cette mission).

    Pour l'année à venir, j'ai fait le choix (peut-être pas le bon mais tant pis, je l'assume pleinement car il me convient !) de refuser certaines opportunités qui m'ont été proposées afin de prendre du temps pour profiter à nouveau des miens (surtout de mes enfants), d'accompagner ceux qui me sont chers dans leurs propres projets professionnels (chacun son tour ! ;-)), prendre mes marques dans ma nouvelle école et découvrir mon nouveau niveau.

    Ma grand-mère me disait : « Mieux vaut faire une seule chose correctement que plusieurs à moitié. »

    Elle a toujours été de bon conseil alors j'applique ! <3

    J’espère que cet article aura su répondre à vos questions sur le sujet.

    Pour finir, et au cas où cela pourrait servir à l’un ou l’une d’entre vous, je vous laisse quelques documents que j'avais préparé pour mon épreuve 2. C'est le seul document véritablement lisible (car numérique, la majorité étant manuscrits) qui pourrait potentiellement inspirer ou servir.

    Il regroupe les éléments qui me semblaient essentiels pour l'épreuve 2 ainsi que la fiche de prise de notes (ultra simple !) que je m'étais faite pour observer un jeune collègue et mener l'entretien.

    Elles ne sont très (certainement !) pas parfaites ni même complètes et c'est tant mieux pour vous ! De cette manière vous pourrez simplement les consulter (si le cœur vous en dit), les lire (si vous voulez), vous en inspirez (ou pas !) afin de construire vos propres outils, ceux qui vous seront utiles à VOUS et à personne d'autres pour vous construire en tant que formateur ! Car si chaque élève est différent, si chaque enseignant est différent, il est bien normal que les formateurs le soient aussi. C'est là toute la richesse de notre profession !

    Alors inspirez-vous, mais surtout : restez vous-même !!

     

    Retour d'expérience : le CAFIPEMF

    Merci et bravo à toutes celles et tous ceux qui auront tenu jusqu'à la fin de cet article et belle aventure CAFIPEMF aux collègues qui s’y lancent !

     

     

     

     

     

     

     


    6 commentaires
  • Maintenant que l’année scolaire est terminée, je prends le temps de revenir sur le blog pour le reprendre doucement en main. Mais avant cela, je tenais à rédiger un petit article « bilan » de tous ces mois écoulés loin d’ici.

     

    L’année fut à la fois riche, chargée, éprouvante, fatigante et surprenante.

     

    Elle fut l’année qui a vu plusieurs de mes projets aboutir.

     

    Le premier de ces projets a été l’obtention du CAFIPEMF que j’avais débuté en 2020 (déjà !!) mais dont je vous reparlerai prochainement dans le détail car il y a beaucoup à partager sur le sujet.

     

    Le second a été l’admission sur la liste d’aptitude à la direction. Etant déjà lancée dans le CAFIPEMF et plutôt au point, du coup, sur les textes officiels et références institutionnelles, je me suis dit « pourquoi ne pas la tenter ? ». Alors oui, je sais, je dois être un peu hyperactive sur les bords (ou maso … cela dépend du point de vue !). Mais quand on y réfléchit bien, qu’est-ce que je risquais vraiment ? ... Un échec ? ... Ben ... ouais … C’était un risque. Et … ? Pas grave ! Ma vie n’en aurait pas été moins belle pour autant non ? « Mieux vaut vivre avec des remords qu’avec des regrets » il paraît. Cela me tentait, donc j’ai tenté. Mais, je veux être totalement honnête avec celles et ceux qui me liront, si j’ai tout tenté cette année c’est aussi et surtout parce que c’était « cette année ou jamais » (ou en tous cas pas avant un bon petit moment).

     

    Pourquoi ? Parce que prof, formatrice, ou autre, peu importe notre métier, quand nous faisons des choix d’évolution professionnelle, nous sommes très rarement seul pour les faire. Il y a beaucoup plus que notre simple envie qui pèse dans la balance car nos choix impliquent toujours d’autres personnes. Dans mon cas, c’était mon mari et mes enfants en premier lieu. Ils se sont montrés présents, compréhensifs et aux petits soins pour me mettre en place des conditions idéales pour travailler, lire, réviser, etc … Ils savaient que durant « l’année CAFI », maman serait moins disponible, moins présente et sans doute moins patiente aussi (ne nous mentons pas ! Le stress ça vous change une femme #jenechappepasalaregle). Ils ne s’en sont jamais offusqués et m’ont rendu le quotidien teeeellement facile que je ne peux que les remercier du fond du coeur. Pour tout ! Et pour le reste aussi. <3

     

    Mes choix ont aussi impliqué mes parents et beaux-parents qui se sont organisés pour prendre en charge mes enfants quand j’étais en formation, en examens ou autre.

    Sans eux, pas de moyen de garde. Sans moyen de garde, pas de possibilité de me rendre aux convocations. Sans présence, pas de certification.

    Si j’ai eu l’esprit tranquille, c’est aussi et surtout grâce à eux. Alors à eux aussi, MERCI !

     

    Mais voilà ... Des projets professionnels, je ne suis pas la seule à en avoir. Il en arrive pour les uns et pour les autres autour de moi. Je savais depuis longtemps que nos rôles s’inverseraient à la rentrée 2023. C’est désormais à mon tour d’être là pour eux, pour les soutenir, pour les encourager et pour faire en sorte qu’ils puissent avancer dans la voie qu’ils se sont tracés sans se faire de souci pour ceci ou pour cela. Quand l’année scolaire a débuté, je savais déjà que si je ne validais pas mon CAFIPEMF ou la LADIRE en 2023, je ne les retenterai pas l’année suivante.

    Parce que 2023 c’était pour moi et que 2024 ce serait pour eux.

    Après mes réussites (qui sont aussi les leurs !), je passe le flambeau et me tiens prête à les accompagner de mon mieux.

     

    Le dernier de mes projets ayant abouti cette année n’en était pas vraiment un à proprement parler. C’est plutôt une grosse surprise inattendue ! En effet, après des années à participer au mouvement des enseignants pour tenter de me rapprocher de chez moi en vain, ma demande a finalement été exaucée.

    Ma rentrée 2023 se fera donc dans une nouvelle circonscription, une nouvelle école mais aussi dans un autre niveau. Après 7 ans de CP en élémentaire, je retrouve à nouveau une classe en maternelle qui m’a tant inspirée ces dernières années pour mettre en place la classe flexible.

     

    Le CAFIPEMF m'a fait me replonger dans le monde de la maternelle toute l'année durant pour préparer mes épreuves. Comme quoi ... Rien n'arrive par hasard !

    Quitter mon école et mon équipe n’a pas été simple. Loin de là ! Les larmes ont coulé plusieurs jours et chaque étape fut un déchirement. Mais il faut savoir penser à soi quand il le faut ...

     

    C'est donc un gros changement qui m'attend mais je le prends comme un challenge et je suis prête à le relever. Cela tombe bien, je n’aime pas m’ennuyer ! (Hyperactive ? Maso ? tout ça tout ça …on y revient toujours et le suspense reste entier ! ;-p).

     

    2024, me voilà !

    Mais sache que je resterai en retrait. Non seulement, pour permettre aux gens que j’aime de briller à leur tour dans des voies qui leur sont chères mais aussi, simplement, pour tenir la promesse que j’ai faite à mes enfants en 2022 :

    Être à nouveau présente, pas uniquement physiquement mais aussi mentalement. Et le tout, pleinement !

     

    Je pense que, pour moi, le plus dur est passé.

     

    Je ne sais pas ce que me réserve l'avenir. Il se construira sans doute petit à petit et à mon rythme.

    En ce qui concerne le présent, je fais le choix de profiter à nouveau des miens car ils sont ma seule certitude.

    Mon marathonien, mon musicien et ma danseuse : je ne serai jamais rien sans vous !

     

     


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  •  Petit article rapide pour vous présenter le dossier pédagogique, confectionné au fil des ans (et en évolution constante !) pour accompagner les étudiants et stagiaires qui passent dans ma classe.


    Accueillir un étudiant ou un stagiaire c’est évoquer des sujets divers et variés sur un temps parfois très court.

    C’est aussi échanger autour d'éléments qui semblent évidents au PE en fonction tellement ils font partie de son quotidien. C'est sujets sont pourtant souvent peu, mal ou in-connus des jeunes ou futurs collègues.

    Pour me permettre de répondre facilement à leurs éventuelles questions et leur proposer des supports adaptés, j’ai constitué un dossier pédagogique.

    Il fait près de 60 pages en version complète sur mon ordi mais il est très rare que les jeunes accueillis repartent avec l’ensemble des documents dont je dispose.

    En début de stage, je leur transmets un "kit de départ" contenant :

    -          Une présentation rapide de l’école et de la classe

    -          Quelques éléments-clés sur le fonctionnement général de la classe

    -          Des grilles à compléter afin de guider leur regard lors des temps d’observation

    Si le dossier est aussi fourni sur mon PC, c’est surtout pour que je puisse y piocher rapidement les documents qui pourront venir soutenir la formation du jeune / futur collègue.

    Je peux ainsi facilement constituer un dossier contenant des traces synthétiques de nos échanges.  

    Le dossier s'adapte donc au stage prévu (massé, filé ...), au niveau de l'étudiant (M1, M2, ...), aux sujets abordés lors des entretiens, etc ... afin qu'il puisse regrouper un maximum d'informations vécues et testées.

    Au fil du stage et des échanges, le stagiaire prend des notes (en tous cas j’espère … :-P) mais ce n'est pas toujours évident de tout prendre tant il y a à voir et à vivre dans une salle de classe. De plus, nous abordons des sujets qui peuvent, potentiellement, être des axes de progrès pour lui. Ainsi, pour le lendemain (en cas de stage massé) ou la semaine suivante (si le stage est filé), chacun de nous a du travail :

    - lui doit faire ses préparations en tenant compte de nos discussions

    - moi (en plus de l'accompagner et l'aider dans ses débuts bien sûr), je sélectionne, adapte et prépare les fiches qui pourront lui servir pour la suite du stage et même au-delà.


    Je les ajoute ensuite au dossier relié que je lui ai fourni initialement afin de l’étoffer.


    A la fin du stage, le stagiaire repart ainsi avec un dossier plus complet qui contient des documents porteurs de sens car réellement adaptés à son vécu lors du stage et aux problématiques abordés.

    Je vous présente ci-dessous le détail complet des différents onglets et documents du dossier (tel qu'il est actuellement enregistré sur mon PC).

    Le dossier d'accompagnement de stage

    Le dossier d'accompagnement de stage

    Le dossier d'accompagnement de stage

    Le dossier d'accompagnement de stage

    Ce contenu évolue au fil du temps, des stagiaires et des problématiques soulevées au cours des échanges.

    Pour les collègues qui le souhaitent, voici un PDF du dossier que j'ai mis au point afin que vous puissiez vous en faire une idée plus précise.

    Le dossier d'accompagnement de stage

    Il n'est pas complet car j'ai retiré plusieurs fiches / pages qui contenaient des informations spécifiques à mon école,  à ma pratique de classe ou qui étaient trop lourdes pour pouvoir charger le document sur le blog. :(

    J'espère qu'il pourra malgré cela répondre à vos éventuelles interrogations sur le sujet et pourra vous aider, vous servir ou vous inspirer pour constituer le vôtre.

     


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  • Lors de leur stage d'observation, les stagiaires doivent ... observer ! Mais observer quoi, quand, comment ... ? Pas facile pour eux de savoir sur quoi poser leur regard, leur attention, leur réflexion. J'ai donc réuni dans une une grille les points essentiels pour les guider dans cet exercice.

    Sur le même principe que la grille destinée à l'observation d'une pratique (qui est destinée au MAT), j'ai mis au point une grille d'observation destinée aux stagiaires venant dans ma classe.

    Je la leur transmets en début de stage afin qu'ils puissent disposer de tous les points d'observation possibles.

    Mais tout observer en une seule fois est très compliqué.

    Aussi, nous fixons un thème d'observation (par séance ou demi-journée) pour réduire le champ d'observation et la rendre plus efficace et pertinente.

    J'ai pensé cette fiche comme un "zoom" de l'école vers l'élève. Les thèmes se déclinent donc dans l'ordre suivant :

    - L'école (situation géographique, contexte d'enseignement, public ...). Sur cette page, une case est réservée à la prise de notes des éventuelles questions que le stagiaire pourrait se poser au cours de son stage. Ainsi, nous pourrons échanger sur ces questions lors d'un temps d'entretien.

    - La classe (constitution du groupe-classe, organisation spatiale, ...). Cette fiche propose de grands espaces vides afin de permettre aux étudiants de faire des schémas s'ils le souhaitent.

    - L'enseignant (mise en œuvre des apprentissage, observation sur un temps donné ...)

    - L'élève (observations d'élèves sur un temps donnés, déplacements, ...)

    Fiche d'observation pour les stagiaires

    A ces 4 grands thèmes s'ajoute des tableaux destinés à l'observation d'une séance en particulier.

    Ce sont les mêmes tableaux que ceux utilisés dans la fiche du MAT (mais sans les colonnes 'point d'appuis', 'points à retravailler' et le tableau réservé à la partie 'entretien').

    Lors des stages d'une semaine il n'est pas toujours évident de disposer de suffisamment de temps pour tout observer en détails. Aussi, si je la fournis également à chaque stage, les stagiaires n'utilisent en général ces tableaux que lors des stages de plus d'une semaine.

    Fiche d'observation pour les stagiaires

    Je vous met ce document à disposition ICI

    Il est à imprimer de préférence en mode "livret" sur des pages A3 (en A4 ça marche aussi mais c'est plus petit ;-)).

    Si vous avez des idées d'améliorations, n'hésitez pas à m'en faire part en commentaires. ;-)

     

     

     

     

     


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    Remontée d'un article d'août 2018

    Comme je vous l'ai dit il y a peu de temps, Être prof a lancé une campagne de soutien aux jeunes collègues prenant la forme de kits de survie.

    J'ai eu la chance et le plaisir d'être contactée par leur équipe de rédaction pour rédiger un témoignage relatant les débuts dans la profession.

    Étant donné que j'ai pu découvrir de nombreuses facettes de notre magnifique "profe-pa-ssion", cet article est très long (mais il aurait pu l'être plus encore ! ;-)).

    Je souhaite donc bon courage à celles et ceux qui auront le courage de lire jusqu'au bout et espère qu'ils pourront grâce à lui se faire une idée plus précise des postes qu'ils pourront avoir en début de carrière.

    _______________________

     

    Quand on est enfant et qu’on imagine sa vie d’adulte, tout est toujours rose et merveilleux. Pour ma part, depuis le plus jeune âge j’ai fait part à mes parents que je voulais devenir maitresse d’école. Je pensais alors que la route serait facile et que j’aurais très vite ma propre salle de classe avec des élèves, mes élèves, sages, gentilles et sans difficulté. Mais le principe même d’un rêve est d’échapper au réel et, une fois le CRPE en poche, il faut savoir faire face à cette réalité à laquelle nos désirs n’avaient jamais songés !

    J’ai changé de poste chaque rentrée durant 7 ans avant de pouvoir « enfin » poser mon cartable dans une école, une classe, un niveau. Ainsi, avant d’atteindre le but que je m’étais fixée étant enfant, j’ai d’abord pu goûter durant mes premières années d’enseignement à la réalité du terrain, à des postes divers et variés qui m’ont certes fait peur mais qui ont toujours su m’apprendre énormément.

     

    PES, la différence entre « être » (enseignant) et « avoir » (sa classe)

     

    Lorsque j’ai eu mon concours, je pensais que les portes de l’Education Nationale m’ouvriraient grand les portes d’une école pour pouvoir enfin faire ce que je voulais : enseigner. Mon cursus a déjà quelques années et le système a déjà changé depuis que l’année de PES s’organisait ainsi. J’occupais cette année-là deux postes : deux jours en élémentaire dans une classe de CE2 et un jour dans l’école maternelle voisine en MS-GS. Le vendredi était une journée réservée à de la formation continue. Evidemment, la charge de travail de cette année en particulier mais également des suivantes s’annonçait conséquente. C’est une chose à laquelle il faut très vite se préparer et c’est normal lorsque l’on débute : il faut prendre ses marques, ses repères, préparer la classe … Tout cela demande du temps, de la patience et du travail. Mais le fait d’avoir 3 niveaux de classes à gérer et à préparer n’était pas vraiment stressant comparé au fait que j’étais stagiaire et que j’allais de ce fait être visitée en classe par des formateurs et des conseillers pédagogiques plusieurs fois dans l’année pour espérer être titularisée. C’est aussi ce qui attend les PES actuellement et je sais combien ce n’est pas facile, surtout en début de carrière, d’accepter d’être observé, analysé, jugé et également souvent critiqué. Il faut se dire que la critique n’est jamais négative.

    "N’oublions pas qu’être PES c’est être encore « en formation »."

    La critique permet donc d’apprendre et est toujours constructive. Il faut alors faire un gros travail sur soi pour l’accepter comme telle. Ainsi j’avais non pas une classe mais deux classes. Cependant, ces classes n’étaient pas les miennes. Elles étaient celles des titulaires, les directrices que je déchargeais. Elles ont été toutes les deux vraiment à l’écoute et m’avaient laissé « carte blanche » pour enseigner les disciplines qu’elles m’avaient confiées dans leur classe. En effet, quand on est en poste seulement quelques jours dans la semaine, il est évidemment impossible de tout enseigner. Dans ces cas-là, le plus souvent, la titulaire de la classe confie à son ou sa binôme des domaines des programmes à gérer de son côté. C’est ce qui a été le cas pour moi. J’étais tellement heureuse d’être maîtresse que je n’ai même pas réfléchi aux disciplines qui seraient les miennes et j’ai accepté tout ce qu’on m’a proposé sans discuter car après tout, si j’avais été l’unique maîtresse de la classe, j’aurais bien dû tout faire ! J’ai alors pris le parti de m’investir à fond dans la mission qui m’était confiée en me disant que cela me resservirait un jour. Même si je n’avais pas ma propre classe et que je ne pouvais pas l’organiser comme je l’entendais, j’ai eu la chance cette année-là d’avoir enfin des élèves. Et quels élèves ! Les premiers ! Ils valent tout l’or du monde.

     

    Les compléments de temps partiels

     

    Si l’année de PES ne permet pas de réaliser pleinement son rêve d’enfant, ce qu’elle fait vivre sur le terrain permet en revanche de former à une autre possibilité de poste possible dans les premières années de titularisation : les décharges de direction et les compléments de temps partiels. J’ai aussi pu goûter à ces postes que l’on n’envisage pas du tout en début de carrière. En tous cas, je ne les envisageais pas personnellement. L’année où je complétais des temps partiels, j’ai pu enseigner à tous les niveaux de classe de la PS au CM1 ! Maintenant, avec le recul, je peux dire que la charge de travail n’était pas plus conséquente que si j’avais eu ma classe à moi sur une année entière. Mais quand on débute, devoir chaque jour changer d’école, de niveaux d’élèves, de disciplines … ça fait très peur ! On se dit qu’on n’y arrivera jamais, qu’on ne retiendra sans doute pas le nom de tous les élèves, qu’on ne tiendra pas le choc. J’ai rencontré de nombreux collègues durant cette année de compléments. Ils m’ont tous gentiment accueillie et aidée. J’ai aussi eu la chance de découvrir des écoles et des fonctionnements différents qui m’ont servi plus tard pour penser mon enseignement et ma classe. Oui ce n’était pas tous les jours facile d’arriver le matin et de découvrir que je ne pouvais pas mener ce que j’avais prévu car il y avait eu la veille des imprévus dont je n’avais pas été informée. Mais ce n’était finalement jamais rien de grave. Dans ces cas-là, je faisais deux choses : je respirais un bon coup, je regardais mon cahier-journal, je modifiais l’ordre des activités de la journée afin de m’offrir du temps pour réorganiser la partie qui demandait des changements. Comme dit la « grenouille calme et attentive » de la méthode de méditation :

    "La respiration, on l’a toujours sur soi et on peut l’utiliser pour faire face à ce qui ne va pas."

    Si cette méthode fonctionne sur des enfants, sur des enseignants débutants, cela devrait aller aussi ! J’ai dû respirer profondément plusieurs fois à mes débuts et surtout à la réception de mes postes.

     

    Nommée le lendemain de la rentrée

     

    A la rentrée de mon année de T1, je n’avais pas obtenu de postes et avait été placée en tant que ZIL en attendant le mouvement du jour de la rentrée et en espérant y obtenir quelque chose. J’étais donc en classe ce jour-là pour décharger une directrice quand mon téléphone a sonné pour me dire que j’avais obtenu un poste : une ouverture de classe en CE2 après comptage par l’IEN le matin même. Je devais alors m’y rendre avant 17h pour rencontrer l’équipe et prendre fonction dès le lendemain en classe. Il était 15h30, l’école terminait à 16h00 et j’avais 40 minutes de route … Je raccroche. Je respire profondément (encore). Je reprends le fil de la classe. La cloche sonne. Je renvoie les élèves. Je pars. On verra le reste plus tard. J’ai ainsi obtenu ma première classe rien qu’à moi. C’était une ouverture de classe et j’ai donc eu pour salle de classe une pièce qui était normalement réservée à l’art plastique. Je ne disposais pas de beaucoup de rangements libres pour mes affaires car un mur entier était occupé par des armoires remplis de peinture, de pinceaux … mais ce n’était rien. J’avais ma classe rien qu’à moi. Les soirées des premières semaines ont été chargées car j’ai passé beaucoup de temps à mettre sur pieds programmations, progressions et autres joyeusetés administratives et professionnelles que l’ont fait en général durant l’été. Sauf que pour le coup, l’été était fini et j’avais classe tous les jours. Je devais assurer un enseignement digne de ce nom, d’autant que je ne voulais pas me planter : j’avais enfin ma classe ! Je ne pouvais décemment pas anéantir mon rêve alors que j’étais si proche du but ! Là encore, j’ai pu compter sur des collègues au top qui m’ont bien épaulée, qui m’ont guidée, qui m’ont donné des supports et des conseils qui me servent encore aujourd’hui. Je les remercie de m’avoir ouvert si grands les bras et de m’avoir proposé leur aide car, comme toute jeune enseignante, je n’ai pas osé aller de moi-même leur demander cette aide qui m’a pourtant été si précieuse. Ce sont eux qui ont fait le premier pas, dès mon arrivée, ce jour de rentrée scolaire, à 16h45. Voilà donc un conseil qui devrait servir à chaque jeune enseignant :

    "N’hésitez pas à demander de l’aide à vos collègues"

    Si vous n’en avez pas comme ce fut le cas pour moi l’année où j’étais chargée d’école maternelle, à votre hiérarchie. Ils ne vous mangeront pas et, contrairement à ce que je pouvais croire à ce moment-là, ils vous comprendront aisément pour la simple et bonne raison que ce que vous vivez, ils l’ont certainement vécu aussi. S’ils sont jeunes et débutants, comme vous, alors ils vous comprendront parce qu’ils vivent la même chose et comme deux têtes valent mieux qu’une, vous pourrez vous aider mutuellement. S’ils sont expérimentés, ils pourront vous partager des informations, vous conseiller, vous guider… certes pas en direct dans la classe, mais en amont, ils pourront être sans aucun doute une épaule d’appui solide. Sans les collègues, il est parfois difficile et même impossible de surmonter certains postes.

     

    La SEGPA : plus formateur qu’une formation

     

    Là où l’importance de partager avec les collègues a pris tout son sens fut durant mon année passée en SEGPA. J’ai obtenu ce poste au 3 ème mouvement, la veille de la rentrée. J’ai téléphoné pour connaître mon affectation et on m’a répondu : « Vous êtes assise ? Non ? Asseyez-vous alors. Vous étiez la dernière de la liste à passer au mouvement. Vous avez obtenu un poste en SEGPA … à environ 1h de route de chez vous. ». Si jusqu’alors j’avais toujours eu la chance de travailler dans des villes étant à une quarantaine de minutes de route de chez moi maximum, cette année-là il a fallu s’adapter à cette nouvelle donnée. Mais ce n’est pas la distance qui m’a le plus effrayée en raccrochant. Je me répétais sans cesse : « en SEGPA ? … en SEGPA !! … Mais c’est au collège ça. Ce n’est pas pour moi. Il y a erreur. ». En effet, à aucun moment de ma formation, l’éventualité de travailler en SEGPA ne m’avait été présentée. Je ne savais à ce moment-là pas du tout que je pouvais m’y retrouver. J’ai alors fouillé sur internet pour comprendre ce qu’était véritablement une SEGPA avant de téléphoner à mon établissement pour prendre mon poste. Je peux l’avouer aujourd’hui : toutes ces étapes de questionnements et de recherches ce sont faites dans les pleurs, les larmes et les sanglots. Je ne savais pas ce qui allait m’attendre. Je savais juste que c’était loin de chez moi et dans un univers scolaire que je ne connaissais absolument pas. J’ai donc finalement téléphoné au collège en question et m’y suis rendue dès le lendemain … toujours en pleurant ! Une fois sur place, j’ai été accueilli par le directeur de la SEGPA et les collègues, tous expérimentés, qui avaient, comme moi, tous hérités à leur début d’un poste en SEGPA sans le vouloir mais qui ne l’avait finalement jamais quitté. Je me suis alors dit « Si autant de personnes restent de leur plein gré, c’est que ce doit être intéressant. ». Et là, ils ont tous vu avec moi pour aménager mon emploi du temps afin de simplifier au maximum mes allers et venues, ils m’ont tous présenté leur façon de travailler, ils m’ont fait un topo sur les 13 élèves que j’allais accueillir… Bref, ils ont tout fait pour rendre cette prise de fonction plus simple que je ne le pensais. Cette rentrée qui s’annonçait cauchemardesque est finalement devenue une des meilleures de toute ma carrière, pleine de partage, d’échanges et de bonne humeur. La SEGPA, personne n’y est formé avant d’y être posté. C’est un fonctionnement très différent de ce que l’on connait à l’élémentaire et c’est devenu, pour moi, la base de tout mon enseignement. L’année que j’ai passé en SEGPA m’a appris mille fois plus que toutes les formations auxquelles j’ai pu assister. C’est la SEGPA qui me sert de base dans toutes mes réflexions pédagogiques. Si vous êtes nommé.e en SEGPA, je peux vous assurer d’une chose : vous pleurerez certainement en y allant, comme moi, mais vous pleurerez aussi en la quittant, comme moi. Car en effet, si aujourd’hui je ne travaille plus en SEGPA, ce n’est pas parce que cette expérience m’a déplu. C’est uniquement à cause de la distance. S’il y avait eu l’année suivante des postes libres en SEGPA, près de chez moi, j’y aurai postulé sans aucun doute. Ce ne fut pas le cas. Mais il m’était nécessaire de me rapprocher de mon domicile afin de me préparer au mieux à devenir maman.

    "Il faut savoir aussi une chose quand on débute : il est nécessaire et vital d’apprendre très vite à se préserver."

    Préserver sa vie personnelle et ne pas en faire trop au risque de perdre complètement pied et de ne vivre plus que le travail. C’est ce qu’il m’a fallu faire également et ce n’était pas chose aisée. Cela ne l’est toujours pas d’ailleurs par moment. Même si rien n’a pas été facile au démarrage, si les postes passaient et en se ressemblaient pas, j’ai à chaque fois trouvé dans les différentes classes un invariable important : les élèves. De la PES à la titularisation, des compléments à la ZIL, de la SEGPA à la direction d’école, j’ai pu exercer sur de nombreux postes différents au cours de mes débuts dans l’enseignement. Si tous ces changements et toutes ces adaptations ont été durs pour moi, cela aurait été encore plus difficile pour les élèves de devoir « subir » une enseignante qui ne voulait pas être là et qui ne faisait pas d’efforts pour accepter la situation. A chaque déception, c’est eux qui me motivaient à rester fidèle au poste et à aller de l’avant : « Ils n’y sont pour rien. Ils ont le droit d’avoir une maîtresse efficace. Alors bouge-toi ! ». Tous ces postes n’étaient pas du tout ceux dont j’avais rêvé petite. Jamais même je ne m’y étais imaginé pour la simple et bonne raison que je n’avais jamais entendu parler de certains d’entre eux. Et pourtant, il a bien fallu faire avec. Accepter est dur. J’en sais quelque chose. Mais c’est un passage inévitable si l’on veut pourvoir tirer bénéfice de chaque instant. Tous ces postes ont été très différents les uns des autres mais chacun a eu un effet sur l’autre. Chacun d’entre eux a pu me donner des clés pour avancer et surmonter les autres. Chaque année, chaque mois, chaque semaine, chaque jour, chaque heure et chaque seconde nous donnent de l’expérience. Chaque année, chaque mois, chaque semaine, chaque jour, chaque heure et chaque seconde nous permettent de faire un pas de plus vers l’objectif que chacun de nous se fixe. Et cet objectif je l’ai atteint et vous l’atteindrez aussi. Peut-être pas demain, non. Sans doute pas même. Mais un jour, il sera là, entre vos mains.

    Une école … Votre école.

    Une classe … Votre classe.

    Des élèves … Vos élèves.

    Tous très différents de ce que j’imaginais … de ce que vous imaginiez.

    Des élèves tous très différents les uns des autres également.

    Comme disait Nelson Mandela :

    « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends. »

    Voilà, selon moi, quelle devrait être la devise de tout jeune enseignant. Certes, les postes qui vous sont ou vous seront attribués ne vous vendront pas toujours du rêve sur le papier. Certes ils vous feront peur et vous feront même pleurer parfois. Malgré tout, chacun d’eux saura vous faire avancer, progresser et devenir un meilleur enseignant et un professeur compétent.

    N’était-ce pas là votre rêve d’enfant finalement ?


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